Sociologie des médias cas
Dissertation : Sociologie des médias cas. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alexandra Frm • 12 Mai 2016 • Dissertation • 2 664 Mots (11 Pages) • 1 065 Vues
Journaliste et enseignant, Jean-Paul Marthoz s’est forgé grâce à son expérience une solide conception du journalisme mais aussi du journaliste lui-même, qu’il accuse de s’être perdu notamment à travers son essai Le journalisme en quête de repères aux Etats-Unis. On peut d’ailleurs y lire : « Les journalistes ont abdiqué, sans suffisamment guerroyer, leur rôle de chien de garde chargé, comme les y enjoint la constitution de protéger les citoyens contre les mensonges et les abus du pouvoir. Ils se sont laissés dépouiller de leur fonction essentielle qui est de définir l’information, de discerner dans le fatras des faits du jour ce qui est important et ce qui est exacte. Ils ont abandonné à d’autre, à ceux qu’ils devraient contrôler, le pouvoir de déterminer non seulement l’agenda et la hiérarchie de l’information, mais bien plus gravement encore les événements qu’il importe de couvrir et de traiter ». Le raisonnement de Jean-Paul Marthoz nous amène à nous demander comment les journalistes ont pu se laisser dérober leur rôle premier qui est de définir l’information, en vérifier la source et en informer les citoyens en toute objectivité ? En ce sens, nous verrons que les journalistes ont se sont laissé dérober de leur rôle de défenseur de l’information, puis nous verrons comment ils contrôlent et manipulent l’information. Enfin, nous verrons que les journalistes ont abandonnés aux corporations le contrôle des médias se laissant ainsi dépouiller de tout pouvoir sur l’information.
« Les journalistes ont abdiqué... leur rôle de chien de garde chargé... de protéger les citoyens contre les mensonges et les abus du pouvoir. ». Jean-Paul Marthoz ne se trompe pas quand il avance ces propos. Le rôle premier du journaliste est de diffuser l’information mais comment protéger les citoyens du mensonge et des abus de pouvoir quand nous savons que l’information est soumise à cinq filtres avant d’être livrée au public ? Dans un premier temps, l’information sera orientée en fonction du média par lequel elle est diffusée et donc de son propriétaire. Ensuite, il faut savoir que les médias puisent leurs source de revenus chez les annonceurs. Il existe donc une sorte d’interdépendance entre les annonceurs et les médias ce qui peut empêcher une totale liberté dans la diffusion de l’information. Puis, la relation influente qui existe entre les médias et les relations publiques à commencer par les attachés de presse influence l’information. Les médias sont également envahis par un groupe d’intellectuels omniprésents, ce manque de diversité nuit à nouveau à la véracité de l’information. Enfin, l’hostilité des médias envers ceux souhaitant bousculer l’ordre établi nuit à l’information. Généralement, les nouvelles provenant des mouvements de gauche sont diffusées en utilisant un angle très négatif ou reléguées aux oubliettes. À ces cinq filtres s’ajoutent ce qu’on appel la « chasse à l’audimat ». L’économie générale des médias se trouve profondément modifiée depuis l’arrivée des télévisions privées dirigées par des grands groupes industriels extérieurs à la communication. Pour ces groupes l’information constitue une denrée vendable donc consommable au même type que n’importe quel produit. Ainsi, le soucis premier des médias n’est donc pas, comme cela devrait être le cas, d’informer son public. Avant tout, il faut que le média soit rentable à son propriétaire. Et pour cela, il faut parler de ce qui fait vendre le plus : le sexe, le sang, l’argent et le sport
au risque de se répéter encore et encore. Ces filtres appliqués à l’information avant même que son traitement ne soit confié aux journalistes ne nous protègent aucunement, nous citoyens, contre les mensonges, bidonnages, et autres abus de pouvoir... loin de là.
Si l’information est soumise aux filtres mentionnés précédemment, l’information qui sortira de la plume du journaliste sera donc des plus subjectives. Il ne faut pas oublier qu’avant de couvrir un événement, un journaliste possède déjà sa propre opinion dérogeant ainsi à toute objectivité. Pourtant, l’objectivité est l’essence même du journaliste. Son rôle est de rapporter des faits, des rumeurs, des opinions, d’en vérifier la véracitéavant de les rapporter aux citoyens. Pourtant, les journalistes ne sont plus objectifs. D’ailleurs, dans les années 90, la Society of professionnel journalists américaine a éliminé le concept d’objectivité de son code d’éthique. Pour se justifier, celle-ci a avancer l’idée que les journalistes n’étaient plus capable d’être objectif et que le public lui-même ne s’attendait pas à cette objectivité. Ainsi, il n’est pas rare de voir des reportages teintés de l’opinion du journaliste.
Le principe d’objectivité éliminé, il est facile d’imaginer les pires dérives. Ainsi, place au mensonge journalistique. Sans objectivité, comment savoir si l’information qui est rapportée est vrai ? Ainsi, la véracité des faits rapportés n’est plus ce qui compte. Ce qui compte, c’est le scoop. Peu importe le fond tant que le scoop apportera audimat et gloire au média qui le publie et surtout, au journaliste qui a relayé l’information. En effet, les journalistes disposent de nos jours d’une grande visibilité et peuvent même devenir des « stars » dans leur domaine. Une véritable « compétition » s’opèrent entre journalistes où chaque événement, chaque sujet traité est un moyen de plus pour eux de se démarquer des autres. À partir de là, c’est l’information qui est en danger. Les journalistes ont oublié leur rôle premier, la noblesse de leur métier pour s’adonner à des lubies de gloire. D’ailleurs, il n’est pas rare que les journalistes passent par des moyens malhonnêtes pour arriver à leurs fins comme prendre un détail anodin et en faire quelque dérangeant en le déformant et en le grossissant. Ainsi, les journalistes ne sont plus au service de l’information mais servent leur propre intérêt ainsi que celui de l’employeur.
C’est ainsi que les journalistes contrôlent et manipulent l’information. Les journalistes décident de ce qui mérite d’être portée ou non à la connaissance du public. Il est facile pour les médias de manipuler l’information en reléguant des informations importantes au second rang ou voir, en omettant de les diffuser. Mais, ceux qui tiennent les ficelles du jeux médiatiques ne sont pas les journalistes mais les grands groupes auxquels ils appartiennent. D’ailleurs, prenons l’exemple du groupe Bouygues. Le 27 mai 2008, l’ASN a relevé des anomalies dans le ferraillage béton sur un chantier qui a été confié au groupe Bouygue. L’information a été relayée par les médias mais aucunement dans
...