Comment le cinéma, par ses caractéristiques bien particulières, constitue un média puissant?
Dissertation : Comment le cinéma, par ses caractéristiques bien particulières, constitue un média puissant?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hellen Jansen • 7 Mars 2017 • Dissertation • 1 140 Mots (5 Pages) • 866 Vues
La mise au point du cinématographe par les frères Lumières à la fin du XIXe siècle témoigne de la fascination des hommes pour l’image animée, comme nous pouvons le constater à travers l’affiche de 1896 promouvant l’invention. On y voit des spectateurs de la Belle Epoque devant une projection de L’Arroseur arrosé. De même l’article de Roland Barthes, intitulé « En sortant du cinéma » et paru dans Communications en 1975, rend compte des effets si particuliers du cinéma sur le spectateur un siècle plus tard, tandis qu’en 1985 André Bazin dans Qu’est-ce que le cinéma ? amène une réflexion sur l’impression de réalisme du cinéma.
Tachons de comprendre comment le cinéma, par ses caractéristiques bien particulières, constitue un média puissant.
Nous remarquerons dans un premier temps les effets puissants du cinéma sur le spectateur. En effet, on peut déceler sur l’affiche de 1896 à quel point la séquence en noir et blanc suscite une vive émotion auprès des gens de l’époque. Les yeux rivés sur l’écran, hommes, femmes, enfants, officiers, jeunes ou âgés, semblent amusés, riant aux éclats, et bondissant presque de leur siège en levant les bras. Nous pouvons également nous rendre compte que le public est totalement captivé, absent du moment présent et happé dans un autre espace-temps.
Près d’un siècle après, Roland Barthes décrit à son tour comment une séance de cinéma agit sur son corps en se comparant à « un chat endormi » (l.6) et par le champ lexical du sommeil : « mollement » (l.3), « engourdi, engoncé, frileux » (l.4), « ensommeillé » (l.4), « mou » (l.6), « désarticulé » (l.6), mais aussi sur l’esprit, par le champ lexical du bien-être : « sopitif » (l.5), « doux » (l.5), « paisible » (l.6). L’auteur assimile ces effets à ceux d’une séance d’hypnose. Le spectateur est ainsi comme sorti d’un état de trance qui à l’instar d’une hypno-thérapie, lui apporterait un « guérissement » (l.9). On note l’utilisation du terme « guérissement » et non « guérison », le guérissement aillant une connotation davantage psychique et spirituelle que la guérison par la voie médicale classique.
Par ailleurs, André Bazin en parlant du cinéma, évoque « l’émotion » forte et « de même nature » (l.7) que celle suscitée par l’immédiateté et la présence physique du théâtre.
Le spectateur est donc subjugué par l’image, même hypnotisé, comme dans un rêve réaliste ou face à une pièce de théâtre en temps réel. Mais comment le cinéma parvient-il à créer de tels effets ?
Il est important de comprendre que le pouvoir du cinéma tient nécessairement de son caractère réaliste et de sa capacité à transporter le spectateur vers une autre réalité.
On peut déduire d’après l’affiche de promotion que la configuration du lieu de diffusion pourrait influer sur l’impression de se retrouver au théâtre : face au public installé sur les fauteuils, l’image projetée ressemble à un jeu d’acteurs se déroulant sur une scène de théâtre bordée de rideaux. La pénombre efface le lieu présent pour ne laisser place qu’à ce qui est projeté.
D’après R. Barthes on a donc la sensation en sortant de retrouver à la lumière du monde extérieur une autre réalité, qui après une ou deux heures riches en émotions, parait bien moins prenante : « se retrouvant dans la rue éclairée et un peu vide » (l.2).
Pour A. Bazin l’écran a la réelle capacité de « nous mettre en présence de l’acteur » (l.1) C’est un « miroir » (l.2), et si au cinéma il manque le « témoignage direct » (l.8), l’effet que ce dernier produit est retrouvable grâce à « la proximité artificielle que permet le grossissement de la caméra » (l.9). Autrement dit, le réalisateur a le pouvoir de travailler l’image par le cadrage et autre techniques cinématographiques pour recréer des effets proches de ceux du direct.
Toutefois R. Barthes met en lumière le fait que ce qui donne la force au cinéma n’est pas seulement ce qui se passe durant et après la projection, mais également ce qui la précède.
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