Panneau central de la Maestà de Duccio
Commentaire d'oeuvre : Panneau central de la Maestà de Duccio. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alyhao • 13 Octobre 2020 • Commentaire d'oeuvre • 2 601 Mots (11 Pages) • 558 Vues
Introduction :
Le 9 octobre 1308, Duccio signe un contrat avec le maître d’œuvre de la cathédrale de
Sienne, Jacopo Mariscotti, stipulant qu’il devait se consacrer exclusivement à la commande qui
lui était faite d’un retable pour la cathédrale de Sienne, et ce sans accepter d’autres
engagements, jusqu’à son achèvement. Le contrat ajoutait que cette œuvre devait être peinte de
sa seule main. Ce contrat, conservé dans les archives de Sienne, nous permet de dater de façon
certaine le grand retable (c’est-à-dire le tableau qui orne un autel dans une église) destiné à
l’autel majeur de la cathédrale de Sienne, connu sous le nom de Maestà, qui signifie en français
Vierge en Majesté, sans conteste l’œuvre la plus célèbre de Duccio di Buoninsegna.
Peintre originaire de Sienne, né autour des années 1260, Duccio se serait formé auprès
du célèbre peintre toscan Cimabue (1240-1302), qui selon Vasari « fut en quelque sorte la
cause initiale du renouvellement de la peinture » à la fin du XIIIe siècle, introduisant un plus
grand naturalisme dans le hiératisme des modèles byzantins qui dominaient jusqu’alors en
Italie. Certains historiens prétendent que Duccio fit même un voyage de formation à Byzance
et qu’il se serait peut-être rendu à Rome et à Assise, où le chantier de la Basilique consacrée à
St François voyait à son époque rivaliser les plus grands maîtres de peinture (Giotto di Bondone,
lui aussi élève de Cimabue). Installé comme peintre à Sienne, Duccio devint l’un des peintres
les plus appréciés de sa ville et reçut de nombreuses commandes publiques et privées tout au
long de sa vie.
L’œuvre proposée au commentaire est le panneau central de ce retable. Démantelé en
1711, il mesurait originellement 5 mètres de haut pour 4 mètres de large. Il est aujourd’hui
exposé en fragments séparés, la plupart se trouvant au Museo dell’Opera del Duomo de Sienne,
d’autres en Angleterre, en Espagne, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. Des tentatives de
restitution nous permettent cependant de nous faire une idée de l’œuvre originale. Initialement,
la Maestà était peinte sur ses deux faces : l’une montrant la Vierge en majesté entourée par des
saints et des anges (le panneau qui fait l’objet du commentaire), l’autre face composée de 14
panneaux, représentait la Passion du Christ (c’est-à-dire les épisodes du procès puis de la mort
de Jésus). La prédelle était consacrée au thème de l’enfance du Christ et le couronnement à
des épisodes de la vie de la vierge. Au revers sur la prédelle et le couronnement sont représentés
des scènes de la vie de la Vierge et de la vie du Christ. C’est donc en tant que fragment de ce
tout monumental, en relation avec les autres fragments, qu’il nous faudra commenter cette
œuvre. L’ensemble fut livré par le peintre en 1311 et donna lieu à une procession exceptionnelle
dans toute la ville.
Commande publique aux dimensions sans précédent, confié au peintre le plus célèbre
de la ville et portée en triomphe pour être placée dans le cœur de l’édifice monumental que
voulait être la cathédrale de Sienne : en quoi la Maestà de Duccio est-elle une célébration de la
puissance de la cité siennoise ?
1- Une œuvre de dévotion :
a) Le motif de la Vierge en majesté :
La représentation de la Vierge en majesté est un motif particulièrement prisé par les
artistes italiens du XIIIe et XIVe siècles, ceux que l’on appelle les primitifs. Ce motif représente
généralement la Vierge assise sur un trône, qui tient sur ses genoux l’enfant Jésus. C’est la
raison pour laquelle on dit qu’elle est en majesté. Elle est parfois souvent entourée d’anges.
Quand Duccio s’empare de ce thème, il a d’illustres prédécesseurs et contemporains
- Son prétendu maitre Cimabue
- Giotto di Bondone, son contemporain
Il avait par ailleurs déjà eu l’occasion de traiter lui-même ce thème pour la famille Rucellai v.
1285.
b) Popularité du motif
La popularité de ce motif dans la peinture des Due et Trecento, s’explique la grande
influence à cette époque de la tradition iconographique byzantine, qui a été particulièrement
étudiée par André Chastel dans son livre devenu un grand classique : L’Italie et Byzance (1999).
La place de la Vierge Marie dans le dogme chrétien avait donné lui à de vifs débats dans les
premières années de la chrétienté, jusqu’en 431 où le Concile d’Ephèse avait consacré son statut
de Théotokos, c’est-à-dire de Mère de Dieu. A partir de là, on avait vu se multiplier les icônes
représentant la Vierge Marie. Le rôle des images qu’on appelle icônes dans la tradition des
églises orientales est différent que dans la tradition occidentale : les yants pensent que
l’image est habitée par la divinité, ce qui lui confère le statut
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