L’œuvre d’art a-t-elle pour but, d’après vous, de reproduire fidèlement la réalité ?
Dissertation : L’œuvre d’art a-t-elle pour but, d’après vous, de reproduire fidèlement la réalité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Siroy • 3 Avril 2021 • Dissertation • 5 219 Mots (21 Pages) • 855 Vues
D.M. – HLP
Essai littéraire : L’œuvre d’art a-t-elle pour but, d’après vous, de reproduire fidèlement la réalité ?
I- l’œuvre d’art a pour but la représentation du réel
1) par l’imitation.
est il seulement possible de rendre une imitation du réel ? HEGEL, Esthétique I.
2) par d’autres moyens ?
Par l’expression de la subjectivité
II- mais permet aussi l’expression de la sensibilité.
1) quelle sensibilité ?
Celle d’un artiste par rapport au monde, a des cultures, aux regards
III-
Comme nous l'avions déjà dit, il est courant de dire que les œuvres d'art sont l'expression de la subjectivité des artistes : ils exprimeraient en elles leurs idées, leurs sentiments, leurs passions. L'art serait une forme d'expression.
Or, après avoir compris qu'il est impossible de représenter une chose autrement qu'en exprimant notre rapport à elle, on est venu à soutenir que les œuvres d'art sont l'expression d'un rapport subjectif au monde.
1)
III-
Représenter en art, c'est rendre présent quelque chose qui ne l'est pas, quelque chose d'absent pour nous, avec un "à la place de", avec un substitut, un représentant, un signe donc. C'est rendre présent sous une forme sensible, puisque les œuvres d'art sont des objets sensibles.
Représenter, c'est rendre présent sous la forme d'un objet sensible quelque chose d'objectif, à savoir d'extérieur à nous, que cette chose existe ou non (César ou Jupiter) et qu'elle soit sensible ou non (la personne qu'on aime ou l'amour en tant que tel).
Exprimer, c'est faire connaître par des signes sensibles quelque chose qui n'est pas sensible. Exprimer, c'est mettre dehors, expulser et exposer sous une forme sensible quelque chose qui en tant que tel n'est pas de l'ordre du sensible, comme une idée ou un sentiment. Exemplairement, les mots sont les signes dans lesquels nous exprimons nos pensées, nos idées.
Exprimer, c'est rendre sous une forme sensible quelque chose de subjectif donc qui n'est pas sensible.
q : La représentation pallierait l'absence pour nous de ce qui représenté, l'expression à l'extériorité radicale de ce qui est exprimé avec le sensible.
Si représenter, c'est rendre présent un objet qui n'est pas présent pour nous, alors on ne peut représenter que des êtres et des objets qui composent le monde extérieur ou qui peuvent être figurés sous la forme de ces êtres et objets.
Et, si exprimer, c'est rendre sous une forme sensible ce qui ne l'est pas par nature, alors on peut exprimer les éléments de notre subjectivité : des idées et ce qu'on appelle parfois le monde intérieur, celui des passions, des sentiments et des émotions.
Les œuvres d'art seraient donc ou bien des représentations du monde extérieur ou bien des expressions de ce qui se passe en nous.
A cette question, on donne d'ordinaire une réponse simple : les œuvres d'art représentent ou expriment les choses en les imitant. L'art proposerait une imitation du réel.
Thèse qui semble confirmée par les œuvres d'art elles-mêmes : si elles paraissent représenter le monde tel qu'il nous apparaît, elles ne peuvent donc que le reproduire, l'imiter donc.
Elle semble aussi être confirmée par une expérience assez courante : trouver qu'une œuvre d'art rend bien quelque chose que nous connaissons ou que nous avons vécu. Un portrait rend bien celui qui s'y trouve peint, une scène d'un film décrit avec finesse une situation que l'on a déjà connue, … Bien rendre, n'est-ce pas bien reproduire, bien imiter donc ?
En somme, dire que l'art imite la nature est faux parce que cette imitation est impossible si par imiter, on entend reproduire ce qu'on imite. Par conséquent, imiter, c'est ne reproduire que les apparences. Mais à s'en tenir là, on ne peut donner l'impression de représenter ou de rendre le réel. L'imitation ne permet donc pas de représenter la nature de manière vivante.
Il dit précisément que si l'œuvre d'art ne va pas au-delà de la simple imitation des apparences, elle ne donnera pas l'impression d'une réalité vivante. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'on ne représente pas la nature en reproduisant ses apparences. Pour représenter la nature ou la vie, il ne faut pas s'en tenir aux apparences sensibles, il faut aller au-delà d'elles, voire contre elles ! Quel paradoxe !*
Le marcheur de Giacometi a ses deux talons au sol et toutefois il donne bien l'impression de marcher, certains bustes de Rodin sans tête, ni bras ni jambes semblent exploser de joie, bras et jambes tendus…, des chevaux peint par Gericault sont totalement déformés mais par ces déformations, ils donnent une impression de vitesse, le David de Michel Ange a des proportions qui n'ont rien à voir avec la réalité physique des hommes, mais sans que cela suggère qu'il est difforme ou monstrueux ou, dans le même ordre d'idée, Platon reprochait aux bas reliefs des frontons de représenter les hommes de manière déformée, afin de corriger les déformations liées à la perspective en contre plongée des spectateurs au pied de l'édifice. Dans ces deux derniers exemples, c'est bien non pas les apparences des choses elles-mêmes qui sont rendues, mais les apparences pour ceux qui les voient.
A l'inverse, les répliques à l'identique en cire du musée Grévin font fausses, figées, mortes, voire ne sont pas du tout ressemblantes ! C'est le même paradoxe, mais dans l'autre sens cette fois : une imitation fidèle des apparences ne ressemble pas bien à la chose imitée.
Le mot apparence est un mot ambigu dans la mesure où les apparences sont liées à la fois aux objets et aux sujets : elles sont ce qui apparaît d'une chose à quelqu'un. Les apparences sont celles d'une chose pour quelqu'un. Or, ces deux versants des apparences peuvent être partiellement séparés.
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