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Cratère de Pronomos

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Par   •  19 Novembre 2017  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 738 Mots (11 Pages)  •  3 654 Vues

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Cratère de Pronomos

Introduction

Dans le registre des vases complexes, le cratère de Pronomos est l’un des exemples majeurs de la subjectivité des interprétations contemporaines. Ce cratère à volutes attique à figures rouges, découvert en 1835 en parfaite condition à Ruvo (Pouilles, Italie) dans une nécropole qui contenaient d’autres objets du VI au IV siècle av JC, est encore sujet à beaucoup d’interprétations. Il est peint entre vers de 410 av JC, à un moment essentiel dans l’histoire de la tragédie grecque et à un moment culminant de développement culturel et artistique à Athènes.

Sur une surface de 0,75 cm de hauteur en une unique scène à deux niveaux et sur ses deux faces se développe une série de plusieurs personnages dans une temporalité et un espace distant. La thématique choisie est celle de « derrière la scène » suite à la fin des représentations théâtrales. Parmi les personnages, on retrouve le couple divin de Dionysos et Ariane, des personnages historiques comme Pronomos ou Démétrios ; et d’autres personnages liés à Dionysos et au monde du théâtre tels que les acteurs et les satyres. Dès le commencement du V siècle, le répertoire des vases athéniens se renouvelle par l’introduction de thèmes tout à fait nouveaux. C’est une innovation de l’iconographie du culte dionysiaque, au culte lié au théâtre, à la tragicomédie mais aussi au vin et aux festivités, dont les personnages sont les instruments servant à établir un lien entre le monde réel, celui du théâtre et le monde du divin. Représenter un drame satyrique (ou l’après scène dans ce cas précis) se rapporte aussi à une question au-delà du culte de Dionysos : la personne qui voit l’image a dû voir la scène théâtrale au préalable pour la comprendre. Ainsi, les nombreux détails, interactions et singularité du cratère nous obligent à voir au-delà de la simple représentation d’après scène et de l’information qu’il apporte sur le théâtre grec de l’époque.

Le cratère de Pronomos pose donc la question suivante : comment l’image complexe du cratère est-elle utilisée comme marqueur de transition entre différents degrés de réalité ? Pour commencer, il s’agit d’analyser le choix de la tragédie grecque dans l’iconographie du banquet et la disposition des images, ensuite, on verra les singularités de celles-ci pour terminer avec les interactions entre les personnages et la relation avec le culte dyonisiaque.

I-Le choix de la tragédie grecque

La scène principale est organisée sur deux niveaux qui se complètent l’un à l’autre. Sur la face A, on compte un total de 21 personnages avec comme personnages clefs le couple divin de Dyonisius/Arianne, Himéros (le désir), Pronomos, Démétrios, Charinos et le satyre dansant et autour desquels se déploient 14 acteurs portant leurs masques à la main, certains encore habillés avec leurs costumes de théâtre comme la femme (qui est en fait un homme) et l’Héraclès et d’autres en costumes de satyres. La Face B quant à elle représente une image plus courante d’une transe dionysiaque. On y retrouve Dionysos soutenu par une ménade et entouré de satyres, ménades et d’un guépard.

Dans l’axe central du vase de la face A et sous Dionysos est assis le joueur d’aulos avec son nom inscrit, Pronomos, à qui on doit également le nom du cratère. Il s’agit d’un célèbre musicien thébain dont l’existence est historiquement attestée. Il est représenté en jouant l’aulos mais assis. Cela peut attirer l’attention car l’aulos est un instrument très compliqué, de là la reconnaissance de la dextérité du musicien, mais il doit se jouer debout, le seul cas ou le joueur est assis est pour la répétition. Sa position assise, mis en valeur comme les dieux, peut-être une demande du commanditaire en titre de commémoration de l’aulète. C’est un instrument que l’on retrouve dans énormément de vases liés au banquet et aux festivités. On retrouve des exemples de satyres ou même de Dionysos y jouant. Le poète Démétrios (dont il s’agit de la seule représentation connue), est assis avec à ses côtés une lyre, possible lien avec la commémoration de la victoire de la pièce dans les fêtes de Dionysos. Le personnage à côté de Pronomos est un choreute (membre d’un chœur) qui est également nommé.

Ce que le peintre représente sur la face A n’est pas le spectacle vu au théâtre, mais la troupe au complet, comme un générique suite à une victoire. Il se pose là une question intéressante sur le choix de l’image par le peintre et le commanditaire. Ce cratère est placé au centre d’un symposion et aura par la suite une fonction funéraire. Trouvé en Italie, le choix de ce type de représentation nous donne deux indices :

A- La tragédie est familière pour les grecs et les commanditaires de la péninsule italique, celle-ci étant le fil conducteur de plusieurs récits mythologique

B- Les personnes qui voyaient les représentations sur les vases avaient au préalable vu les scènes en direct.

Mais comment différencier une œuvre d’une autre ? Cette question ne se pose pas pour le spectateur du cratère. Ils savaient bien qu’elle avait été la pièce de Démétrios qui avait gagné au concours lors des fêtes de Dionysos. On représentait au théâtre trois œuvres de suite : trois tragédies et une comédie satirique, généralement une scène incluant des satyres et le cratère de Pronomos illustre le moment postérieur à la représentation. Si nous pouvons discerner ce moment c’est grâce à la présence des protagonistes de la scène tragique, le roi, la reine et Héraclès avec le chœur de satyres. Il faut ajouter que lors du banquet, l’imagerie joue un rôle important car elle intervient comme vecteurs d’images. L’expérimentation du banquet (pour ne pas dire l’ivresse) de fait conduit à une évasion de l’identité et qui aboutit, dans l’imaginaire attique, à la mise en scène des satyres et des illusions, dans ce cas, de l’illusion théâtrale : Le monde des hommes trouve son parallèle dans l’univers des satyres et les peintres vont jouer à les opposer ou à les associer de façons diverses. Le théâtre peut se définir comme un art qui consiste à créer l’illusion de la réalité, par le biais de l’artifice : décors, costumes, masques… Il est une apparence, une représentation du réel. Acteurs et personnages ne sont donc pas la même chose, le même individu.

II- Les singularités de l’image

- On retrouve à Athènes trois principales festivités théâtrale, la plus importante étant la grande

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