Analyse du film: L'Etrange Affaire Angélica réalisé par Manoel de Oliveira

Le passage du film que nous avons à analyser est extrait de « L'étrange affaire Angélica » réalisé par Manoel de Oliveira et sorti en 2010. Il relate l'histoire d'Isaac, un jeune photographe juif. Il est engagé un soir par une riche famille catholique afin qu'il photographie la défunte Angélica sur son lit de mort. A l'instant où il tente de prendre la photo, il voit Angélica bouger et lui sourire. Intrigué, il revoit plusieurs fois la jeune fille s'animer sur ses clichés développés et finit par en tomber amoureux au point qu'elle hante ses rêves. Il sombre alors dans une profonde mélancolie qui causera sa mort. Notre étude porte sur l'une des dernières séquences du film, de 1h19m32s à 1h21m56s.

La séquence s'ouvre sur un travelling horizontal suivant Isaac qui se précipite hors de son immeuble. Juste avant, il apprenait la mort de l'oiseau de la logeuse, qui fut un déclic pour lui car cet oiseau représentait Angélica, et la liberté de s'envoler avec elle comme il l'a fait dans son rêve quelques nuits auparavant. Isaac poursuit un but jusqu'ici encore flou pour le spectateur, cependant, nous savons qu'il

est déterminé car il ne se préoccupe ni des passants, lorsqu'il bouscule la jeune femme, il ne se retourne même pas et ne s'excuse pas, ni de la distance à parcourir, il court sans s'arrêter et à une allure très rapide que l'on pourrait comparer aux voitures qui passent à côté. Ici, plusieurs travellings se succèdent, les trois premiers rappelant l'époque à laquelle se déroule le film. Rares sont les fois où l'on retrouve Isaac en présence d'éléments « modernes ».

Depuis le début du film, les cadres utilisés par Manoel de Oliveira sont généralement fixes. Cependant, la « course » représentée dans cette scène est filmée avec une caméra en mouvement qui suit le personnage d'Isaac. Rythmée par une musique classique, certes, mais qui donne tout de même une intensité à la séquence, associée aux mouvements de caméra assez peu utilisés jusqu'ici. Manoel de Oliveira utilise majoritairement des plans d'ensemble, montrant Isaac et son environnement, jouant avec les éléments du décors tels que la statue pointant du doigt la direction d'Isaac et son allure comparée à celle d'une voiture, comparaison accentuée lorsqu'il arrive près du cimetière et que le mendiant

n'arrive pas à le suivre, même du regard.

Durant cette séquence, seuls trois plans fixes sont utilisés, premièrement celui où Isaac arrive à la grille du cimetière qui est d'ailleurs le seul plan rapproché (plan taille). Le spectateur comprend alors clairement que, Isaac est à la recherche d'Angélica lorsqu'il hurle désespérément son nom. Ce plan fait le lien entre lui et la photographie d'Angélica, qui a un cadrage fixe mais qui prend vie uniquement par ses mouvements.

Cependant, Isaac se rend compte qu'il ne parviendra pas à rejoindre Angélica ainsi et reprend donc sa course, qui est cette fois-ci illustrée par deux plans fixes d'affilée.

On retrouve une rupture lorsqu'il croise deux bonnes femmes dans une ruelle, la musique s'arrête et laisse place à un dialogue entre elles. Encore une

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