Analyse de l'œuvre de Thomas Couture Romains de la décadence
Commentaire d'oeuvre : Analyse de l'œuvre de Thomas Couture Romains de la décadence. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar evcook • 13 Avril 2022 • Commentaire d'oeuvre • 3 317 Mots (14 Pages) • 632 Vues
Analyse de l'œuvre de Thomas Couture Romains de la décadence
Thomas Couture, dans le troisième quart du XIXe siècle, réalise Les Romains de la
décadence, une huile sur toile qu'il présente au Salon de 1847. Couture utilise des thèmes de
l'antiquité gréco-romaine, des maîtres de la Renaissance et de l'école flamande pour créer un
tableau allégorique. Se référant aux écrits de Juvénal, il illustre que les actions décadentes des
Romains du passé ne sont pas si différentes des comportements de la société française pendant la
monarchie de Juillet au XIXe siècle.
Trois ans ont été nécessaires pour l'achèvement de cette peinture,1 dont les grandes
dimensions témoignent des "hautes ambitions artistiques" de Couture.2 L'œuvre a une hauteur de
quatre cent vingt centimètres et une longueur de sept cent soixante-douze centimètres. Par
conséquent, les personnages de ce tableau sont tous à moitié grandeur nature. Avant son
achèvement, l'État a acheté l'œuvre le 25 juin 1846, pour un prix de douze mille francs. Couture
connut un grand succès avec ce tableau, recevant la médaille du premier prix au Salon de 1847 et
une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1855. Les Romains de la décadence est
aujourd'hui conservé au musée d'Orsay, avant quoi il avait été abrité à la fois au musée du
Luxembourg et au musée du Louvre.
Pour Couture, cependant, son succès n'a pas duré longtemps. Cette pièce, comme une
grande partie de son œuvre, reflète la tension entre son désir de formes d'art traditionnelles et son
“anxiété d'être moderne.”3 La question qui se pose alors est la suivante : comment Couture,
formé dans les ateliers de Gros et de Delaroche, a-t-il pu concilier son style de peinture
traditionnel avec un style qui a évolué en fonction des changements d'opinions artistiques et
politiques de son époque ?
Pour répondre à cette question, nous commencerons par une analyse détaillée de l'œuvre ;
son iconographie, ainsi que ses qualités plastiques, feront l'objet d'une investigation formelle.
Enfin, le tableau sera situé dans un contexte artistico-politique plus large.
3 Albert BOIME, “Thomas Couture and the Evolution of Painting in Nineteenth-Century France.” The Art Bulletin 51, n. 1
(1969): 48–56. https://doi.org/10.2307/3048586.
2
Ibid.
1 MUSÉE D’ORSAY, Romains de la Décadence, Romains de la Decadence - Thomas Couture,
“https://www.musee-orsay.fr/fr/oeuvres/romains-de-la-decadence-9493”, [Consulté le 23/10/2021].
1
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Nous procéderons d'abord à une étude du sujet, de l'iconographie et des techniques
mobilisées au sein de ce tableau.
Le sujet de cette peinture est inspiré des vers d'un poète romain, Juvénal : “Plus cruel que
la guerre, le vice s’est abattu sur Rome et venge l’univers vaincu.”4 Ces deux vers, cités par
Couture lui-même dans le livret du Salon de 1847, soulignent les thèmes de la dépravation
morale et de la vanité présents dans le tableau. Les hommes et les femmes romains illustrent le
côté débauché du comportement humain ; certains sujets continuent à boire et à danser, tandis
que d'autres semblent désabusés et épuisés après une nuit de fête. L'utilisation de sujets romains
antiques situe fermement l'œuvre de Couture dans le genre historique. Il s'inspire de tableaux de
la Renaissance qui représentent des bacchanales. Le thème du tableau n'est donc pas original en
soi. Cependant, Couture n'utilise pas ce thème pour raconter un récit historique, mais les images
de l'Antiquité communiquent plutôt les pensées de Couture sur la société française
contemporaine. Tentant de rivaliser avec l'art national héroïque de David, Gros et Géricault,
Couture marie une multitude de styles différents. Cet "éclectisme" fait référence au style "juste
milieu" qui s'efforçait de "concilier les tendances avant-gardistes et conservatrices."5
L’iconographie mobilisée est dynamique et symbolique. La scène elle-même est située
dans le vestibule d'une grande salle corinthienne. Les structures évoquées s'inspirent de l'œuvre
de Paolo Veronese dans son tableau Les Noces de Canaan. Entre les colonnes, des statues
d'anciens républicains romains regardent les fêtards en dessous d'elles. La statue la plus centrale
est celle de Germanicus ; les critiques ont identifié un Brutus, un Caton et un Sénèque dans les
autres niches.6 Le ciel, rosé et teinté des premières indications de l'aube, s'étend derrière cette
grande salle. La bacchanale se termine ; certains Romains résistent à la fatigue évidente, d'autres
y
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