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Exposé la huitième femme de bare bleue

Dissertation : Exposé la huitième femme de bare bleue. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Novembre 2018  •  Dissertation  •  3 405 Mots (14 Pages)  •  741 Vues

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        Nous allons vous présenter le film La Huitième Femme De Barbes Bleu (ou Bluebeard's Eighth Wife) de Lubitsch qui fût réalisé en 1938. Ce film a donc été produit par Ernest Lubitsch, il s’inscrit dans le genre de la comédie et de la romance. scénarisé par Charles Brackett et Billy Wilder d'après la pièce La Huitième Femme de Barbe-Bleue d'Alfred Savoir, traduite par Charlton Andrews. Les acteurs principaux de ce film sont Claudette Colbert dans le rôle de Nicole de Loiselle, Gary Cooper qui joue Michael Brandon, et Edward Everett Horton qui incarne le Marquis de Loiselle, qui est aussi le père de Nicole.


L’histoire : Nicole de Loiselle est une jeune aristocrate française qui rencontre Michael Brandon, un millionnaire sept fois divorcé. Sous la volonté de son père, elle accepte de l'épouser, avant de tout faire pour obtenir un divorce et, enfin, de se raviser à nouveau. Les deux personnages sont sans cesse placés dans des situations cocasses.  

La pièce originale d’Alfred Savoir,  avait été transposée une première fois sur grand écran en 1923 par Sada Cowan et Sam Wood dans un film muet avec Gloria Swanson. Pour le dernier film du contrat les unissant, la Paramount décide de confier à Ernst Lubitsch le projet d’une nouvelle adaptation. Mais suite à l’échec public d’Angel, le studio propose à Lubitsch de prendre deux coscénaristes alors méconnus, Charles Brackett et Billy Wilder. les trois hommes s’entendent et se complètent admirablement - Wilder et Brackett, qui avaient déjà travaillé ensemble pour Par la porte d’or de Mitchell Leisen, accompagneront Ernst Lubitsch à la MGM(l'un des fives majors es grands studios hollywoodiens crée en 1924 et spécialisé dans les drames historiques) pour son film suivant, Ninotchka, et collaboreront au total sur plus d’une quinzaine de scénario.

Le film s’appuie sur divers registres du comique, avec un art consommé du rythme, mais on est surtout frappé par le rôle majeur que jouent les écrits de toutes natures dans la suscitation du rire, invitant souvent le spectateur à se faire lecteur.

On sait que Blly Wilder avait de l'admiration pour Ernst Lubitsch. La "Lubitsch Touch"(dans le Dictionnaire du cinéma de Jean-Loup Passek, Jean-Loup Bourget définit d’ailleurs la fameuse "Lubitsch-touch" comme un art où « désir de la richesse et désir sexuel sont dans tous les esprits mais ne sont montrés à l’écran que de manière allusive ou métaphorique. ») aura donc indubitablement marqué le style de Billy Wilder, Helmuth Karasek remarque pertinemment que La Huitième femme de Barbe-Bleue est le premier film de Lubitsch avec la "Wilder Touch", ce qui donne une première idée de la réussite du film.

La scène d’ouverture de La Huitième femme de Barbe-Bleue vient illustrer à merveille l’évidence de ce postulat, en organisant la rencontre de Nicole et de Michael dans un magasin de vêtements. Il cherche une veste de pyjama, sans pantalon. Elle cherche un pantalon de pyjama, sans veste. Ils sont faits l’un pour l’autre. Dès cette première séquence, La Huitième femme de Barbe-Bleue révèle l’alchimie particulière s’opérant entre Brackett, Wilder et Lubitsch.

La Lubitsch touch correspond tout à fait à La Huitième femme de Barbe-Bleue, qui obéit consécutivement (et parfois même simultanément) à ces deux pulsions. La première partie niçoise est incontestablement liée au désir de richesse et au pouvoir de l’argent : Michael se présente comme un parvenu milliardaire en goguette, inculte mais riche, Nicole appartient à l’aristocratie française ruinée et la scène clôturant ce premier acte, sorte de négociation matrimonialo-financière entre les deux fiancés et la famille de la promise, est aussi hilarante que glaçante. Mais la satire a déjà déployé son attirail auparavant à travers toute une panoplie d’objets (un pyjama, une baignoire…) illustrant le matérialisme forcené des classes aisées. Pour séduire Nicole, Michael lui parle du cours de ses actions tandis qu’une fois mariée, Nicole exhibera d’ailleurs les marques de sa richesse recouvrée (robes de soirée, manteaux de fourrures…) comme pour mieux attiser le désir de Michael. Car au fond, La Huitième femme de Barbe-Bleue est avant tout une histoire d’amour, il est vrai fort peu conventionnelle.

Grâce à cette complicité et cette proximité d’esprit, la collaboration des trois hommes est un succès, chacun rebondissant sur les idées de l’autre pour tirer chaque ressort comique à son maximum. Dans le registre de la pure "screwball comedy", La Huitième femme de Barbe-Bleue est ainsi un bonheur de tous les instants, tant pour la qualité des seconds rôles (David Niven tapant à la machine !) que pour l’efficacité des effets sonores, ou pour cette manière de faire fonctionner chaque gag à plusieurs niveaux. Prenons un exemple : lors de leur rencontre, Michael évoque à Nicole ses problèmes d’insomnie. Elle lui conseille alors la méthode du professeur Urganzeff, qui consiste à épeler un long mot à l’envers, comme par exemple "Czechoslovakia", en baillant entre chaque lettre. Premier effet comique, la répartie directe : il lui réplique qu’il ne saurait déjà pas l’épeler à l’endroit. Scène suivante, Michael est au lit, tentant d’appliquer la méthode. Deuxième effet comique : l’absurdité de la situation, où les bâillements forcés du personnage semblent déjà l’empêcher de céder au sommeil. Mais ce deuxième effet comporte une autre couche puisqu’au bout de quelques lettres, Michael semble hésiter, allume la lumière, et vérifie l’orthographe du mot sur une gigantesque pancarte installée au bout de son lit. Il la lit, se concentre, vérifie mentalement, et éteint de nouveau la lumière pour repartir à zéro. Fondu enchaîné marquant une ellipse temporelle : des ronflements nous laissent croire que la méthode a fonctionné, jusqu’à ce que le personnage, agacé, n’ouvre les yeux en constatant que cela ne marche toujours pas. On pourrait en rester là, et le potentiel loufoque de la situation aurait déjà été bien exploité. Mais quelques dizaines de minutes plus tard, et alors que d’autres situations ayant surgi entre-temps nous ont presque fait oublier celle-ci, le deuxième acte s’ouvre sur une vue de Prague, les lettres du mot Czechoslovakia apparaissant progressivement… à l’envers. Cette piqûre de rappel s’accompagne d’un autre panneau affirmant en substance : « Si vous allez en Tchécoslovaquie en lune de miel et que vous avez toujours besoin d’épeler Tchécoslovaquie à l’envers, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas… et pas avec la Tchécoslovaquie », manière d’introduire les enjeux de ce deuxième acte, centré sur les problèmes relationnels au sein du couple Nicole/Michael, et la non-consommation de leur mariage… Enfin, dans la dernière partie du film, on retrouve Michael dans une clinique dirigée par le professeur Urganzeff, où se confirme le peu d’académisme de ses méthodes. Par cet échafaudage comique (et encore, nous n’avons pas évoqué les ponts entre ces échafaudages) se révèle l’exigence de Lubitsch, qui cherchait avant tout à stimuler l’intelligence de son spectateur et se refusait à la facilité.

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