Cérémonie des couleurs au séminaire de Parakou

Cérémonie des couleurs au séminaire de Parakou

En ce temps-ci, l’harmattan sévit sans merci. Nul ne pouvait s’y échapper, car tous se trouvaient sous son toit. Ce fut vers 08h00 que le sieur François-Xavier tintât avec vigourosité la cloche-maîtresse du temps du séminaire. Tonton Loïc, le retardataire de grade enjamba les quelques mètres le séparant des rangs des sieurs de la première année.

        -Citoyens de la seconde en colonne, couvrez !

Cet ordre qui ne peut qu’être respecté sans être compris venait de chez le sieur Modeste, un homme de posture raffinée et de mentalité louable et qui n’était rien d’autre que le <> du dit séminaire.

        -Citoyens de la première en colonne, couvrez !

Cette fois-ci, il s’adressait aux sieurs de la seconde année. Le sourire sis dans l’angle des lèvres, ces derniers ne firent qu’obéir en mettant leurs bras sur les épaules de leurs camarades du côté gauche.

        -Citoyens de la terminale en colonne, couvrez !

Ce fut le tour de terminalistes. Visages grincés par le tiers, sourire débordant chez d’autres, ils finirent tous par obéir.

        -Repos !

Tous se mettaient droits, les pieds joints.

        -Garde à vous … !

        -Prêts !

A cette réponse, tous sautèrent. D’autres comme Melkisédeck empruntèrent aux criquets leurs manières de sauter.

        -Prêts pour la montée des couleurs !

        -Scout, toujours … !

        -Prêts !

Ce slogan vient d’être lancé par le général Wolou et était soutenu par les scouts de premier grade qu’étaient les sieurs Abel, Alfred, Béranger et le dur de tête Marc. Projetés du sol par le slogan lancé par le général Wolou, ces scouts de premier grade répondirent avec vigourosité et enthousiasme, ce qui n’hésita pas à faire pouffer de rire la majorité de la communauté dont moi. Vint ensuite le coup de sifflet donné par le tout puissant Wolou qui pu permettre à Paul de monter les drapeaux du Bénin et du Vatican sis au cœur de la cour. Une fois le drapeau attaché et flottant dans l’air, le gentil kéroman Hilarion Pourmate donna l’ordre au rossignol de la promotion des terminalistes qu’était Roméo d’entonner l’hymne nationale du Bénin composé par le très regretté Père Gilbert Dagnon, un musicien de haute grade.

        -Enfants du Bénin, debout :deux…chant !

A cet ordre répondit toute la communauté en chantant avec douceur l’hymne nationale, tout en suivant le tempo donné par le kéroman Hilarion. La basse tonnait de la bouche de Boris comme la voix du porc réservé pour la kermesse au petit séminaire ; Yorès soutenait de sa mirobolante voix le pupitre des ténors ; Roméo, de sa voix de rossignol, rendait agréable ce que chantaient les altos et, enfin, Moïse rendait de très grand service aux sopranos avec sa voix d’ange : le chœur Saint François d’Assise exécutait ainsi l’harmonie réservée à l’hymne national du Bénin.

        -Rapport disciplinaire de la semaine passée.

A peine le kéroman arrêtait le chœur Saint François d’Assise que le doyen Modeste lisait déjà le rapport disciplinaire. Ce fait chassa d’une rapidité extrême tout sourire et imposa à tous un silence priant, presque suppliant.

        -Réfectoire : ce dernier se trompe délibérément de donjon*…

Les noms furent cités et les motifs aussi. Cela avait été fait dans tous les secteurs, et ce fut celui du silence qui trouva plus de candidats. À l’appel de son nom, Fernando se détacha de la foule pour se mettre devant le mat, tout endimanché comme quand le béninois veut faire la connaissance de sa belle-famille. Ce fut ainsi qu’une soixantaine de jeunes gens se surprirent d’être près du mat. D’autres dont je tais ici les noms avaient un nombre massique de galons ! Ils seront donc punis.

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