MAKALA CRITIQUE: Le dur destin du Sisyphe des temps modernes
Compte rendu : MAKALA CRITIQUE: Le dur destin du Sisyphe des temps modernes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Nicolas Wujczak • 30 Avril 2020 • Compte rendu • 616 Mots (3 Pages) • 529 Vues
MAKALA CRITIQUE: Le dur destin du Sisyphe des temps modernes.
Kabwita est un villageois charbonnier qui a l'espoir d’offrir de meilleures conditions de vie à sa famille. MAKALA nous emmène en République Démocratique du Congo suivre le dur et fatigant périple de Kabwita qui brave les routes du Congo en poussant un modeste vélo porteur de charbon dans le but de le vendre en ville. De l’abattage d’un arbre majestueux à la vente au rabais des sacs de charbon, MAKALA nous plonge dans la vie méconnue des hommes arpentant les routes en RDC, il nous immerge dans la peau de Kabwita Sisyphe des temps modernes et nous baigne dans l’atmosphère parfois inconfortable d’une triste réalité.
MAKALA ne cherche pas à donner des informations explicitement comme le ferait un documentaire classique. Emmanuel Gras, à l’aide des différents plans de caméra utilisés a construit son documentaire comme une fiction. Il a cherché à nous faire vivre une histoire, à nous la faire ressentir. Les plans de caméra sont toujours en mouvement car l'aventure de Kabwita l’est aussi. A l’aide de travelings, certains éléments naturels sont personnifiés. La vision du temps dans MAKALA est surprenante. Emmanuel Gras a joué sur la durée des plans. Grâce à ses plans longs, il a cherché à faire expérimenter au spectateur les sensations de l’effort d’un travail éreintant. Le son a aussi une importance toute particulière dans ce film. Les prises de son sont faites avec le plus de détails possible pour mettre en éveil les sens du spectateur et lui faire ressentir physiquement ce qu’il voit. A certains moments, le film s’apparente même à un véritable thriller. L’issue du voyage de Kabwita devient incertaine à la suite de certains évenements, le suspense envahit nos ésprits . Kabwita arrivera-t’il à recolter assez d’argent et arrivera-t’il sein et sauf?
En regardant MAKALA, on perçoit Kabwita comme surnaturel car, pousser un tel chargement durant une si longue distance demande des efforts titanesques. Il y a quelque chose d’épique dans le parcours de cet homme qui prend une dimension mythologique. Son calvaire sans fin s’apparente au mythe de Sisyphe. Kabwita n’accepte pas l’absurde décrit par Camus car il a l'espoir d'améliorer les choses même si le fruit de son labeur risque de retomber au pied de la montagne. Kabwita est un charbonnier parmi tant d’autres au Congo. Le périple qu’il a entrepris est le même que pleins d’autres dans ce pays rongé par l'extrême pauvreté. Kabwita incarne donc une figure allégorique.
La religion est aussi très importante chez Kabwita. Emmanuel Gras n’utilise à aucun moment la focalisation interne. Les pensées du personnage nous apparaissent alors durant ses prières situées à des moments clés du film. Au début lors de la coupe de l’arbre et à la fin comme pour conclure le film lors d’une messe où il implore la protection de Dieu.
Ce film est fabuleux car, il a permis d’exploiter pleinement les possibilités du cinéma. Emmanuel Gras, grâce à son jeu dans les prises de son et dans les plans de caméra a su faire ressentir physiquement l’effort de Kabwita. MAKALA nous ramène à notre condition de simple humain, il nous permet de nous rendre compte de la
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