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Troubles et maintien de l’ordre en Orient de 64 avant J. C. à 235 après J.-C.

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Par   •  24 Août 2019  •  Fiche  •  3 793 Mots (16 Pages)  •  699 Vues

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Histoire Antique

Troubles et maintien de l’ordre en Orient de 64 avant J. -

C. à 235 après J.-C.

Julien Franchina Troisième année de Double Licence Histoire-Philosophie


Des guerres fratricides à la fin des sévériens, les frontières de la République, puis de l’Empire s’élargissent progressivement. Cette progression provoque une dynamique de provincialisation   dans   l’ensemble   des   territoires   dominés   et   superpose   peu   à   peu

« monde romain » et « empire romain ». À la mort d’Alexandre Sévère en 235 après J.-C., ces deux entités politiques, géographiques et administratives, finissent par recouvrir le même espace et obéir au même destin. La provincialisation progressive du monde romain, fut menée par une politique pragmatique dont l’objectif principal était d’en maintenir la stabilité. Dans ce schéma, le maintien de l’ordre représente un enjeu capital pour Rome, puisque sa prospérité n’est garantie que par sa stabilité commerciale. À ce titre, la période pompéienne amorce un intérêt de plus en plus marqué pour les richesses d’Orient et l’imperium exceptionnel accordé à Pompée en 67 avant J.-C en est un élément constitutif. Une fois la piraterie réprimée, Pompée organise le Proche-Orient et y soumet les royaumes opposés à la République. En ce sens, l’intervention romaine tend à conserver l’ensemble des flux économiques liés à Rome. Les richesse d’Orient, tel que l’or, la soierie ou le pourpre représentent un enjeu économique incontournable. Au lendemain de la bataille d’Actium, Auguste en a pleinement conscience et déclare la Pax Romana. De ce fait, il confirme l’intérêt de Rome pour l’ensemble du monde romain et met en lumière l’idée selon laquelle : la stabilité de l’Empire dépend dorénavant de l’équilibre de ses territoires. Au cours de la paix romaine, les échanges commerciaux augmentent, la construction des voies romaines se multiplie et le développement de la production agricole s’intensifie en Gaule romaine. L’Orient romain n’est pas étranger à ce phénomène et la progressive acculturation des élites locales par l’hellénisme constitue un élément de romanisation sans précédent. Conscient du poids économique de cette région liant l’Italie à l’Empire du Milieu par la Route de la Soie, les romains adoptent alors une politique pragmatique à l’égard de ces territoires stratégiques. Comme le souligne l’historiographie récente, la domination romaine ne fut pas l’expression d’une répression exclusivement martiale. Au contraire, elle oscilla entre l’opportunisme politique et l’intervention militaire. À ce titre, la formule de « roi client » met en lumière une volonté de maintenir l’ordre par l’entente politique et non par le fil de l’épée. Toutefois, cette méthode diplomatique reste limitée et l’Orient romain bascule progressivement dans l’administration provinciale. Du Ier siècle avant J.-C. au IIème siècle après J.-C., l’Orient romain vacille entre soumission, rébellion et autonomie. Les particularités de cette région, creuset de plusieurs traditions culturelles et religieuses, témoignent de l’impossibilité de Rome à contrôler, sur le long terme, l’ensemble de ces populations. À ce titre, l’exemple du Proche-Orient et des troubles de Judée en 66 avant J.-C. et  en 132  après  J.-C.,  mettent  en lumière  une incapacité  de  Rome  à clairement  identifier


l’ensemble des tenants et aboutissants de cette région. Au-delà de son caractère stratégique, notamment incarné par le « bouclier arménien »1, le Proche-Orient confronte pour la première fois le polythéisme romain au monothéisme juif. La nature des troubles survenus dans cette région est alors protéiforme et les solutions proposées par le pouvoir romain ne sont pas systématiquement adaptées. Ainsi, de la création de la province de Syrie en 64 avant J.-C. à la fin de la dynastie des Sévères en 235 après J.-C., se joue au Proche-Orient une dynamique de domination extérieure aux succès nuancés dont les écrits de Flavius Josèphe s’imposent comme une source de premier ordre. Au-delà de l’enjeu politico-militaire de cette région, apparait en filigrane un antagonisme civilisationnel que Rome ne parvient pas à assimiler dans sa gestion opportuniste du Proche-Orient. Dans cette perspective, il s’agit de repérer dans le vaste arc chronologique de notre sujet, quels sont les troubles suffisamment graves pour avoir été susceptibles de menacer cette Pax Romana. Pour ce faire, il convient d’étudier la nature de l’intervention romaine au Proche-Orient. Ensuite, nous en discuterons l’efficacité à la lumière des troubles survenus en Judée. Enfin, nous analyserons les raisons de l’ouverture politique et cultuelle amorcée par les Sévères.

  1. Dans un premier temps, l’intérêt de Rome pour le Proche-Orient s’illustre à travers l’image de Pompée. Ce dernier fonde sa puissance sur les nombreuses et prestigieuses clientèles de rois dont il légitime le pouvoir. Grâce à le Lex Manilia, qui renouvela l’élargissement de son pouvoir en 66 avant J.-C., il intervient en tant qu’imperator et n’hésite pas à faire la guerre au roi du Pont Mithridate VI Eupator. Par la même occasion, il soumet l’Arménie du roi Tigrane II à l’automne de la même année et assujettit les nabatéens en 63 avant J.-C. Pompée s’impose comme l’expression militaire des ambitions romaines au Proche-Orient. En choisissant ses ennemis, il utilise une stratégie à double détentes : ceux qui n’acceptent pas le système de clientèle sont écartés du jeu politique local et ceux qui reconnaissent la supériorité de Rome donnent un nouvel écho à leur pouvoir. En effet, en légitimant l’influence des rois-clients, Pompée renforce l’autorité de ces roitelets et s’assure de leur vassalité. À ce titre, lorsqu’il vainc Tigrane II en Arménie, il lui rend la Gordyène revendiquée par l’ennemi Parthes et le proclame

« roi des rois ». Autrement dit, la réorganisation administrative de la région généralise le système de clientèle et se structure au prisme du pragmatisme politique. Cet exemple met en lumière le fonctionnement et la nature de l’intervention militaire romaine en Orient. Il montre


que Rome ne souhaite pas déstabiliser la région. Au contraire, elle souhaite s’assurer de sa stabilité pour en garantir les richesses. In fine, Cette méthode renforce la stabilité de Rome. Effectivement, si les territoires annexés sont maîtrisés, alors la Pax Romana est garantie. Les flux commerciaux sont alors solidifiés et Rome profite pleinement de la richesse de ses conquêtes. Le succès des états clients au Proche-Orient est donc intrinsèquement lié à l’intérêt économique que représente cette région. Par ailleurs, lorsque les guerres fratricides se déclarent et déchirent la République, la plupart des états clients s’engagent pour Pompée puis Marc- Antoine. Malgré cette adhésion partisane, les vainqueurs ne modifient que rarement l’organisation mise en place par leurs prédécesseurs et la majeure partie des roitelets furent confirmés par Auguste. Ce dernier considère leur soutien à Marc-Antoine comme constitutif de leur fidélité à Rome. Par exemple, les rois Hérode et Mithridate II, pourtant favorable à Antoine, conservent leurs royaumes au sortir de la bataille d’Actium. Selon Maurice Sartre : « Octave touche le moins possible l’organisation qu’il trouve en place et chez lui comme chez ses successeurs, le pragmatisme est de règle »2. Autrement dit, le système des états clients est fondamental dans le maintien de l’ordre en Orient puisqu’il garantit à la fois la vassalité des roitelets et renforce localement leur influence. Ce procédé met en lumière la nature du maintien de l’ordre dans cette région dont l’intérêt n’est pas de remplacer les populations mais bien de les exploiter fiscalement et économiquement. Les états-clients ne sont cependant pas les seuls outils de maintien de l’ordre en Orient. La romanisation des élites par l’hellénisme et la construction de voies romaines participent aussi à cette stratégie générale.

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