Le palazzo Caprini de Bramante et le palais Iseppo da Porto de Palladio
Commentaire d'oeuvre : Le palazzo Caprini de Bramante et le palais Iseppo da Porto de Palladio. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Isaac P-yon • 14 Novembre 2018 • Commentaire d'oeuvre • 2 264 Mots (10 Pages) • 2 029 Vues
Introduction :
Le palazzo Caprini est un palais de la Renaissance situé dans le faubourg de Borga (XIVe vione) entre la piazza Scossacavalli et la via Alescandrina à Rome. Ce palais est donc conçu par Bramante vers 1512 ou un peu avant. Il est connu comme le Palazzo di Raffaelo (maison de Raphael) car l’artiste l’achète en 1517 et y vit jusqu’à sa mort trois ans plus tard. Le bâtiment est seulement connu à travers des dessins étant donné qu’il est détruit au XVIIème. Bramante (1444-1514) est donc un architecte de la Haute Renaissance qui travaille notamment au service du duc de Milan Ludovic Sforza, lieu où il aura l’occasion de rencontrer et travailler avec De Vinci. Il part pour Rome en 1500 où il développe sa conception du style classique avec le Tempietto considéré comme une de ses œuvres majeures avec la Basilique Saint-Pierre qu’il réalise sur demande de Jules II.
La palazzo Caprini de Bramante sera dans cette analyse comparée au palais D’Iseppo da Porto réalisé par Palladio. Ce palais est une résidence urbaine situé Contrà Porti à Vicence (un des deux palais conçu par Palladio pour les Porto (riche famille de la cité vicentine) à Vicence). Le palais est habitable en 1549 et terminé en 1552. Andrea Palladio (1508-1580) est lui aussi un architecte de la Renaissance italienne, auteur d’un traité : Les Quatres Livres de l’Architecture. Son œuvre a une très forte influence jusqu’à aujourd’hui.
En quoi Bramante réinvente-t-il à partir de motifs classiques l’architecture urbaine privé des palais italiens ? Comment Palladio adapte-t-il ce modèle à sa conception de l’architecture ?
- Le palazzo Caprini de Bramante
Selon Vasari, le génie de Bramante réside dans le fait qu’il « imite les anciens avec des inventions nouvelles »
- Interprétation des formes classiques
Tout d’abord, on peut remarquer que ce bâtiment, dans son apparence, sa forme, est directement inspiré du modèle classique de l’insula : immeubles de la Rome antique – boutique au rdc, appartements au-dessus.
Ici, le rdc est traité en gros bossage rustique, qui est l’expression de la force du sol porteur d’histoire mais évoque également la rudesse de la pierre au sortir de la carrière.
On retrouve également, au piano nobile, des paires de semi-colonnes entre les fenêtres qui paraissent supporter l’entablement. Elles sont d’ordre dorique, ce qui est une innovation puisque selon la superposition des ordres que l’on a vu avec le colisée ou le palais Rucellai, le dorique est habituellement au rdc. Le fait que ce soit des paires permet d’occuper l’espace alors très compact donne aussi un certain rythme a cette façade. De plus, on notera que ce sont des colonnes et non des pilastres (comme on en retrouve beaucoup sur les façades des palais italiens) ce qui permet d’accentuer la plasticité de la façade étant donné qu’elles se dégagent vraiment du mur.
L’allure de cette façade est également orchestrée par deux élément horizontaux importants : l’entablement et le bandeau de pierre lisse entre le rdc et le piano nobile. On retrouve d’ailleurs des triglyphes qui composent la frise ainsi qu’une corniche très saillante.
Les fenêtres en tabernacles du piano nobile sont surmontés de frontons triangulaires et de balcons, ce qui accentue et orne ces fenêtres.
Bramante se sert donc d’éléments d’architecture antique classique pour composer la façade du palazzo Caprini. Il interprète donc les formes classiques. Cette façade se caractérise par : son rdc en bossage rustique, son piano nobile harmonieux avec une suite majestueuse de double demi-colonnes, l’usage de quelques grandes formes, l’économie du détail, la séparation organique entre les membres (balcons et bases des colonnes), un remplissage compact du mur et une projection énergétique de la masse.
- Simplicité de conception et harmonie des proportions
Comme on l’a vu, la façade du palazzo Caprini comporte 5 travées et 2 niveaux : elle a une silhouette horizontale. Mais on remarque que cette horizontalité est appuyée par la symétrie et la répétition : en effet au piano nobile, les travées sont absolument similaires contrairement au rdc où les formes d’ouvertures des arcades sont variées certes, mais totalement symétrique, disposés en miroir. Les frontons triangulaires sont également tout à fait similaires.
On notera également l’utilisation d’un seul ordre et donc une certaine simplification ainsi que l’absence d’étage supérieur, ce qui accentue le contraste entre les boutiques et les appartements. Ce fort contraste avec le piano nobile (+ riche et + orné) fait que le rdc fonctionne comme un piédestal pour afficher le piano nobile. Le piano nobile reflète la noblesse ou richesse de ses occupants et la rugosité du rdc reflète les commerçants et servants qui l’utilisait.
L’habillage classique et la texture de surface servent donc finalement plus à l’ornementation et à l’articulation de la façade plus qu’à la structure directement. Ils ont également pour fonction d’accentuer les parties architecturales importantes pour la structure. C’est cette ornementation (très sobre) qui articule la structure. De fait, le mur est articulé en plusieurs couches de profondeur grâce aux colonnes, moulures, balcons, frontons, architrave saillante etc… Ce qui créer un jeu d’ombre et de lumières qui anime la façade.
On notera que le bossage rustique est en fait de la brique recouverte d’un mélange de plâtre et de marbre plié (technique dérivée de l’archi romaine) ce qui permet d’abaisser le coût de construction dans une région où la pierre est cher. Seul les moulures les bases et chapiteaux de colonnes sont en pierre.
Bramante insère donc, dans un système d’inspiration classique, des éléments fonctionnels de la Renaissance. Ses éléments de bases sont systématiquement répétés : la répétition, la simplification, la rigueur de la symétrie et la clarté fonctionnelle sont les apports de Bramante à l’architecture des palais italiens.
On retrouve dans cette façade la qualité grave et sereine des anciens bâtiments romains qui sont selon Wittkower : « la marque d’une authentique grandeur ».
La « maison de Raphaël » que l’on vient d’analyser va avoir un rôle décisif dans le domaine de l’architecture civile. Elle va en effet servir de référence pour tous les palais italiens pendant au moins deux siècles.
- Le palais Iseppo da Porto de Palladio
- La façade : réinterprétation du palazzo Caprini.
Peter Murray qualifie lui le style de Palladio comme « classique et bramanteque ». Quels éléments du Palazzo Caprini retrouve-t-on ?
...