La Nef Des Fous
Dissertation : La Nef Des Fous. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar madoudam • 2 Juin 2013 • 2 391 Mots (10 Pages) • 1 392 Vues
« La Nef des Fous » : Quelle vision de l’humanité ?
La Nef des fous est un thème artistique ancien, et le titre de plusieurs œuvres :
La Nef des fous, tableau de Jérôme Bosch (xve siècle)
La Nef des fous, ouvrage de Sébastien Brant et une des plus anciennes et des plus connues satires littéraires médiévales des travers de l'Église et des vices humains
La Nef des fous, roman de science-fiction de Richard Paul Russo paru en France en 2006
La Nef des fous, série de bande dessinée de Turf
La Nef des fous (Ship of Fools), film de Stanley Kramer (1965)
La Nef des fous (Ship of Fools), roman de Katherine Anne Porter (1962)
La Nef des Fous, groupe de musique originaire de Besançon
La Nef des fous (Ship of Fools), single du groupe Erasure (1988)
La Nef des Fous, deux bronzes d'une sculpture de Jürgen Weber dont l'un se trouve à Hamelin et l'autre à Nuremberg
La Nef des Fous, portail francophone consacré à l'art, l'histoire et les métiers du livre
La Nef des Fous, œuvre du compositeur français Thierry Lancino
La Nef des fous (Ship of Fools), nouvelle de Theodore Kaczynski.
La Nef des fous, restaurant gastronomique sur Lyon.
La Nef des Fous est aussi le nom d'une communauté établie en 1974 à Jansiac (commune de Châteauneuf-Miravail, département français des Alpes-de-Haute-Provence) et toujours vivante en 2012.
Ship of fools est une chanson des Doors.
« La nef des fous », Jérome Bosch
« La Nef des fous » est une peinture à l’huile sur panneau du peintre néerlandais Jérome Bosch. Cette œuvre datant du début du XVIème Siècle mesure 58x32cm et est actuellement exposée au musée du Louvre.
Ce tableau, issu d’un triptyque, représente l’excès humain par des hommes s’engloutissant tout ce qu’ils trouvent et buvant tant qu’ils peuvent. Cela semble ainsi représenter plus ou moins la folie humaine, a travers ses vices les plus vils.
Un groupe de dix personnages sont réunis dans une barque, la « nef ». Le groupe principal se compose d’un moine franciscain et d’une religieuse jouant du luth, assis face à face. Ils ont la bouche grande ouverte comme pour chanter mais semblent aussi essayer de mordre, comme leurs compagnons, une crêpe pendue au centre de la petite embarcation, allusion à une coutume folklorique qui consiste à manger une galette suspendue sans les mains. Derrière eux sont assis les deux nautoniers2. L’un d’entre eux a, en guise de rame, une louche géante. L’autre tient en équilibre sur la tête un verre et brandit au bout de sa rame une cruche cassée. Aux extrémités, une femme, d’un côté, s’apprête à frapper avec une cruche un jeune homme retenant une gourde qui trempe dans l’eau. Certains historiens préfèrent y voir un entonnoir renversé, symbole de la folie. De l’autre, sur un gouvernail de fortune, un petit homme en habit de fou boit dans une coupe. À côté de ce dernier, un autre se penche pour vomir. L’assemblée est dominée par un mât de cocagne surmonté d’un bouquet de fleurs au centre duquel est représentée une chouette3 ou une tête de mort. Une dinde ou une oie rôtie est suspendue au mât, un homme essaye de l'atteindre avec son long couteau. Il se rend ainsi coupable des péchés de gourmandise et de l'envie. La joyeuse compagnie semble à la dérive, un vaste paysage, au fond, s’étend à l’infini.
La Nef des fous est généralement interprétée comme l'illustration de la folie qui a gagné tous les personnages. Il n'y a ni trompeurs ni trompés, seulement des fous ou des hommes assez insensés pour s'embarquer sur un navire sans voile ni gouvernail et dont une cuiller énorme qui pourrait faire office de rame ou de godille est abandonnée. Le mal semble avoir atteint toute la compagnie, prêtre, moine, religieuse… le plus fou n'étant peut-être pas celui qui en porte l'habit et qui, perché sur une branche, un peu à l'écart, savoure sa victoire et déguste son vin. Ces hommes et ces femmes embarqués ensemble ne vont nulle part, ils n'en savent rien et ne s'en soucient pas le moindre du monde. Leur navire sans guide bat pavillon infidèle : la longue oriflamme rouge accrochée au mât porte un croissant de lune. Croissant des musulmans, mais aussi croissant des juifs4 ? Le croissant de lune renvoie à l'hérésie des Mécréants, mais aussi à la folie, au lunatisme.
Certains auteurs ont suggéré que le navire voguait de droite à gauche, ce qui est logiquement en contradiction avec la direction vers laquelle flotte cette oriflamme. Mais tout est possible au pays des fous. Il pourrait tout aussi bien ne pas avancer. Pour les passagers, seul compte le moment présent passé à chanter, à boire, à jouer. Le Franciscain chante, la religieuse l'accompagne et joue du luth. Certains historiens de l'art ont vu dans le luth et dans l'assiette de cerises, posées devant les religieux, des références à l'érotisme. Les personnage ont déjà bu - la cruche est retournée - peut-être beaucoup, car l'un des hommes vomit par dessus bord. Le récipient mis à rafraîchir dans l'eau et le tonneau permettront sans doute de continuer.
À l'époque de Jérôme Bosch, les conflits sociaux étaient à leur apogée et la religion vivait une crise profonde. Au moment où la peinture florentine crée l'esthétique de la Renaissance, la peinture flamande reste fidèle à la tradition religieuse. Mais celle-ci, par le déclin du Moyen Âge, va subir une crise fondamentale dont Bosch est le reflet. La représentation du moine comme et de la bonne sœur renvoie à l'anticléricalisme de Bosch, influencé par les courants religieux pré-réformistes qui se développent à l'époque en Flandres, comme la devotio moderna, qui défendaient la communion directe avec Dieu sans l'intervention de l'Église, en réponse à la conduite amorale de certains ecclésiastiques. Le thème de la complicité entre l’Église et les charlatans
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