Paragraphe argumenté sur un extrait de "La falaise des fous" de P. Grainville
Dissertation : Paragraphe argumenté sur un extrait de "La falaise des fous" de P. Grainville. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Victoire Pinoche • 24 Novembre 2023 • Dissertation • 1 114 Mots (5 Pages) • 685 Vues
La falaise des fous est un roman de Patrick Grainville (né en 1947) membre de l’Académie française. Constitué par le récit fictif des souvenirs d’un habitant d’Etretat à la fin du XIXe siècle, le texte évoque les rencontres que le personnage fait avec de nombreux peintres et hommes de lettres célèbres, attirés par la beauté des paysages normands alors à la mode. Parmi ces artistes, il se souvient du peintre Gustave Courbet (1819-1877) à la forte personnalité et de sa fascination pour les scènes marines.
Courbet attaqua sa fameuse série des Vagues. Il profita d’un temps sombre et nuageux, d’un vent impétueux qui précipitait la mer sur les galets. Il travailla derrière sa fenêtre face au flot démonté. Il peignait toujours au couteau, taillait la vague, tranchait dans la matière, en dégageait des agglomérats prégnants. De temps en temps, il sortait pour mieux voir le détail de la machinerie marine. Calé sur les galets, les poings sur les hanches. Moi je quittais le café et je le regardais de loin ou m’approchais brièvement. Il prenait la peine de m’adresser un mot aimable. Il appréciait mon goût des éléments déchainés. Un jour, il me lança :
- La vague, c’est un tigre qui rit !
Il ajouta, fier, tout émoustillé :
- Il y a quelques années, j’ai écrit ça à Victor Hugo !
Ses vagues me subjuguèrent. Monet n’aurait pu ou voulu peindre un monde d’une puissance si violente, si noire. Courbet ne cherchait pas les mille déclinaisons, les féeries changeantes et contradictoires de son confrère. C’est la même tempête immémoriale qui charrie et propulse ses marbrures brisées et ses arceaux crochus de la bestialité. La mer houleuse ou, comment dirais-je ? ...bouleuse, le vent charriant de lourdes nuées d’un violet sombre jusqu’à la couleur des ténèbres. On était en 1869, Courbet sentait-il accourir les périls de la guerre et de la révolution qui devait la suivre ? Ses vagues roulent du minéral broyé. Nulle transparence, nulle fluidité, mais la précipitation sur nous d’un vacarme de la matière hérissée, plissée, recourbée. Tonnerre de la vague dans ses différentes versions. Même grondement tellurique. L’écume n’est pas la mousse heureuse de Monet mais un gravier grenu, une rage de crinière caillouteuse. Un Cerbère dont la bave bouillonne en bouquets de mufles. Les barques sur le rivage sont des chaudrons noirs de Charon.
Courbet énorme, effervescent, le couteau de peinture au poing, rit d’avoir équarri la vague comme Rembrandt son bœuf.
[pic 1]
Paragraphe argumenté :
En quoi ce tableau de Gustave Courbet correspond à la description du personnage faite par le narrateur du roman ?
L’intrigue de « La Falaise des fous » se déroule en 1869, date approximative à laquelle Gustave Courbet a réalisé ses tableaux de la « Série des Vagues ». C’est une année avant le début de la Guerre Franco – Prussienne de 1870, qui entrainera la chute de Napoléon III. L’auteur y fait d’ailleurs référence dans le texte en suggérant que Courbet pourrait sentir l’arrivée de ces évènements. Nous allons ici nous intéresser à la façon dont le narrateur du roman « La Falaise des fous » fait correspondre sa description du personnage de Gustave Courbet à l’un de ses tableaux, à travers deux grandes parties : Une sur les impressions données par le peintre à travers son tableau et l’autre sur la correspondance avec la description du narrateur dans le roman.
I – Les impressions données par le peintre à travers son tableau
a) La puissance de la vague représentée
b) La tempête : un paysage de chaos sous forme de petits détails
c) Une ambiance sombre, à la limite de l’inquiétant
II – Correspondance avec la description du narrateur dans le roman
a) Comparaison avec le style de Monet
b) Un paysage chaotique comparable aux tensions socio-politiques de 1869 : Une vision de l’avenir de la part de Courbet ?
c) Des références à l’antiquité pour décrire la sauvagerie de la vague.
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