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La dignité humaine.

Thèse : La dignité humaine.. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Novembre 2017  •  Thèse  •  9 405 Mots (38 Pages)  •  1 080 Vues

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INTRODUCTION

Quatre cent cinq (405) ans et cent cinquante-six (156) ans, après respectivement la révolution géocentrique copernicienne et la révolution anthropocentrique darwinienne du monde, le progrès scientifique dans le domaine médical spécialement les biosciences et la technique génétique nous conduisent vers une nouvelle révolution dans une société démocratisée et modernisée, prise par la vague de la mondialisation. Les philosophes et moralistes s’interpellent sur la dangerosité des conséquences de cette révolution qui se manifeste déjà par un eugénisme libéral et une atteinte à la dignité de la vie humaine.

Dès lors s’installe un conflit entre scientifiques moralistes et scientifiques progressistes, c’est l’exemple du docteur Jacques Testart et du professeur René Frydman, pères scientifiques d’Amandine, premier bébé-éprouvette français né en 1982 . Mais rappelons que la première fécondation in vitro (FIV) de laquelle nait Louise Brown en 1978, a été réalisée par Robert Edwards. Après la naissance d’Amandine, Frydman réussira à féconder les ovules congelés en 1986, il réussira à réaliser la première naissance après un diagnostic préimplantatoire en 2000 et un bébé-médicament le 26 janvier 2011. Il est aujourd'hui professeur émérite, ce qui lui permet de poursuivre ses recherches, tout particulièrement dans le domaine des « bébés-médicaments ».

Ce sont ces différentes réussites du professeur Frydman par exemple, qui ont causé des objections de conscience chez les moralistes et philosophes. Testart déclarait à la naissance d’Amandine : « ce n'était pas une grande prouesse scientifique. Sans doute la société avait-elle deviné intuitivement qu'on mettait le pied dans un étrier sans bien maîtriser le cheval » . En effet, Jürgen Habermas, l’un des grands philosophes allemands encore vivant, saisit par la même crainte, écrivait en 2003, L’avenir de la nature humaine, vers un eugénisme libéral ? Selon ce dernier, malgré la beauté des produits du progrès des biosciences, le monde est trainé vers un eugénisme sans précédent. Le droit et la liberté sont donnés à chacun de faire ce qu’il veut de sa vie et de celle de ses descendants. Mais pour Habermas, la libéralisation de l’eugénisme serait un obstacle à l’évolution humaine, une mise en cause de la liberté et de l’autonomie de l’homme. Cette pratique antique connue depuis Platon et Aristote qui vise la purification de l’espèce humaine est opérationnelle dans toutes les sociétés humaines, dans toutes les classes sociales ; mais depuis lors, l’eugénisme n’était qu’à petite échelle et facile à contrôler par des lois morales.

À présent, rendu facile par les différents progrès dans le domaine médical et bizarrement par transposition des pratiques vétérinaires sur l’homme, l’eugénisme est passé à une échelle supérieure surtout grâce au diagnostic préimplantatoire (DPI). La complexité du pouvoir médical est aujourd’hui telle que la morale ne peut facilement se prononcer et dénoncer un eugénisme contemporain et une atteinte à la dignité de la vie humaine anténatale. En effet, la connaissance de soi, la compréhension de soi et l’acception de soi sont rendues difficiles par l’instrumentalisation de la vie qui détruit complètement l’image que l’homme s’était forgée de lui-même après la révolution darwinienne. L’autodétermination et le droit absolu à l’enfant sont les nouveaux guides du monde où on voit les couples homosexuels réclamer l’enfant, on voit la vente des ovules, la propagation des banques de sperme, la recherche sur l’embryon et sa commercialisation, la suppression des personnes porteuses d’handicap. De surcroît, l’enfant est mis en balance comme un bien dont on peut modifier la structure la plus profonde pour le rendre plus performant.

En épousant la pensée de Habermas, nous voudrions nous unir à la voix des moralistes et philosophes pour dénoncer cet eugénisme contemporain, pour interpeller à la retenue et à la prudence afin de préserver la dignité de la vie humaine. À la suite d’une brève description de l’eugénisme, nous exposerons quelques formes classiques et nouvelles de cette pratique. En pensant à l’avenir, nous soulignerons l’action de la démocratie libérale dans l’eugénisme. Nous réfléchirons sur la morale et l’éthique de l’espèce humaine, sur la dignité de la vie, sur la pensée morale actuelle et sur le droit à l’héritage génétique non modifié.

I. L’EUGÉNISME ET SES DIVERSES FORMES

Le souci de l’amélioration de l’espèce humaine a habité l’homme depuis très longtemps. Les pratiques liée à ce souci, eugénique, existe dans toutes les sociétés et dans toutes les cultures humaines. Nous citons par exemple l’Égypte ancienne, la Grèce antique précisément à Sparte et l’Amérique du Sud chez le peuple Incas. De même, chez les animaux, nous observons des attitudes instinctives qui s’apparentent à une sélection ou à une discrimination de la progéniture. Les idéologies philosophiques ont également mené des réflexions sur les pratiques eugéniques. On pense que ces réflexions trouvent leurs racines dans la pensée platonicienne. En effet, dans la République de Platon et particulièrement dans le livre V portant sur la formation de l’élite de la société, Platon affirme que,

Il faut, selon nos principes, rendre les rapports très fréquents entre les hommes et les femmes d’élite, et très rares, au contraire entre les sujets inférieurs de l’un et de l’autre sexe. De plus, il faut élever les enfants des premiers et non ceux des seconds, si on veut que le troupeau atteigne à la plus haute perfection.

Il y a à peine deux siècles que le terme eugénisme a été attribué à cette vieille pratique, alors que la pratique elle-même a touché les âges et reste encore en plein essor. Francis Galton, médecin, statisticien et cousin de Charles Darwin est celui qui a inventé le nom d’eugénisme en 1883 . En effet, Darwin n’avait jamais soutenu l’eugénisme. Or Galton, lui, le recommandait par sa spécialité. Le petit Larousse définie l’eugénisme comme, « science des conditions favorables au maintien de la qualité de l’espèce humaine » . Pour le Robert, l’eugénisme est l’« étude et mise en œuvre de méthodes censées améliorer l’espèce humaine, fondée sur la génétique » . Du grec, ‘‘eugénisme’’ est composé de « eu » qui veut dire ‘‘bon’’ et de « genos » qui veut dire ‘‘naissance’’ ou ‘‘race’’ . Eugénisme signifie donc bonne naissance

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