Sujet BTS - corps naturel, corps artificiel
Dissertation : Sujet BTS - corps naturel, corps artificiel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zezettedu75 • 7 Avril 2018 • Dissertation • 1 394 Mots (6 Pages) • 5 685 Vues
Corps naturel, corps artificiel
1° Synthèse : Vous réaliserez une synthèse objective, concise et ordonnée des documents. [40 points]
2° Ecriture personnelle : Selon vous, faut-il toujours accepter son corps tel qu’il est ?
Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corps, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles. [20 points]
Corpus :
- Bernard Andrieu, « Le corps augmenté, bientôt la norme ? », Libération, 19 mars 2014
- Miguel Benasayag, Organismes et Artefacts, éditions La Découverte/Jean-Paul Bayol, 2010
- Cyril Fiévet, Body hacking : Pirater son corps et redéfinir l’humain, éditions Fyp, 2012
- Un homme avec une prothèse, 2017 (photographie)
1) Bernard Andrieu, « Le corps augmenté, bientôt la norme ?, Libération, 19 mars 2014
Les technologies font muter nos corps et sont capables de les rendre plus performants. Le philosophe du corps Bernard Andrieu analyse cette tendance et imagine sa généralisation.
L’augmentation du corps n’est pas une réparation, mais un remplacement d’une fonction ou d’un organe par un autre naturel ou artificiel. En retrouvant une bonne santé, une meilleure autonomie, une diminution de son handicap ou une multiplication de ses performances, le corps augmenté participe au rêve d’immortalité : mais la réalité technique de l’incorporation dans le corps biologique conduit aussi à des échecs comme à des progrès.
Qu’ont de commun en effet le cœur artificiel fabriqué par la société de biotechnologie Carmat, la greffe du visage d’Isabelle Dinoire, le corps testostéroné de Beatriz Préciado, le double greffé des mains Denis Chatelier, le double bras bionique de Jesse Sullivan, le transgenre de Pat Califia, l’écriture de l’intrus par Jean-Luc Nancy, le premier transgenre enceint Thomas Beatie, le métissage selon Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant, les OGM de la culture transgénique et les semences stériles de Monsanto, les voitures essence-électricité, les RIFD* ? Sinon que toutes ces personnes et techniques se réfèrent au concept d’hybridité comme un devenir vivant !
L’hybride partage dans son corps son identité avec l’altérité qui ne doit pas l’altérer : la prothèse, l’implant, bracelet électronique, puce, ou l’objet nomade (téléphone, lunette, GPS, baladeur MP3…) sont attachés à nos modes d’existence. Mais la qualité de cette existence corporelle dépend bien souvent du mélange des fonctions biologiques avec des instruments interactifs incorporés sous notre peau ou apposées sur la surface de notre corps. Les techniques d’hybridation technologique (chimères*, bionique, prothèses, RIFD, implants) améliorent la durée des tissus, fonctions et matériaux biologiques, en prolongeant la quantité et la qualité de nos existences.
Stigmatisation
De la voiture à la domotique*, de l’apprentissage à l’espace virtuel, des jeux vidéo à la médecine des greffes et prothèses, toute l’activité humaine est actuellement repensée par l’hybridation. Pour autant, l’hybridation n’est pas une panacée en raison même de la compatibilité immunitaire des tissus, de la délimitation des frontières et des modifications du vécu corporel.
L’hybridation n’est pas une solution idéale à l’opposition entre les post-humains et les trans-humains. La normalisation sociale de l’hybridation pourrait remettre en cause les oppositions entre valide et handicap, normal et anormal : mais pour cette reconnaissance d’une catégorie de la mixité, la fragilité d’un corps mêlant deux cultures et techniques doit éviter la stigmatisation la réduisant à une norme déjà établie.
*RIFD : radio-identification, notamment par des puces électroniques implantées dans l’organisme.
*Chimère : ici hybridation humain-animal.
*Domotique : techniques visant à intégrer toutes sortes d’automatismes à l’habitation.
2) Miguel Benasayag, Organismes et Artefacts, éditions La Découverte/Jean-Paul Bayol, 2010
Dans son essai, le philosophe Miguel Benasayag s’interroge sur la notion d’« augmentation » de l’homme et se demande jusqu’où l’homme « amélioré » reste un homme.
Les chercheurs rationalistes qui cherchent à « améliorer » l’homme ignorent également largement un autre élément essentiel propre aux êtres vivants : c’est leur capacité à être affecté. Tout organisme est ce qu’il est non malgré le fait qu’il soit affecté par l’environnement et par sa nature propre, mais à la condition qu’il soit affecté. Etre, c’est être affecté, éprouver des affections*, et c’est là que résident la capacité et la possibilité d’agir d’un organisme. […] Prenons l’exemple de l’implant cochléaire*, artefact* proposé aux sourds pour retrouver l’audition, qui peut nous aider à penser les conséquences des possibilités d’« amélioration » de l’humain, en particulier les dimensions de complexité et de conflit que l’unidimensionnalité propre à la technologie laisse dans un angle mort. Grâce à une interface cerveau-machine, ce dispositif active les patterns* de la zone de l’audition dans le cortex cérébral, permettant à une personne au nerf auditif coupé de court-circuiter le mécanisme abîmé et de produire des images auditives dans son cerveau, donc d’entendre. Dès lors, si cet artefact résout le « problème » des sourds, comment ne pas s’en féliciter ? La réalité est pourtant un peu plus complexe. Toute personne sourde qui refuserait cette « chance » risque en effet de se trouver bientôt marginalisée : les écoles pour sourds, les émissions télévisées adaptées, tous les dispositifs créés à leur usage auraient vocation à disparaître dans une société ayant généralisé, d’une part, l’implant cochléaire et, d’autre part, le dépistage précoce (prénatal) de la surdité.
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