Analyse linéaire alcools le Pont Mirabeau Guillaume Apollinaire

INTRO :

Guillaume Apollinaire, auteur du début du XXe siècle a marqué l’évolution de la poésie. Il fait le choix de la modernité, écrivant au tout début d’Alcools “Je suis las de ce monde ancien”. Dans Alcools, initialement nommé Eau-de-vie, Apollinaire s'affranchit des règles de versification classique tout en s’inscrivant, néanmoins, dans une certaine modernité poétique. “Le pont Mirabeau” fait partie du groupe des 4 poèmes d’ouverture du recueil Alcools qui expriment la difficulté de vivre et d’aimer. Il illustre les thèmes de « la fuite du temps » et du « désamour » inscrits dans la tradition lyrique, en évoquant, avec discrétion, la rupture du poète avec l’artiste peintre Marie Laurencin (1912). Ce poème est également caractéristique du lyrisme particulier d’Apollinaire, qui mêle une apparence traditionnelle à une grande liberté syntaxique et formelle.

PROBLEMATIQUE :

Comment ce poème mêle-t-il tradition et modernité, fait-il un pont entre tradition et modernité ?

STRUCTURE :

I) v.1 à 6 : La fuite du temps et de l’amour

II) v.7 à 12 : Le désir de permanence

III) v.13 à 24 : La perte inéluctable

1. La fuite du temps et de l’amour

v.1 à 4 : Nous remarquons le lyrisme d’Apollinaire exprimé par le lexique des sentiments amoureux, v.2 « Et nos amours », mêlé à la peine v.4 « après la peine ». Le rapport à l’eau et au temps qui passe évoquée par l’eau qui coule sous les ponts est une marque du lyrisme. Le lyrisme est un thème traditionnel en poésie qu’Apollinaire va moderniser par notamment le fait qu’il n’y ai pas de ponctuation laissant place à de multiples interprétations et laissant au lecteur le choix du rythme de la lecture. Nous voyons au v.2 une ambiguïté de sens, le vers est coupé en deux : seul la Seine coule sous le pont. Cela évoque un amour rompu, deux personnes avant liées qui sont séparées aujourd’hui. Au départ les quatrains était des tercets décasyllabiques mais Apollinaire a décidé de couper le deuxième vers en deux ce qui accentue la rupture amoureuse avec Marie Laurencin. Le thème de l’eau est également évoqué grâce aux allitérations en M et en L qui sont des sons doux et fluides et qui font donc directement référence à l’eau et à son écoulement. On peut également faire un lien avec le titre du recueil Alcools.

v.5 à 6 : Nous remarquons que ce distique fonctionne comme un refrain qui est répété tout au long du poème ce qui donne au poème une forme cyclique très sensible, correspondant au mouvement cyclique et éternel de l’eau ou du temps.

1. Le désir de permanence

v.7 à 12 : Nous voyons un décalage entre la première strophe qui est marquée par de l’interrogation et la deuxième strophe. La présence d’impératif « restons », la présence du « nous » et l’image de l’union faites au v.9 : « Le pont de nos bras passe » montre plutôt une lutte contre la fuite du temps et de l’amour. Ici la métaphore du pont est très marquée « Le pont de nos bras passe » représente un lien très fort entre deux personnes, ce pont qui est évoquée est le moyen qui leur permet de se rejoindre. Le v.10 fait changer de sentiments, on remarque que la joie possible sombre dans la lassitude. Le distique marque un mouvement cyclique.

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