Transition écologique, développement durable...Vers une transformation des modèles économiques

Transition écologique, développement durable…Vers une transformation des modèles économiques ?

Depuis plus d’un mois nous connaissons une crise sanitaire sans précédents qui cause de nombreux dégâts économiques et financiers mais contre toutes attentes le Coronavirus pourrait avoir des points positifs. En effet les eaux redeviennent limpides à Venise, des dauphins ont été aperçus proches de la Sardaigne et les grandes villes redécouvrent le ciel bleu et le chant des oiseaux. Le ralentissement de notre économie offre alors à notre environnement un peu de répit et la Nature reprend petit à petit ses droits. Ces données sont bien loin d’être anecdotiques puisqu’en effet la Chine a réellement vu ses émissions de CO2 chuter et a connu une dégringolade de la pollution de son air. Des signes semblables ont été signalés en Italie, puis en Espagne, en France et même aux États-Unis. Nous nous apercevons donc que le bien-être de notre planète n’est pas compatible avec notre propre bien-être. Il apparaît donc comme inévitable le fait que nos systèmes économiques doivent changer pour redonner une chance à l’environnement et ainsi préserver notre espèce. Cependant s’il apparaît nécessaire à notre survie de préserver la Nature nous ne pouvons pas négliger la croissance et laisser la décroissance s’installer puisque si l’augmentation du PIB (produit intérieur brut) ne satisfait pas tout le monde, il est nécessaire au développement du genre humain et donc nécessaire à la découverte d’alternatives et de solutions pour combiner croissance économique et conscience écologique. Puisqu’en effet si notre mode de consommation a fait diminuer la branche du vivant de 67% en 10 ans, la pollution a aussi tué plus de 800 000 personnes en Europe l’année dernière^[1]. Le temps de la dénonciation est alors aboli et il nous faut aujourd’hui agir.

Aujourd’hui nous avons tous pris conscience que nous devons aller vers une transition économique. L’enjeu est donc de comprendre : comment devons-nous transformer nos modèles économiques pour que ces-derniers soient compatibles avec la préservation de l’environnement ? Nous allons essayer de répondre à cette question en faisant rapidement le tour des principaux discours entendus. Le sujet ne peut être traité que sur quelques pages mais nous essayerons d’apporter le plus d’informations possibles. Il est aussi important de préciser qu’ici les analyses portées se focalisent essentiellement sur des pays développés qui ont les ressources nécessaires pour prendre en considération l’environnement dans leur développement. Pour cela nous allons voir dans une première partie que la transition économique peut passer par une soutenabilité faible, où l’évolution sera progressive et aboutira à long terme à une transformation positive de l’impact environnemental. Dans un second temps nous verrons que le changement devrait se faire de manière radical pour réellement être efficace en particulier dans le peu de temps que nous avons, ici nous évoquerons donc la soutenabilité forte.

1. Une évolution progressive de nos modèles économiques

Nous allons commencer notre argumentation par développer l’idée d’une transformation progressive de nos manières de produire afin de conserver un certain niveau de croissance tout en améliorant l’impact environnemental de l’économie. Pour cela nous verrons dans une première partie qu’il existe une certaine conciliation entre croissance économique et conscience écologique passant par le progrès technique. En outre nous évoquerons la multitude d’instruments qui vont être mis en place afin d’assurer une politique climatique tout en préservant le développement des pays.

1. Une compatibilité des capitaux existante

Dans cette première partie nous allons démontrer que la préservation de l’environnement peut être entièrement compatible avec l’évolution de l’économie selon les tenants de la soutenabilité faible. En effet pour eux par croissance soutenable, ils entendent : transmettre le même stock de capital aux générations futures afin qu’elles n’aient pas de difficultés à survivre. Donc pour eux ce qui va être important est le capital global, soit celui naturel mais aussi physique, humain et institutionnel. De ce point de vue les capitaux deviennent substituables, c’est-à-dire que si le capital naturel est détruit ce n’est pas très grave puisque nous pouvons le remplacer par du capital physique. Nous pouvons illustrer ces propos par l’exemple de la pêche : la surpêche n’est pas un problème capital puisque si le nombre de poissons diminue nous pouvons toujours faire de l’aquaculture afin de combler le manque naturel. Un autre exemple peut résider dans l’utilisation du sable : si nous utilisons beaucoup de sable et que ce capital naturel diminue considérablement, ce n’est pas grave car le nombre de bâtiments, de routes donc de capital physique augmente. Au final le capital global restera le même et les générations futures n’auront alors plus aucune difficulté à se développer. C’est ici que va intervenir la règle de Hartwich qui est censée réguler le transfert de capital entre les générations, pour cela il va créer l’indicateur de la soutenabilité faible qui prétend que si pendant une année donnée l’augmentation du capital économique est au moins aussi importante que la dépréciation du capital naturel, alors le niveau de consommation est soutenable à long terme et les individus peuvent continuer sur le même modèle. Dans cette partie nous pouvons ajouter la foi qu’ont les économistes optimistes^[2] dans le progrès technique. En effet pour eux « la croissance n’est pas le problème, mais la solution »^[3] et cette hypothèse va être mis en image par la courbe de Kuznets qui illustre le développement d’un pays. Durant la première phase de développement économique d’un pays, il y a peu d’émissions polluantes car il y a une faible production, puis la pollution va atteindre un pic car l’industrialisation impose une forte pollution environnementale. Puis, avec l’augmentation du revenu les agents vont prendre conscience de l’impact sur l’environnement et vont alors transformer leur manière de consommer pour réduire ce pic. Un exemple assez parlant se trouve dans la modification des moteurs de voiture afin de les rendre moins polluants. En résumé la substitution des capitaux consiste à veiller à ce que la réduction du capital naturel soit compensée par une augmentation du capital créé par l’homme afin de conserver le même capital global pour les générations futures. Donc sous cette optique la croissance économique permet de garder constant le bien-être de la population. [pic 1]

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