La moyennisation de la société française

Il appuie sa thèse de la moyennisation sur plusieurs éléments.

• La croissance économique permet une augmentation continue des salaires et une diminution des inégalités salariales.

• Les grands collectifs, qui fédéraient des individus et étaient le ferment d'une conscience de classe, perdent de leur influence, voire disparaissent. L'Église, les syndicats et les partis politiques ont de moins en moins d'adhérents, et ont une influence de plus en plus réduite sur les modes de vie de la population française. Les modes de vie plus individualistes triomphent sur les classes sociales.

• La consommation de masse se développe, et il semble qu'à terme, tous les membres de la société auront accès aux mêmes possibilités de consommation. Il semble donc que les consommations soient de plus en homogènes et de moins en moins différenciées selon la position sociale.

• La propriété immobilière augmente. Grâce au développement du crédit aux particuliers, l'achat de logement se démocratise, et de plus en plus de travailleurs sont propriétaires de leur logement, alors qu'il s'agissait auparavant d'une prérogative des ménages bourgeois.

• L'enseignement se démocratise, de plus en plus d'individus ayant accès à des études relativement longues (jusqu'au lycée) et obtiennent le baccalauréat.

• La culture se démocratise et s'homogénéise, à la fois en termes de pratiques culturelles (de plus en plus d'individus ont des pratiques culturelles identiques comme regarder la télévision) et en termes de culture de groupes. En effet, les différences entre les modes de vie (qui sont des marqueurs de la culture d'un groupe social) diminuent. De plus en plus d'individus adoptent les mêmes normes et valeurs, dans de nombreux domaines. Ainsi, la cohabitation des jeunes couples avant le mariage se généralise, alors qu'elle était impensable dans le monde bourgeois du début du siècle.

• Les pratiques de sociabilité s'homogénéisent au sein d'une grande classe moyenne. Mendras prend l'exemple du barbecue, un type de pratique alimentaire et sociale qui se développe dans tous les milieux sociaux.

• La tertiarisation de l'emploi fait que des emplois se développent dans diverses strates sociales (des ouvriers aux grands cadres), sans que l'on puisse les attribuer à une classe particulière, et sans qu'une identité de classe unisse les travailleurs du tertiaire.

Il semble ainsi que se développe une vaste classe moyenne, définie négativement par Mendras comme l'ensemble des personnes ne faisant partie ni des classes supérieures qui cherchent à se distinguer par des pratiques particulières, ni des classes populaires.

Mendras représente cette moyennisation par un strobiloïde, graphique qui a pour ordonnées les niveaux de vie et en abscisse l'effectif d'individus qui ont ces niveaux de vie.

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