Y a-t-il eu moyennisation de la société ?
Dissertation : Y a-t-il eu moyennisation de la société ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kikifre • 27 Janvier 2013 • 730 Mots (3 Pages) • 1 056 Vues
Y a-t-il eu moyennisation de la société ?
En 1988, le sociologue Henri Mendras publie La Seconde Révolution française (1). Analysant les transformations de la société française entre 1965 et 1984, il met en évidence une transformation de la structure sociale. Avec la disparition de la société paysanne traditionnelle, l’« embourgeoisement » des ouvriers, qui représentent une part décroissante de la population active, et le gonflement d’une vaste classe moyenne, on ne peut plus selon lui représenter la société sous la forme classique d’une pyramide. D’autant que les inégalités de salaire tendent à se résorber, que l’emploi féminin progresse, que de nouveaux métiers apparaissent, que les situations familiales se diversifient… Autant de facteurs qui favorisent un certain « émiettement des classes ». Il propose un schéma en forme de toupie (ci-contre) dans lequel, hormis une petite élite (3 % de la population) et une frange d’« exclus » (7 %), la société française se regrouperait au sein d’un vaste centre. À côté d’une vaste « constellation populaire » rassemblant 50 % de la population, H. Mendras dessine une « constellation centrale » (25 %) en forte expansion, notamment les cadres. Caractérisée par une mobilité sociale intense, cette constellation serait un lieu d’innovations sociales qui se diffuseraient à l’ensemble d’une société aux frontières entre groupes moins rigides. Le sociologue prend l’exemple fameux du barbecue, forme conviviale et décontractée de repas entre amis, lancé par la constellation centrale et adopté par tous, même si les modalités de cette pratique varient.
Séduisante, cette perspective a néanmoins été remise en cause car les tendances sur lesquelles elles s’appuyaient se sont essoufflées. S’il existait bien une dynamique de réduction des écarts de salaire durant les trente glorieuses, on constate depuis 1975 une stagnation en la matière, tandis que l’on réévalue l’importance des revenus, très inégalitaires, du patrimoine. Des biens de consommation comme l’ordinateur restent difficilement accessibles aux plus modestes, et l’on note des profils de consommation culturelle nettement différenciés entre groupes sociaux. Théâtre, lecture et visites de musée restent l’apanage des cadres et professions intellectuelles supérieures. Enfin, l’univers du travail continue d’opposer le travail des cadres (autonomie, valorisation des compétences) et celui des ouvriers et employés (dépendance et soumission). n
(1) Henri Mendras, La Seconde Révolution française, 1988, Gallimard, coll. « Folio essais », 1994.
Sont-elles en crise ?
Dans un essai qui a fait grand bruit, Les Classes moyennes à la dérive (1), le sociologue Louis Chauvel a souligné le risque de déclassement qui frappe aujourd’hui les enfants des classes moyennes (entretien p. 22). Il souligne en effet que la génération du baby-boom a profité d’une conjoncture économique exceptionnelle. Plein emploi, nombreux recrutements au sein d’une fonction publique croissante, augmentation de salaires de 4 % par an, système de protection sociale généreux… Tout cela a permis à de nombreux individus d’accéder à des positions de classe moyenne en rentabilisant au
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