Texte de Malebranche

A travers ce texte, Malebranche nous invite à réfléchir sur l’éventuelle existence d’une Raison Universelle où l’homme peut puiser la vérité à condition qu’il sache l’atteindre par une forme d’introspection (en « rentrant dans lui-même »). Dans une première partie, au travers d’exemples, il fonde cette théorie puis dans une deuxième partie, il y oppose l’aveuglement de la passion qui tend l’homme à s’éloigner de cette raison universelle qu’il qualifie de souveraine. Quels arguments apporte l’auteur en faveur de cette théorie ?

Alors que l’on oppose en général l’exactitude des mathématiques au relativisme des valeurs morales, Malebranche ne fait pas cette distinction et affirme qu’il est « certain qu’il n’y a point d’homme au monde qui ne puisse voir aussi bien que » lui que deux fois deux font quatre (évidence mathématique) mais aussi qu’il « faut préférer son ami à son chien » (valeur morale). A partir de cette affirmation, l’auteur s’interroge : comment peut-il y avoir un accord de pensée entre tous les hommes sur certaines vérités ? En partant du constat que « ces vérités il ne peux pas les voir dans l’esprit de l’autre » et inversement, on serait tenté de soutenir « à chacun sa vérité », mais pour Malebranche, étant donné qu’elles apparaissent comme des évidences même pour des hommes d’une culture radicalement différente comme les chinois, il affirme l’existence d’une sorte d’entité qu’il nomme Raison Universelle qui fonderait toutes les vérités («…car si la raison que je consulte, n’était pas la même qui répond aux chinois il est évident que je ne pourrais pas être assuré que je le suis, que les chinois voient les mêmes vérités que je vois. »). Cette Raison Universelle selon l’auteur est nécessaire : son rôle est d’éclairer l’homme et le faire accéder à la lumière, à la vérité (« il est nécessaire qu’il existe une Raison Universelle qui m’éclaire et tout ce qu’il y a d’intelligences»).

Malebranche ajoute ensuite une condition d’accès à cette Raison d’Universelle : la clé, pour lui, est de « rentrer dans nous-mêmes ». Mais que veut dire « rentrer dans nous-mêmes » ? L’auteur n’apporte pas plus de précisions dans le texte. Est-ce parvenir à un état d’objectivité, à analyser les choses tête reposée, avec du recul ? Cela supposerait aussi une très bonne connaissance de nous-mêmes… « Rentrer en nous-mêmes », cela fait penser à une forme de méditation, une exploration intérieure qui donnerait l’accès aux vérités universelles. Pour Malebranche ; la vérité est donc à l’intérieur de nous, l’homme doit chercher à déterminer si ce qu’il pense est valable universellement ou non.

Dans un deuxième temps, Malebranche va opposer à cette raison universelle aux raisons dites « passionnelles » de tout en chacun (« Je dis : quand nous rentrons dans nous-mêmes car je ne parle pas ici de la raison que suit un homme passionné. ») . L’homme passionné suit également une raison qui le fait agir ou penser en particulier et qui ne représente pas la vérité. Malebranche donne un exemple moral : l’homme passionné préfère par exemple la vie de son cheval à celle de son cocher. C’est l’inverse du premier exemple qui impliquait une préférence pour l’humain plutôt que l’animal.

...