Philosophie - Dissertation : Faut-il être fou pour désirer l’impossible ?
Dissertation : Philosophie - Dissertation : Faut-il être fou pour désirer l’impossible ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar toscoir • 6 Mai 2018 • Dissertation • 1 847 Mots (8 Pages) • 1 090 Vues
Philosophie
Tous les Hommes désirent. C’est ce qui, pour certains philosophes les différencie des animaux. Tout d’abord définissons le désir comme un manque, comme l’effort fait pour combler ce manque. Mais les Hommes sont tous différents les uns des autres et ils ne désirent pas tous la même chose. Si certains ont des désirs qui pourraient être qualifiés de « simples » c’est-à-dire faciles à réaliser, d’autres Hommes désirent un objet inatteignable, une action utopique ou un lieu inaccessible, d’autres Hommes désirent l’impossible. Mais nous pouvons déjà nous interroger sur le sens de « impossible », car il peut être absolu au sens d’absolument impossible, et donc aboutir dans tous les cas à un échec du désir et une déception. Mais il peut aussi être relatif, en effet nous pourrions qualifier d’impossible quelque chose qui nous semble l’être et qui finalement ne l’est pas. La folie quant à elle peut prendre beaucoup de formes et de définitions, nous la prendrons ici comme le fait d’agir contre la raison, la prudence et la modération ; d’agir de manière insensé. Il semble évident que désirer un chose impossible mènera forcement à l’échec de l’accomplissent du désir, et à la déception. Mais à l’inverse si ce désir était un désir de l’impossible relatif et que le désirant atteint son but, il pourrait être l’Homme le plus heureux du monde; mais pour atteindre cet état, il faut risquer de tout perdre et d’être continuellement déçu. Alors la question que nous pourrions nous poser serait : Faut-il être fou pour désirer l’impossible ?
Il parait évident que pour désirer quelque chose que nous ne pourrons jamais atteindre il faut être fou ; car il ne faut pas être raisonnable pour désirer quelque chose d’impossible à avoir, et supporter d’être continuellement déçu et dans le manque de cette chose que nous désirons. Ce qui implique donc de souffrir tant que nous désirons. Cela s’applique pour les désirs impossibles de façon absolue. Mais si nous désirons un impossible relatif cela ne nous garantit pas de réussir à atteindre notre désir, et même si nous parvenions à l’accomplir nous ne serions pas forcement comblé pour l’accomplissement de ce désir. Selon Schopenhauer « le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir », c’est-à-dire que même si nous réalisions notre désir qui nous a tant fait souffrir, un autre désir apparaitrait ce qui nous replongerais dans un cycle de tourment et de manque. En plus de cela Schopenhauer affirme aussi que « le désir est long, et ses exigences tendent à l’infini ; la satisfaction est courte, et elle est parcimonieusement mesurée ». Il veut dire par là que aussi longue aura été notre peine, le plaisir que nous procurera l’accomplissement de ce désir sera infime. De ce point de vue déjà nous pouvons affirmer que pour vouloir souffrir longtemps pour peu de satisfaction, voire aucune il faut agir contre la raison, comme le font les fous.
Mais les actions insensées des fous s’expliquent pour certains par un problème mental et/ou psychique, cette théorie se développe particulièrement dans les hypothèses de Freud selon lesquelles nos désirs sont régis par deux principes : le principe de plaisir qui créé tous nos désirs, qui est le seul principe inné que nous avons, celui qui nous anime jusqu’à nos 3 ans environs. Puis vers cet âge nous développons un deuxième principe lorsque nous prenons conscience du monde autour de nous et que nous apprenons que nous ne pouvons pas tout désirer, que certaines choses sont interdites par la société ou tout simplement impossible à atteindre, ce principe est le principe de réalité. Ce principe vat filtrer les désirs que créé le principe de plaisir, laisser passer vers notre conscient les désirs réalisables et acceptables et envoyer les autres vers notre inconscient. Donc selon les théories de Freud, un désir de l’impossible, qu’il soit absolu ou relatif, pourrait être dû à un dysfonctionnement de notre principe de réalité qui aurait laissé filtrer un désir qui n’aurait pas dû passer dans le conscient du fait de son irréalisabilité. Ce dysfonctionnement peut être qualifié comme une aliénation mentale, ce qui nous ramène donc à une forme de folie.
Un autre philosophe selon lequel il faut être fou pour désirer l’impossible c’est Epicure, qui certifie que pour être heureux il faut savoir se contenter de désirs simples. Pour lui, le désir se trouve dans l’ataraxie, qui peut se définir comme l’inverse d’une vie de débauche et de désir, par l’absence de trouble. Pour Epicure être heureux c’est avoir une vie sereine, au repos, sans stress et pour cela il faut éviter les deux types de troubles : les troubles physiques que sont la douleur, la maladie etc. et surtout les troubles psychologiques. Or un désir que nous ne pouvons pas réaliser nous apporte ces troubles dans le manque et la non satisfaction du désir. Donc pour Epicure désirer l’impossible reviendrait au même que de désirer ne pas être heureux, ce qui est évidement un comportement insensé, définition même de la folie.
Nous avons montré que le désir d’une chose impossible est une chose dont seul les fous sont capables mais dans toute les démonstrations le désir est vu comme une chose négative, à plus ou moins grande ampleur mais cet avis reste-il le même si nous montrons le désir comme une chose positive, comme un puissance de vie, de joie et de force créatrice ? Spinoza et Rousseau voient de désir de cette façon.
Nous avons toujours considéré le désir à partir d’un manque que le désir vient combler, ce qui est une conception négative du désir. Spinoza dit que certes pour désirer il faut manquer mais ce qui compte dans le désir ce n’est pas le manque mais l’effort fait pour réaliser le désir. Le désir est l’origine et le moteur du dynamisme de la vie, de notre existence. Le désir est l’expression de notre conatus qui est notre tendance à persévérer dans son être. Persévérer c’est ne pas se conserver, c’est aller toujours plus loin, c’est évoluer. Le désir est une force active, une puissance pour avancer. Alors nous pouvons supposer que désirer quelque chose de beaucoup plus lointain et compliqué à atteindre nous pousserait à agir plus, ce qui forcement est positif pour notre vie et son avancement. De plus selon Spinoza la joie ne viens pas de la satisfaction du désir mais de l’effort fait pour satisfaire notre désir ; c’est le sentiment d’augmentation de notre puissance. Nous pouvons alors penser que plus un désir est difficile à atteindre plus l’effort à fournir pour l’atteindre est grand et donc le plaisir que nous ressentirions dans cet effort sera plus intense. Le désir est l’essence de l’homme car le désir est notre moteur, le désir d’arriver à notre fin nous pousse à agir, à changer, augmenter nos capacités.
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