Exemple de dissertation: Faut-il penser à la mort ?
Rapports de Stage : Exemple de dissertation: Faut-il penser à la mort ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tata52 • 9 Février 2013 • 2 597 Mots (11 Pages) • 1 128 Vues
Voici un exemple de dissertation d'un bon niveau de terminale. Elle n'est pas parfaite mais elle peut vous servir à plusieurs titres:
- vous montrer concrètement "à quoi ressemble" un devoir de philo,
- vous montrer un travail cohérent parce qu'il présente une pensée qui déroule sa propre nécessité (à partir d'une analyse du sujet et de définitions et concepts explicites).
Selon Kant, penser c’est « connaitre par concepts et juger ». Dans ce cas, pour penser à la mort l’homme ne semble pas avoir de données suffisantes. La penser de la mort pose un problème de logique : comment dire ce à quoi nous pensons lorsque nous pensons à la mort ? Nous pouvons uniquement répondre que nous songeons à cette idée intuitivement comprise par tous sous le nom de « mort ». La mort semble être une notion nulle, méconnaissable puisqu’elle est irréalisable par excellence. Pour que la mort puisse être un objet de réflexion pour notre pensée, il faudrait que nous puissions la juger et nous la représenter en esprit. Le problème est donc qu’une fois la mort venue nous ne pouvons pas être les témoins de notre propre absence pour enfin objectiver la mort.
Il est légitime de se demander s’il faut alors penser à la mort dans cette mesure où la notion même de mort présente un problème de conceptualisation : il nous est impossible de « connaitre par concepts et juger » la mort.
L’enjeu est donc de savoir si la pensée de la mort possède un objet si l’on veut déterminer si oui ou non il faut y penser. Il est nécessaire une fois cette question réglée de déterminer quels types de nécessités ou de devoirs pourraient impliquer la pensée de la mort.
****
Au sens strict, la mort n’est rien d’autre que la cessation de la vie, c’est-à-dire relativement à nous, de l’existence humaine ou de l’histoire de l’individu. Ainsi si l’on considère la mort comme un objet, son contenu est alors nul. Elle n’est rien puisqu’elle est la fin de toutes choses réelles pour nous.
En effet, nos sens ne peuvent d’aucune manière percevoir la mort : ou bien j’existe, et je n’ai donc pas encore rencontré la mort ou bien la mort est déjà là et je ne suis puis présent pour m’en apercevoir. Comme le note Jankélévitch « la première personne du singulier ne peut conjuguer « mourir » qu’au futur » (La mort). Parce qu’elle ne peut faire l’objet d’aucune expérience, la mort est impensable par excellence. La mort serait donc une sorte de « point hors sensation » dont la reconnaissance, selon Epicure (Lettre à Ménécée), permettrait d’exorciser l’angoisse humaine qui oppresse en mettant les hommes face à leur mort inévitable. L’angoisse empêche les hommes de se faire à l’idée de leur mort. La position empiriste d’Epicure pour qui « tout bien et tout mal résident dans la sensation » montre que la mort n’est rien puisqu’elle échappe à la réalité, c’est-à-dire à la vie dans laquelle nous sommes ancrés.
La mort n’est pas un objet de réflexion puisqu’elle revêt un caractère absurde. Les hommes veulent naturellement chercher un sens à la mort mais ils sont confrontés à son non-sens. Ainsi la mort nous surprend à n’importe quel moment de la vie. En cherchant un sens à la mort nous pourrions d’abord penser que la vie n’a de sens que parce que nous disposons d’un temps fini. C’est pourquoi la mort d’un vieillard chargé d’années peut apparaitre comme le point final ou le dernier accord d’une existence heureuse. Au contraire, cette position est ébranlée par des exemples tels que la mort d’un être jeune qui est toujours tragique et semble ôter tout sens à la vie. C’est ainsi que Sartre défie la thèse de nombreux poètes ou de romanciers qui décrivent la mort comme le couronnement de la vie ou l’acte final de qui donnerait à la vie toute sa signification. Il compare ainsi l’homme à un « condamné à mort qui se prépare bravement au dernier supplice, qui met tous ses soins à faire belle figure sur l’échafaud, et qui entre temps est enlevé par une grippe espagnole». (L’être et le néant). L’imprévisibilité de la mort participe ainsi de son absurdité, remettant en question la nécessité de la réflexion sur son sens.
En effet, on peut s’interroger sur une telle nécessité. Pourquoi penser à la mort si la mort est impensable ? Est-ce réellement une nécessité ? Si nous étudions l’étymologie du terme « nécessité » qui est le latin « necessitas » nous pouvons nous rendre compte que sa signification implique une exigence logique. Ce qui voudrait dire que s’il faut penser la mort ce serait par nécessité logique, ce qui semble difficile d’après ce que nous avons constaté précédemment. Ainsi, ce qui nous pouvons affirmer dans un premier temps c’est qu’il n’y a simplement pas de sens à penser l’impensable et que par conséquent la pensée de ne la mort n’est pas nécessaire. Néanmoins dans ce cas pourquoi y pensons-nous effectivement ?
****
La pensée de la mort comme nous l’avons constaté précédemment ne semble pas avoir d’objet, et donc semble, pour cette raison, être aussi absurde. Mais le fait est que l’homme y pense indubitablement, nécessairement et que s’il n’est pas témoin de sa propre absence, il l’est en tout cas de celle des autres. S’il ne semble pas logique de penser à la mort, tout simplement parce qu’elle est inconnaissable, reste qu’il existe d’autres types d’exigences qui font que nous pensons à la mort.
La première est sans doute que les hommes ne supportent pas le mystère. Alors à défaut d’expliquer la mort, ils essaient de l’interpréter. Ainsi, dans la religion elle est la conséquence d’une transgression : le péché originel. La mort serait une sanction invérifiable. Les hommes manifestent par leurs interprétations de la mort un désir de rendre logique ce qui leur est incompréhensible. Ainsi il faut penser la mort pour la raison que nous y sommes contraints car nous avons conscience de notre propre mort. Mais le problème est qu’en pensant à la mort de cette manière nous ne faisons que formuler ce dont nous avons conscience de n’être que des interprétations ou des croyances. Mais si nous pensons objectivement
...