Peut-on renoncer à sa liberté ?
Dissertation : Peut-on renoncer à sa liberté ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar keroas • 11 Février 2017 • Dissertation • 1 782 Mots (8 Pages) • 4 903 Vues
PHILOSOPHIE TERMINALE
Sujet de dissertation : Peut-on renoncer à sa liberté ?
Nous sommes en – 399 av JC. Socrate vient d’être condamné à mort suite à des accusations absurdes. Son ami Criton lui rend visite en prison et essaie de le convaincre de s'échapper discrètement avec l’aide de ses disciples. Socrate refuse, imaginant ce que lui diraient les lois, sans qui il ne serait rien, s'il les violait en s'échappant. Il conclut que l’évasion constituerait une ingratitude envers ces lois qui l’ont éduqué et façonné pour devenir Socrate. Il a préféré se soumettre à une condamnation injuste que de prendre la fuite, renoncer à sa liberté plutôt que de vivre sans dignité. Mais peut-on renoncer à sa liberté ? Poser la question semble paradoxal aujourd’hui en Occident. En effet on ne peut douter que la réponse unanime à cette question provocatrice soit négative. Ne dit-on pas que les générations antérieures se sont battues pour cette précieuse liberté ? N’était-ce pas le slogan des révolutionnaires de 1789 ? La liberté se présente ainsi comme un bien ultime.
Mais on ne peut renoncer à un bien que pour un autre bien estimé supérieur. Le sujet apparait ainsi dans ses difficultés. Nous devrons tout d’abord définir ce qu’on entend par liberté. Nous découvrirons alors plusieurs types de liberté : sont-elles toutes un bien supérieur (partie I) ? Mais quelle serait donc cette vraie liberté, à laquelle on ne saurait peut-être jamais renoncer (partie II) ? N’existe-t-il pas en effet une forme de liberté secondaire qu’on pourrait perdre sans préjudice à notre dignité (partie III) ?
Partie 1 : Qu’est-ce que cette propriété de la vie humaine ?
Sans doute devons-nous ici avancer pas à pas avec autant de précision que possible. Au plan éthico-politique, proprement humain donc, car les animaux ne l’auraient point, n’est-elle pas cette conscience qui hiérarchise le bien et le moindre mal ? On pourrait en effet dire qu’être libre, c’est accomplir son être de façon saturante, pleine. Se mouvoir vers son bonheur propre à notre nature commune aux être de notre espèce ? En étant nous-mêmes, ne sommes-nous pas en pleine maîtrise de nous-mêmes, et donc libres ?
Un homme malheureux se sent-il libre ? N’est-il pas en effet esclave d’une multitude de désirs irréalisables ? Mais comment l’être humain peut-il s’épanouir, autrement dit réaliser son bien ? L’être humain en effet est une personne dotée d’un esprit qui le distingue des animaux, avec ses facultés d’intelligence et de volonté. Cette intelligence cherche à définir par induction ce bien supérieur auquel nous devons tendre car il dépasserait notre appétit singulier. Par induction, certains de ces biens nous plaisent sensiblement car ils produisent en nous une sensation agréable et donc attirante.
Mais cet appétit est-il souhaitable en toute circonstance ? Si une mère, ayant faim, dévore un morceau de pain devant son enfant en ne le partageant pas, elle aurait satisfait à un plaisir immédiat. Cet acte ne va-t-il pas engendrer en elle un malaise ? Et si au contraire elle le partage en analysant rationnellement la situation, sa conscience morale n’en sera-t-elle pas plus comblée ? Peut-être bien plus encore si elle en fait le sacrifice totale ? N’aurait-elle pas le sentiment intérieur d’avoir accompli un acte bon ? Quelque chose de bien ? Car le bien d’une autre personne, en l’occurrence son enfant, n’apparait-il pas supérieur à son plaisir immédiat ? Ne constate-t-on pas ici une liberté, accompagnée de conscience morale, et donc de jugement intelligent, qui ne fait pas n’importe quoi, mais agit dans une certaine direction ? Il ne s’agit pas ici de faire ce qu’on veut quand on veut mais de choisir ce que nous vivons comme un bien objectif, finalement plus comblant que le plaisir passager. N’a-t-on pas agit ici dans la vérité des choses ? Ne s’agit-il pas ici d’une liberté profonde ? Suivre sa conscience porte à agir en liberté profonde. Mettre la liberté secondaire au service de la liberté première, profonde, réalisant elle-même la finalité humaine ? Quelle est donc cette vraie liberté ?
Partie 2 : De quelle liberté parle-t-on ?
En effet, cette définition de la liberté profonde est loin d’être partagée par la plupart des auteurs qui font autorité en Occident, particulièrement depuis la Renaissance.
On peut ainsi entendre encore certains auteurs nous affirmer que la liberté est agir de façon inconditionnelle, de sorte qu’on ferait ce qu’on veut quand on veut. Ne s’agit-il pas ici de la liberté de l’artiste qui reste assurément maître de son œuvre ? Car la seule maîtrise qui l’habite est celle de son projet intérieur. Pouvoir gérer sa vie ainsi, usant de ses talents naturels et avec une autonomie économique, est un idéal d’indépendance individuelle aujourd’hui partagé en Occident.
Cette tendance ne va-t-elle pas jusqu’à ambitionner de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal ? Mais, de concert avec quelques auteurs, certes minoritaires, ne peut-on pas renoncer à cette liberté imaginée « absolue » pour n’en faire qu’un moyen ? La vraie liberté n’est-elle pas l’action selon la droiture du cœur, indice de la plénitude de la nature humaine ? Peut-on envisager un homme heureux d’avoir trahi la parole donnée ? Ne voit-on pas au contraire des personnes prêtes à perdre une partie de leur liberté pour rester fidèle à un engagement promis ?
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