Peut-on préférer le bonheur à la vérité ?
Dissertation : Peut-on préférer le bonheur à la vérité ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mrgatk • 26 Septembre 2017 • Dissertation • 3 577 Mots (15 Pages) • 2 741 Vues
Dissertation_Peut-on préférer le bonheur à la vérité ?
Exercice rapide de définition
Bonheur :
Etat subjectif de bien-être
Etat subjectif/sentiment de satisfaction ou de joie qui fait que la vie elle-même a du sens, est considérée
comme bonne.
(antique) Vie bonne
Peut-on ?
Est-ce possible ?
Est-ce intelligent ?
A-t-on le droit ?
La vérité ?
Ici : la connaissance de ce qui est
S’oppose à la non-connaissance (l’ignorance) / l’illusion / le mensonge
Préférer ?
Choisir l’un plutôt que l’autre
Refuser / ne pas chercher la vérité en vue du bonheur -> refuser l’un pour avoir l’autre. Suppose l’existence
d’une alternative. Suppose qu’il ne soit pas possible d’avoir les deux. Problématique
Introduction
La vérité peut être dérangeante pour notre bien-être. On peut préférer dissimuler la vérité sur l’état de santé d’un proche pour préserver quelques mois d’insouciance. On peut aussi être tenté de fermer les yeux sur la réalité qui nous entoure pour préserver la bulle heureuse dans laquelle nous vivons. Voir la vérité en face peut être douloureux, chercher la vérité peut être déstabilisant, dire la vérité peut être blessant. Ne faut-il donc pas parfois laisser la vérité de côté pour assurer à soi-même et aux autres l’absence de trouble qui semble nécessaire au bonheur que l’on recherche ?
Mais en même temps, y a-t-il un bonheur possible qui se fonderait quasi-délibérément sur l’illusion ? Il semble que nous ne puissions pas être dupes de bonne foi d’une illusion ou d’une ignorance choisie. Le bonheur qui en résulterait ne pourrait être autre chose qu’un bonheur factice, qui si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, ne nous satisfait jamais complètement. Et plus profondément, avons-nous le droit de refuser la vérité au nom d’une recherche de bien-être ? Se demander si on le peut, c’est en effet non seulement se demander si cela est possible, mais aussi si cela est légitime. On pourrait même réduire l’équivocité du « peut-on » de la question en considérant que ce qui est moralement interdit ne fait pas partie pour nous, en tant qu’être moral, du champ des possibles qui s’offrent à notre liberté.
Mais nous ne sommes pas obligés de nous arrêter à l’interdit moral du mensonge, ou l’obligation morale d’une recherche de la vérité, qui fait nécessairement passer, dans l’ordre du choix, la vérité avant le bonheur. En effet, le sujet pose une alternative qu’il nous faut remettre en question si nous voulons interroger plus profondément les rapports entre la vérité et le bonheur. La vérité n’est-elle pas nécessaire au bonheur ? Ne faut-il pas la considérer non pas simplement comme un mal inéluctable, mais au contraire comme le cadre nécessaire pour que l’action, les paroles, les relations, les choix aient du sens, comme la réalité dans laquelle peut se construire et se tisser une vie sensée, cohérente, une vie bonne au sens plein du terme, une vie qui n’exclut pas la souffrance mais peut l’intégrer ? Cela nous oblige ainsi à reconsidérer la notion de bonheur.
Deux plans sont possibles. (On pourrait même en construire d’autres) Plan progressif :
I. Il semble impossible de choisir de bonne foi l’illusion / l’ignorance
II. Il n’est pas légitime de refuser la vérité, et le bonheur, s’il est accomplissement de la vie humaine, inclut nécessairement la moralité
III. La vérité seule rend libre et ce n’est que dans la vérité que se construit le bonheur Plan dialectique :
I. La conscience de la vérité peut-être cause de souffrance. La souffrance n’est pas désirable par elle-même et semble s’opposer par définition au bonheur. On peut donc, et cela semble raisonnable, préférer parfois le bonheur à la connaissance de la vérité.
II. Mais ce choix-là n’est pas légitime. Nous n’avons pas le droit de refuser la vérité, que ce soit par le mensonge, par l’illusion volontairement recherchée, ou par l’ignorance confortable, et ceci même si cela doit apparemment nous empêcher d’être heureux.
III. Refuser la vérité au nom du bonheur risque de nous faire passer à côté de ce qui constitue vraiment le bonheur : non pas simplement un sentiment de bien-être, mais la conscience d’une vie accomplie, qui ait du sens, ce qui inclut la conscience de la réalité qui nous entoure et l’intégration – et non la négation – de la souffrance.
Je choisis ici le plan dialectique. Formulé sous forme d’annonce de plan, cela donne :
Nous montrerons donc dans une première partie comment, pour éviter la souffrance, on peut parfois être amené à refuser la connaissance, la recherche ou la communication de la vérité. Mais nous montrerons dans une deuxième partie que ce choix n’est pas légitime, que nous n’avons pas le droit de refuser la vérité, et ceci même si cela doit apparemment nous empêcher d’être heureux. Ceci nous amènera à devoir reconsidérer dans une troisième partie le rapport entre vérité et bonheur, et ainsi à approfondir la compréhension que nous avons de ce dernier.
*** (I.)
La conscience de la vérité peut-être cause de souffrance. La souffrance n’est pas désirable par elle-même et semble s’opposer par définition au bonheur. On peut donc, et cela semble raisonnable, préférer parfois le bonheur à la connaissance de la vérité.
Platon dans l’allégorie de la Caverne présente de manière dramatique la situation des prisonniers : enfermés dans l’illusion, ne percevant que des ombres, enchaînés et à la merci des manipulations des montreurs de marionnettes. Leur condition semble d’autant plus à plaindre qu’ils ne sont même pas conscients de l’état d’ignorance et de captivité dans lequel ils sont. Mais justement, si nous nous glissons dans leur point de vue subjectif, leur condition est-elle vraiment si peu enviable ?
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