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Peut-on ne pas être soi-même ?

Dissertation : Peut-on ne pas être soi-même ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Décembre 2017  •  Dissertation  •  1 567 Mots (7 Pages)  •  2 961 Vues

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SUJET : Peut-on ne pas être soi-même ?

        L’expression « soi-même » renvoie à la notion d’identité personnelle et implique une connaissance de soi, de ses pensées et de ses actes. Il faut d’abord distinguer être soi-même et paraître soi-même. En effet, il est toujours possible de paraître ce qu’on n’est pas. Le mensonge et le jeu de l’acteur qui s’y apparente le montrent. Lorsque je mens sur moi, je donne aux autres une représentation de moi dont j’ai conscience qu’elle n’est pas moi. Ainsi de l’exemple du garçon de café qui joue à être garçon de café, à se fondre dans ce rôle : comme le rappelle Sartre, ses gestes sont automatisée, ils sont exécutés à la manière d’une machine «imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate», «des mécanismes». Il mime le garçon de café, oubliant d’être lui-même, un homme. Cependant, le fait de paraître de ne plus être soi-même et à l’origine d’une décision d'un soi originel auquel est rattaché toute la conscience. S’il y a le choix, alors il y a aptitude à discerner le bien du mal, l’avantageux du désavantageux, le facile du difficile. Un acteur va prendre l’identité d’un autre pour mieux représenter le soi de son personnage mais son propre soi originel reste là au plus profond de lui. Il n’est donc pas possible de se détacher de son soi. Non seulement on ne peut donc pas être autre chose que ce qu’on a décidé d’être et cela parce qu’on ne peut se sentir être autre chose que soi-même y compris sous l’influence de la société ou bien de la passion. La possibilité donc de ne pas être soi-même est une contradiction logique : il serait absurde de dire que A n’est pas égal à A.
        Par ailleurs, une personnalité a une conscience, et c’est ce qui la distingue d’une chose. À partir du moment où l’on a conscience de son existence, on est conscient de soi. John Locke dans son
Essai philosophique concernant l’entendement humain, soutient que l’individu doit être conçu comme « un être pensant et intelligent doué de raison et de réflexion et qui peut se considérer soi-même comme une même chose pensante en différents temps et lieux ». Dès que je pense je sais que je pense, dès que j’ai une idée j’ai aussitôt conscience de cette pensée. La pensée et la conscience sont simultanées. Locke reprend l’argument : « la conscience accompagne toujours la pensée », car « il est impossible à quelqu’un de percevoir sans percevoir aussi qu’il perçoit ». Ainsi, il parait impossible de ne pas être soi-même, dès lors que chaque individu à accès a sa conscience.
        « Être soi-même » c’est donc avoir conscience de son identité. Il y a quelque chose en moi, ce « moi » qui reste identique à soi, malgré tout ce qui change en moi. « Être soi-même » renvoie donc à l’idée d’un sujet. Quand on affirme « je me connais moi-même », cela illustre l’idée d’une conscience qui fait retour sur elle-même et qui élabore un rapport direct avec sa propre identité. Je sais que je suis et ce dont je suis car j’ai la connaissance de mes actes et de mes pensées. Ainsi, être soi-même se résume à être une conscience. Par conséquent, il semble que l’on soit toujours soi-même. Ce sentiment s’appuie sur la mémoire qui fait la continuité de mon identité, qui fait que j’ai une identité et une seule : je ne peux pas ne pas être moi car je ne peux pas devenir un autre. Cette analyse est aussi celle de Locke. La personne a le sentiment d’être une et la même tant qu’elle a conscience d’elle-même et cette conscience présente de moi-même était aussi ce qui me caractérisait hier, c’est en définitive à la mémoire que je dois la certitude d’être ce que je suis et pas un autre. Et cette thèse est soutenue par deux points fondamentaux : l’affirmation de soi à l’égard des autres et la connaissance de soi.
Pourtant, dans de nombreuses circonstances nous avons le sentiment de ne plus nous reconnaître. Un homme est un être pensant, par conséquent, il ne contrôle pas ses désirs et ses pensées. Ceux-ci vont intégrer sa conscience contre sa volonté.

        Ne pas être ce que nous sommes, signifie que nous sommes libres, que nous pouvons à tout moment choisir ce que nous voulons être. Sartre atteste dans son texte L’existentialisme est un humanisme, que l’existence précède l’essence. En ce qui concerne l’existentialisme, c’est l’homme qui va créer l’essence et ce sont donc ses actes qui vont l’aider à se définir. Il aura donc une grande liberté vis-à-vis de sa propre vie « l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde et il se définit après ». Chaque individu, en agissant, acquiert de nouvelles expériences qui iront intégrer sa conscience, il pourra alors déterminer ou faire évoluer sa nouvelle identité. La conscience n’est donc pas un élément figé. Elle dépend des actions de l’homme, de son comportement, de ses relations avec les autres et des leçons tirées de son expérience. Il semble donc possible de ne pas être soi-même. Mais les hommes devant la liberté se réfugient dans les conduites de mauvaise foi. La mauvaise foi nous apprend Sartre est un mensonge à soi-même et un mensonge aux autres. C’est le refus d’admettre que ce que je suis devenu, c’est aussi bien moi que ce que j’étais. Par exemple dans L’être et le néant nous avons un garçon qui joue parfaitement son rôle de « garçon de café », pour se persuader qu’il est ce qu’il joue à être. Le jeu des gestes exécutés « il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis », « joue avec sa condition pour la réaliser » permet d’effacer, de lui faire oublier qu’il s’agit d’un rôle. Dans ce cas, on est alors plus soi-même et nous jouons à être quelqu’un. Parfois, on ne réussit pas à être authentiquement soi. Je n’ai pas le droit d’exprimer le moi ou je n’ose pas l’exprimer en présence d’autrui. En conséquence, ces contraintes empêchent d'être soi-même : on a un comportement différent de celui que l’on a habituellement ou bien le manque de liberté ne nous permet pas de l’exprimer totalement.
        L’individu peut, dans certains cas perdre ses moyens, sa volonté, sa conscience, son identité ce qui revient à perdre son soi. Certains éléments nous amènent à ne pas être soi-même. Par exemple, je suis moi-même lorsque je ne me laisse pas emporter par la colère, la vengeance ou la passion. « Être hors de soi », « être fou d’amour » sont des expressions qui témoignent de la possibilité de sortir de soi. L’un des principaux facteurs de cet état réside dans la sensibilité. On peut donc dire que « ne plus être soi-même » revient à dire qu’« on ne se contrôle pas vraiment », qu’on est donc soumis à des forces extérieures qui s’exercent contre notre propre volonté. Lorsque mon esprit est troublé, la conscience que j’ai de moi-même peut s’affaiblir ou même disparaître. L’exemple de la consommation d’alcool peut démontrer qu’une personne en restant elle-même, peut changer de comportement. En ayant bu une certaine quantité d’alcool, nous ne savons plus très bien ce que l’on fait, ce que l’on dit et d’ailleurs il nous arrive même d’oublier.

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