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N’y a-t-il de libre arbitre que pour le bien ?

Dissertation : N’y a-t-il de libre arbitre que pour le bien ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Mai 2017  •  Dissertation  •  2 213 Mots (9 Pages)  •  722 Vues

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N’y-a-t-il de libre arbitre que pour le bien ?

Depuis de nombreux siècles, le débat sur l'existence du libre-arbitre fait partie des grandes questions métaphysiques. D’après la définition du libre arbitre, la volonté serait la cause première de nos actions. Mais certains philosophes ont mis cette idée en doute. En effet, ils affirment que le libre arbitre ne pourrait être qu'une illusion due à notre ignorance des causes qui nous font agir.

Le libre arbitre est la faculté que l’être humain aurait de se déterminer librement, d’agir et de penser par lui et lui seul, et s’oppose au déterminisme ou au fatalisme, définis par le fait que la volonté est déterminée par des « forces » qui l’y nécessitent dans chacun de ses actes.

La question qui se pose actuellement est de se demander si le libre arbitre agit toujours selon le « bien », qui est aujourd’hui la valeur normative de la morale et qui s’oppose au mal. On peut déterminer ce qui est bien ou mal dans le cadre des règles de civilité ou encore de l'honneur... Mais il peut se poser certaines contradictions car en effet, ce qui est bien dans un domaine, peut ne pas l'être dans un autre, ainsi se pose un dilemme ou encore un conflit d'intérêts.

Selon Platon, le bien serait « ce qui n’a d’autre fin que soi-même ».

En premier lieu, selon le libre arbitre, les actions humaines sont contingentes, c’est-à-dire qui s'opposent au nécessaire, par exemple : je peux faire une chose mais je peux très bien ne pas la faire.

La critique philosophique du libre arbitre se situe dans les raisons de choisir telle ou telle action, et la décision que nous prenons. Suis-je vraiment libre de choisir entre deux objets, l’un qui représente un grand bien, et l’autre, un moindre ?

Si je décide de choisir le plus grand bien, peut-on alors dire que mon acte est libre ? N’est-il pas déterminé par la prédominance d’une raison sur l’autre ?

Mais si je choisis le moindre bien, comment un acte donc idiot pourrait-il être libre ? Dans les deux cas, je ne serais donc pas libre.

Ainsi, pour résoudre ce problème, la doctrine de la seconde scolastique a inventé un concept appelé la liberté d’indifférence (qui représente un individu appelé à choisir entre deux biens identiques, et donc indifférents). Rien ne détermine cet individu à préférer l’un à l’autre. Or, la volonté est douée de spontanéité : elle peut donc se déterminer à choisir dans ce cas aussi.

L’acte ne trouve pas alors son explication dans les motifs, mais dans le sujet lui-même puisqu’il a la capacité à agir de façon arbitraire. Le concept de liberté d’indifférence établirait, avec la spontanéité de la volonté, la réalité du libre arbitre. Pour développer, la liberté d’indifférence s’applique aussi aux cas où les motifs ne sont pas équivalents : je peux préférer un moindre bien à un plus grand bien, prouvant ainsi que je suis le seul sujet ou la seule cause de mes actes.

La thèse de la liberté d'indifférence défend l'idée d'une contingence au niveau des actions humaines. Une définition de l’indifférence est donnée par le philosophe René Descartes (1596-1650) comme « l’état dans lequel est la volonté lorsqu’elle n’est pas poussée d’un côté plutôt que de l’autre par la perception du vrai et du bien ». Cette liberté relève donc de la pure volonté, sans autre motif rationnel ou sentimental. Ainsi, de cette première définition donnée par Descartes, Bossuet (1627-1704) écrit : « Le libre arbitre est la puissance que nous avons de faire ou de ne pas faire quelque chose ».

Nous pouvons illustrer le libre arbitre avec un exemple emblématique. Celui-ci est l'histoire de l'âne de Buridan, qui tient son nom du philosophe Jean Buridan (1292-1363). Il présente un âne qui est autant tenaillé par la faim que par la soif. On place devant lui un seau d'eau d’un côté, et de l'autre, à égale distance, un seau d'avoine. L’âne, étant incapable de choisir, reste sur place et finit par mourir de faim.

Cette histoire est une expérience qui sert d'argument pour montrer que l'Homme ne peut pas mourir de cette manière car il possède, à la différence de l'animal, la faculté du libre-arbitre. En considérant que le libre-arbitre consiste à prendre une décision sans véritable raison, on peut donc affirmer que décider, c'est créer ; car nos actions créent de nouvelles causes.

Descartes affirme que le fait de douter est déjà l'objet d'une décision. Le doute devrait disparaître lorsque des arguments décisifs sont avancés. Cependant, il peut se perpétuer, ce qui serait signe que la volonté peut aussi ignorer la raison. Descartes s’avance aussi sur le fait que même lorsqu’un individu est placé devant la vérité, il peut encore la rejeter :  Je peux faire ce qui ne me paraît pas raisonnable. Cela se rapporte, de plus, à l'action morale : on peut dire que le fait même de faire du mal en toute connaissance de cause est un signe du libre-arbitre. Ainsi lorsqu’elle est éloignée de toute détermination la volonté est une décision de décider.

Selon le déterminisme, le libre arbitre n’existe pas et toutes les causes sont forcément liées à des effets et inversement : tout est lié au nécessaire. Il n'y a donc aucune place pour la liberté dans cet univers. Baruch Spinoza (1632-1677), un philosophe déterministe connu affirme que l'Homme n'échappe pas à cette loi : « il n'est pas un empire dans un empire » c’est-à-dire qu'il n'y a aucune raison de penser qu'il occupe une position privilégiée dans le monde car il est une partie de la substance infinie ou plus précisément, « une partie de la Nature » (l'Ethique).

Pour Spinoza le libre arbitre est une totale illusion qui vient de ce que l'homme a conscience de ses actions mais non des causes qui le déterminent à agir. Il dit que si nous nous croyons libres, c'est parce que nous ignorons les causes qui nous font agir. L'idée du libre-arbitre se résout donc à être une illusion qui proviendrait de notre ignorance : « Les hommes se trompent lorsqu'ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés ».

Cependant, tant que l’Homme comprend pourquoi il agit selon sa raison, il dispose donc bien d'une liberté. Toute personne qui comprend qu’elle n’a pas de libre arbitre et qui agit seulement par le besoin de sa vraie nature, sans contraintes extérieures est donc dite libre :

« Si les hommes naissaient libres, et tant qu’ils seraient libres, ils ne formeraient aucun concept du bien et du mal […] Celui-là est libre qui est conduit par la seule raison et qu'il n'a, par conséquent que des idées adéquates » — Éthique IV, proposition 68, Spinoza

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