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Merleau-Ponty, nature et culture

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Par   •  3 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  773 Mots (4 Pages)  •  2 064 Vues

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La nature et la culture sont bien deux choses différentes. D’un côté, la nature est définie par ce qui est, chez nous, inné. D’un autre côté, la culture est le propre de l’homme, elle fait partie de son évolution, sa définition. Le fait que ces deux notions soient différentes, pourrait nous pousser à faire la distinction entre les deux.

Maurice Merleau-Ponty récuse ici la possibilité de distinguer ce qu’il y aurait de naturel et ce qu’il y aurait de culturel dans les comportements humains. Il montre en effet que nos comportements sont à la fois culturels (ou fabriqués) et naturels ; mais il faut bien comprendre qu’ils sont à la fois entièrement naturels et entièrement culturels. La culture vient modifier des conduites naturelles ; ou bien encore, les comportements culturels sont élaborés à partir de conduites naturelles, sans que l’on puisse faire le partage dans le comportement final.

Merleau-Ponty pose sa thèse en deux moments. Dans le premier temps (« Il n’est pas plus naturel … sont en réalités des institutions »), il réfute au moyen d’exemples l’idée que l’on pourrait trouver des comportements purement naturels chez l’homme. Ce raisonnement par l’absurde lui permet d’établir en un second temps (« Il est impossible de superposer … servir à définir l’homme ») l’indissolubilité des comportements humains en élément naturels et culturels.

Dans la première partie, Merleau-Ponty nous fait comprendre, à l’aide d’exemples (« Il n’est pas plus naturel … sont en réalité des institutions »), que ce que l’on pense essentiellement naturel, ne l’est pas tout à fait.  

A travers un premier exemple, Merleau-Ponty affirme que : « il n’est pas plus naturel ou pas moins conventionnel de crier dans la colère ou d’embrasser dans l’amour que d’appeler table une table ». En effet, il paraît clair qu’appeler « table » une table est conventionnel, puisqu’en Allemagne par exemple, le même objet s’appelle « Tisch ». Cependant, crier lorsque nous sommes en colère ou bien embrasser la personne qu’on aime, peut nous paraître naturel. Ainsi, comme les mots que nous employons, notre corps parle. Mais ce langage n’est pas tout aussi naturel que l’on ne le pense et est même au contraire conventionnel au même titre que la langue que nous employons. En effet si notre langage corporel était naturel, il serait employé par tous les hommes, or le baiser n’est pas en usage dans les mœurs traditionnelles du Japon. On pourrait faire la même analyse à propos de la colère : dans certaines cultures, une personne pourrait très bien s’énerver jusqu’à en venir à la violence et dans une autre culture, une personne ne ferait qu’un sourire pour manifester cette colère. On voit bien ici que nos comportements que l’on suppose naturels au premier abord, sont en réalité culturels, acquis par l’homme (sûrement par mimétisme).

Ces premiers exemples permettent à Merleau-Ponty d’affirmer que « les sentiments et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots ». Il expose toutefois un second argument pour donner une explication à cette phrase, en prenant l’exemple de la paternité (« Même ceux qui … sont en réalités des institutions »). Avant toute chose, la paternité se divise en deux parties : d’un côté, le père a le rôle de procréateur, c’est lui qui a donné ses gènes à son enfant ; d’un autre côté, elle résulte d’un sentiment de paternité, le père est en partie garant de l’éducation de son enfant. Merleau-Ponty fait ici référence à se sentiment de paternité, étant donné qu’il affirme juste avant que les « sentiments » et les « conduites passionnelles » sont arbitraires au même titre que les mots. Ainsi, cette paternité peut nous « paraître inscrite dans le corps humain », il peut paraître naturelle que ce soit le père qui s’occupe en partie de l’éducation de son enfant. Cependant cette tendance est une tendance occidentale : la preuve en est que, dans les îles Trobriand, c’est l’oncle maternel, et non le père biologique, qui fait office de père institutionnel. La paternité n’est donc pas tout aussi naturelle que l’on puisse le penser, elle est même au contraire, comme l’affirme Merleau-Ponty, culturelle.

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