Les techniques modernes se définissent-elles par la volonté d'affranchir l'homme de son corps ?
Dissertation : Les techniques modernes se définissent-elles par la volonté d'affranchir l'homme de son corps ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar fubu95370 • 15 Novembre 2022 • Dissertation • 409 Mots (2 Pages) • 335 Vues
Essai « Les techniques modernes se définissent-elles par la volonté d'affranchir l'homme de son corps ? »
Ce sujet est une invitation à discuter la thèse de Mr Bentley, d’autant plus originale qu’elle ne réduit pas les innovations à l’ustensilité : elle leur attribue une valeur symbolique.
Pour M. Bentley, l’avion symbolise une humanité désireuse de s’affranchir d’un dualisme malheureux.
Le soma (« corps ») est pour cette humanité technicienne un sema (« tombeau »).
L’esprit se libère en quelque sorte en dotant le corps d’adjuvants (ajouts/médicaments) techniques qui permettent d’en dépasser les limites.
Cet «affranchissement» à l’égard de la gravité – par l'avion – serait dans la continuité des efforts ascétiques (humilité spirituelle) pour arracher l’âme à l’emprise du corps.
Les inventeurs de l’avion et leurs admirateurs seraient les modernes « contempteurs du corps » qu'évoque Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra.
Il y a cependant une diversité de modes d’appropriation des techniques modernes. La dimension néo-prométhéenne des techniques modernes présuppose que la finitude de l’humanité, s’incarnant dans les limites physiques du corps, est dépassable.
Le transhumanisme pourrait être l’héritier de cette volonté matricielle.
Mais l’expérience de Mrs Dempster suggère que les techniques modernes visent surtout à accroître nos possibilités corporelles, à nous faire éprouver de nouvelles sensations, à augmenter notre pouvoir d’être affecté.
Le spectacle de l’avion produit chez elle un précipité de phénomènes psychiques et physiques : kinesthésie (sensations internes du mouvement), images de territoires hors de vue.
L’avion transporte Mrs Dempster à la fois dans le cockpit, dans l’espace – au-dessus de la ville et des bois entourant Londres – et dans le passé, puisqu'elle pense à son neveu.
Ce spectacle étend les frontières de son corps, en lui procurant des sensations sans objet : elle appréhende une réalité « virtuelle » car non actualisée ici et maintenant par ses sens, mais potentiellement perceptible.
Mrs Dempster voit ainsi du pays en regardant les mouvements de l’avion dans le ciel. Nonobstant, la question se pose de savoir si ce désir de voyager préexistait à ce spectacle.
N’est-ce pas ce dernier qui est la matrice effective de ce rêve ?
On peut donc conclure que ces techniques nient non pas le corps, mais le corps « naturel », inachevé qui nous échoit à la naissance. Elles nous fabriquent un autre corps, un corps « prothétique », plus puissant, plus « efficace ». Ce n’est donc peut-être pas tant le corps qui est menacé mais « l’âme » humaine.
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