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Le temps: Peut-on échapper au temps?

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Par   •  1 Mai 2022  •  Dissertation  •  5 546 Mots (23 Pages)  •  1 333 Vues

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Dissertation de philosophie sur le temps

Sujet : Est-il possible d’échapper au temps ?

      « A chaque minute, nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps. Et il y a deux moyens pour échapper à ce cauchemar : le plaisir et le travail. Le plaisir nous use. Le travail nous fortifie. Choisissons. » écrit Baudelaire dans les Fleurs du Mal, transmettant l’idée que nous pouvons échapper au temps par l’intermédiaire du travail et du divertissement. Ce temps même qui est susceptible de nous obséder et nous angoisser écrit-il, nous rendant si nous ne nous occupons pas d’autant plus prisonniers que nous y pensons. Le moyen d’échapper au temps est alors de ne pas y penser.                                                                                                                                                                                        Dans l'Antiquité, les philosophes grecs distinguaient trois types de temps,  chronos, personnification du temps, le fils de Gaia, représente le temps physique, celui des horloges à l'extérieur de nous ; Kaïros , le temps de la conscience, le temps ressenti et l’Aiôn , le temps de l'instant pur, du cycle et de l'éternité (hors temps).                                                                                                                                             Le mot temps a pour étymologie latine « temporis », venant du grec temnein « couper », transcrivant ainsi la découpe du temps par l'homme en trois temporalités distinctes, le passé, le présent et le futur. Le terme échapper implique d'être prisonnier de quelque chose puisqu’échapper signifie à la fois cesser d'être prisonnier de quelque chose mais également de cesser de subir l'influence de quelque chose, de ne pas être retenu par quelque chose. Les jeunes ont souvent l’impression de pouvoir se soustraire au temps et y échapper et se pensent immortels.                                                                                                     Du sujet à traiter se dégagent deux sens différents: dans le premier sens, échapper à la mort et au temps tel qu’on a souvent l’impression de le faire par des occupations qui nous font oublier le temps qui passe. Les moyens que l’homme met à sa disposition pour échapper au temps entrent en effet en contradiction avec l’idée du temps, qui à la manière du titan , qui a dévoré ses progénitures, dévore tout ce qu’il engendre. Les trois temporalités sont susceptibles de « dévorer » l’Homme, le passé qui nous hante, le présent qui nous échappe et l’avenir qui n’est qu’une promesse, un espoir vain ou bien une angoisse.                                          Néanmoins, dans le deuxième sens, échapper au temps signifiant être prisonnier du temps, il paraît dès lors possible de se libérer de l'idée et de l'angoisse liée à la fuite du temps puisque celle-ci dépend de nous.                                                                 Est-il possible d’échapper au temps ? Autrement dit : Sommes-nous en mesure de nous libérer de notre condition ou de notre idée de la mort ?                          L’homme peut-il employer son énergie à échapper à ce temps qui le ronge et y parvenir ? Y a-t-il des moyens plus ou moins conscients pour parvenir à échapper au temps qui passe et à son idée ? Sont-ils réellement efficaces ? Ou bien : L'être humain est-il en tant qu’être fini, condamné à être prisonnier de son passé et de la peur de l'avenir? Peut-il se passer du temps ? Est-il soumis, asservi face au temps et à l'angoisse due au temps qui passe ? Enfin, même si la mort et le temps sont partie intégrante de la condition humaine et qu’il ne peut s’y soustraire, ne peut-il pas transfigurer l'idée de sa condamnation ainsi que son désir d'éternité pour en tirer quelque chose de positif qui l’émancipe de son asservissement au temps? [pic 1][pic 2][pic 3][pic 4][pic 5]

       L’homme, à toute heure, emploie son énergie à chercher des moyens d’échapper au temps, que cette recherche soit consciente ou non. Naturellement, il désire s’évader par rapport à ce dont il se sent asservi et condamné. Premièrement, il tente de s’évader par la lutte contre le passage du temps, et ce par la technique, c’est-à-dire l’ensemble des procédés inventés par l’homme pour agir sur la nature, avec un désir Prométhéen, le désir de se surpasser, de faire se transcender l’espèce humaine, et la foi en le pouvoir de l’Homme d’agir sur la nature, ici sur le cours du temps et ses effets naturels. La technique et le progrès scientifique ont permis de prolonger la vie humaine au moyen de la médecine : des vaccins et des traitements. Cependant, les années de plus sont mal utilisées selon le sociologue Michel Serres, « nous vivons 15 ans de plus qu’il y a un siècle, mais nous les passons devant la télévision ». De plus, un fantasme de l’Homme serait de remonter le temps grâce à des machines ou d’être immortel, mais, en dehors du fait qu’il ne s’agisse selon les lois de la physique que de fantasmes, cela permettrait-il d’échapper réellement au temps, et serait-ce souhaitable ? Rien n’est moins sûr, car si nous vivions une vie éternelle de souffrance, nous voudrions mettre à fin à nos jours, ce qui serait impossible et nous rendrait stricto sensu prisonniers du temps. Nous serions condamnés à subsister dans la temporalité qu’est celle dont nous avons conscience au sein de l’Univers. L’Homme, refusant à tout prix l’idée de vieillir et de mourir, ce qui pourtant est dans le cours naturel des choses, va jusqu’à faire de la chirurgie esthétique et s’appliquer de la crème contre les rides pour effacer les marques du temps, mais finalement, il ne fait qu’en devenir davantage prisonnier car sa mort reste inéluctable et il s’asservit à une chose de plus, la tentative désespérée et infructueuse de se soustraire à la mort en dépensant des fortunes inutilement.

Deuxièmement, un autre moyen d’échapper au temps, à la peur qui y est liée est le divertissement, Pascal écrit dans ses Pensées : « Les Hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. Pour cela, l’être humain cherche à s’occuper sans cesse afin de fuir l’ennui. C’est ce que Pascal appelle le divertissement, du latin divertere « détourner », puisqu’il s’agit de se détourner du malheur de notre condition de mortel, soumis au temps. La plupart des activités humaines en fait partie, d’une part, les loisirs comme les activités sportives et par exemple la pratique d’un instrument de musique, mais également des activités sérieuses telles que le travail ou la guerre. Kant énonce par ailleurs que « l ’homme est le seul animal qui soit voué au travail », car nous absorber dans une activité nous permet de nous oublier nous-mêmes, d’oublier notre condition, et que l’oisiveté nous tourmente parce que nous pensons au temps qui passe et au temps « perdu ». Cependant, Pascal condamne cette attitude qui consiste à « détourner » le regard, fuir, pour chercher un refuge dans l’inconscience et l’illusion : « La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères ». D’autant que la quête du divertissement, du plaisir et de l’occupation peut, loin d’échapper au temps et à la mort, nous mener vers elle par exemple par la consommation de drogues ou la recherche du risque qui peuvent s’avérer mortels. Nous voyons cette tentative par exemple dans la poésie de Baudelaire, où le poète, terrifié par l’idée de la fuite du temps, tente de se réfugier dans ce qu’il nomme les Paradis Artificiels auxquels il consacre de nombreux poèmes.

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