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En quoi peut-on dire que la vision proposée par La Bruyère sur la société de son temps dans son ensemble est profondément pessimiste ?

Dissertation : En quoi peut-on dire que la vision proposée par La Bruyère sur la société de son temps dans son ensemble est profondément pessimiste ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Janvier 2023  •  Dissertation  •  2 529 Mots (11 Pages)  •  1 038 Vues

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Corrigé de la  DISSERTATION sur LES CARACTÈRES DE LA BRUYÈRE (devoir du 6 décembre)

Sujet : En quoi peut-on dire que la vision proposée par La Bruyère sur la société de son temps dans son ensemble est profondément pessimiste ?

Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra

appui sur Les caractères de La Bruyère, sur les textes et documents que vous avez étudiés en

classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre et sur votre culture personnelle

Plan détaillé

Introduction

        (accroche) Jean de la Bruyère se définissait comme un témoin privilégié de la « comédie humaine », lui qui par son rôle de précepteur du Duc de Bourbon se situait aux premières loges du spectacle hypocrite des courtisans et des courtisés à la cour de Versailles. Son expérience des hommes et de la société s’illustrera à travers son œuvre Les Caractères (1688), dans laquelle il se révèle  un moraliste pénétrant, un satiriste plein d’ironie et un styliste original. Auteur classique, il s’inscrit sous le patronage de Théophraste dont il prétend s’être inspiré. Pourtant, Les Caractères

est une œuvre complète et singulière,  dépeignant les passions de la génération versaillaise afin d’en corriger les défauts, mais inaugurant également la critique littéraire moderne et les prémices

d’une critique plus globale du système social et politique. (analyse du sujet) Son propos pessimiste vise surtout à souligner les vices majeurs des individus de son époque ; comme il l’énonce dans sa préface, « Je rends au public ce qu’il m’a prêté, j’ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage ». Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette matière n'est guère reluisante et que l'auteur en mesure dans les chapitres 5 à 10 de son œuvre, les effets négatifs sur l'évolution de la vie en société.

        (problématique)Ainsi, nous étudierons en quoi La Bruyère fait une analyse pessimiste des mœurs de la société de son époque. (annonce du plan)  En premier lieu, nous montrerons de quelle manière il dresse une critique sévère des vaines apparences sociales et des ambitions démesurées, puis nous étudierons la variété formelle de ses remarques, dont le but est davantage de prévenir ou de corriger les vices que le simple divertissement ou la vaine critique, dépassant ainsi un pessimisme sans issue.

I/ Le contempteur pessimiste du paraître dans la vie en société, du « theatrum mundi » (le paraître, destructeur de l'être)

A/ Le grand siècle de la Vanité et de l'imitation : une société du spectacle sans véritable conversation ni esprit

        Le paraître correspond à ce qui est magnifié par les codes sociaux au XVIIe siècle. Le moraliste pointe la vanité, le calcul sordide, qui se dissimulent toujours sous les allures pompeuses et superficielles. Le Grand Siècle apparaît dans cette littérature mondaine comme un théâtre, une société du spectacle qui donne à voir plus qu'elle n'est. Cette société de la ville (Paris) et de la  cour, La Bruyère parvient à l’analyser car il est le précepteur du Duc de Bourbon : évoluant dans l’hôtel des Condé à Paris ou au château de Chantilly, il observe ces lieux qui  incarnent la société bourgeoise et de cour, vaste champ d’analyse pour lui. Cette société de l'artifice est comme une mécanique vide, sans esprit et sans âme : « Il y a des gens qui parlent un moment avant que d'avoir pensé » (remarque 15 chapitre 5). On peut penser au portrait de Théognis (chapitre 9 « Des grands »),où  La Bruyère fait de ce personnage le type même de l’amour-propre, de la vanité, de la prétention qu’il dénonce, saluant à droite et à gauche même s'il n'y a personne, étreignant les gens sans même les connaître, ce qui fait de lui une sorte de pantin vide et ridicule.

Autres Exemples pertinents : L'imitation ridicule de la cour par les bourgeois de la Ville de Paris :  Les Crispins (chapitre 7 « De La ville »)et  Le « défilé » des femmes aux Tuileries qui gesticulent sans parler (chap 7) / Remarques 15 et 16 chapitre 7 qui montrent la ridicule imitation des femmes de la ville, voulant se faire passer pour des femmes de cour. / Le regard de l'étranger Huron sur les artifices physiques de la cour versaillaise dans la remarque 73 du chapitre 8 « De la cour »/ Le personnage de Gatbsy dans le roman de Fiztgerald, Gatsby le magnifique avec son imposant manoir, sa splendide voiture jaune, sa grande bibliothèque aux livres encore reliés ou le personnage « creux » de Daisy/ La curiosité malsaine et superficielle des Parisiens face à Rica, le jeune étranger persan (30e lettre des Lettres persanes de Montesquieu).

B/ Une société des faux-semblants : le règne de l'hypocrisie (percer les apparences : dévoiler les coulisses)

        Les Caractères regorgent de passages à l’intérieur desquels on retrouve la description du  theatrum mundi (« le théâtre du monde »), où l’on constate le hiatus entre l’apparence des hommes, une véritable société du spectacle et leur volonté intérieure. Cette description est une lecture fondamentalement pessimiste de la nature humaine qui pousse La Bruyère à décrypter les faux-semblants et l'hypocrisie sociale qui règnent en maîtres.  

Exemples pertinents : Les coulisses peu reluisantes de la cuisine et du théâtre ( remarque 25 du chapitre 6 « Des biens de fortune »)/ Remarque 65 chapitre 8 « De la cour » : qui parle ainsi du courtisan : « Les roues, les ressorts , les mouvements sont cachés » / Pamphile (chapitre 9 « Des Grands »), opportuniste, hypocrite et versatile / Fable de La Fontaine « La cour du Lion »où le renard ruse en disant au roi qu'il ne sent pas la mauvaise odeur de charnier du Louvre, afin d'échapper à sa sentence.

C/ La satire des comportements démesurés des ambitieux du pouvoir et des riches parvenus (PTS) contre le mérite personnel (sous-partie rédigée)

        Dans cette volonté de dire les hommes tels qu’ils sont, La Bruyère esquisse des personnages- types, réduits à leur unique arrogance et démesure, à l'opposé de l'idéal classique de l'honnête homme, homme d'esprit simple, mesuré, civil et courtois, naturel et sincère. La Bruyère souhaite peindre ainsi un tableau complet de la nature humaine et cherche, à travers ses portraits plaisants et moqueurs, à dénoncer ces mauvaises passions et vaines ambitions. Ainsi, chez Acis (chapitre 5 « de la société et de la conversation »), il vise la vanité et la sottise des pédants précieux au langage confus, incompréhensible et « ridicule », véritables « diseurs de Phoebus ».  Chez Arrias, dans le même chapitre, il critique la vulgarité et le bruit d'un individu égocentrique, arrogant et menteur qui s'impose sans retenue lors d'un dîner mondain.  En ce qui concerne la critique sociale, La Bruyère encourage une revalorisation du mérite personnel « Les gens d’esprit méprisent les grands qui n’ont que la grandeur ». Il condamne dès lors le règne de l’argent et des parvenus (PTS) ,  à l’image de la personne de Giton le riche (chapitre 6 « Des biens de fortune »).. Aux yeux de La Bruyère les distinctions sociales ne sont qu’une apparence, car comme on le lit dans cette réflexion personnelle particulièrement pessimiste « [à] la cour, à la ville, mêmes passions, mêmes faiblesses, mêmes petitesses, mêmes travers d’esprit, mêmes brouilleries dans les familles et entre les proches, mêmes envies, mêmes antipathies. » (remarque 53 chapitre 9  « Des Grands »), et, quelque élevées que soient les conditions, « le fond, encore une fois, y est le même que dans les conditions les plus ravalées ». Sans concession avec le genre humain, il n’hésite pas à s’en prendre également au peuple, même s'il le juge plus utile, moins faux et moins avide que les bourgeois et les nobles courtisans : « Le peuple n’a guère d’esprit et les grands n’ont pas d’âme. » (chapitre 9 « Des grands »).

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