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Le dialogue est-il le chemin de la vérité ?

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Par   •  2 Mai 2019  •  Dissertation  •  1 722 Mots (7 Pages)  •  1 029 Vues

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Le dialogue est-il le chemin de la vérité ?

Le sentiment d'avoir raison tout seul n'est pas très agréable. Pour nous assurer que notre jugement est juste, nous avons besoin de le confronter à celui des autres : c'est une des principales manières de vérifier que nous ne sommes pas dans l'erreur. Les normes du vrai sont nécessairement collectives. Pourtant, nous avons tous fait l'expérience d'échanges et de débats qui ne font en rien avancer vers la vérité. Bien au contraire : parfois, les discussions renforcent les erreurs et les préjugés. Il est donc légitime de se demander si le dialogue constitue une voie assurée vers la vérité. Echanger des propos permet-il toujours d'éliminer les idées fausses ? Pour affronter ce problème, nous nous demanderons tout d'abord si les échanges verbaux visent toujours « la vérité », ou bien s'ils n'ont pas d'autres fonction. Ensuite, nous verrons pourquoi, même lorsque la vérité est un enjeu du débat, ce dernier ne parvient pas toujours à l'établir. Enfin, nous aborderons le problème suivant : quelles règles faut-il s'imposer pour que les échanges verbaux constituent effectivement un moyen d'éliminer l'erreur ?

Lorsque nous échangeons avec nos semblables, il n'est pas évident que notre objectif soit toujours de parvenir à établir des « vérités », si ce terme renvoie à des connaissances objectives et vérifiables. Souvent, nos propos relèvent plutôt du bavardage. On discute pour le plaisir, parfois de choses importantes, et parfois de futilités. On exprime des ressentis, on commente un événement, on fait du l'humour. Ces paroles qui ne sont pas orientées vers le « vrai » sont-elles futiles et sans valeur ? On peut penser que ce n'est pas le cas. En effet, les échanges verbaux ont aussi pour fonction de cultiver les liens sociaux et interindividuels qui fondent notre humanité. Le dialogue n'est donc pas que le « chemin de la vérité » : il est aussi plus globalement le fondement de la vie sociale.

Par exemple, on peut discuter avec quelqu'un qui n'a pas les mêmes croyances que nous. Plus précisément, qu'est-ce qui se joue dans le dialogue entre un croyant et un athée ? Tout d'abord, on peut penser que, même s'ils parlent longtemps, ils n'arriveront pas à établir une « vérité », car comment vérifier objectivement l'existence ou la non existence de Dieu ? Celui qui ne croit pas ne peut pas « montrer » la non existence de Dieu, ce qui n'a pas de sens. Quant à celui qui croit, s'il appartient à l'un des trois grands monothéismes, il pense que Dieu ne peut être l'objet ni de la perception humaine, ni d'une démonstration : lui non plus ne peut rien prouver. Mais alors, puisqu'un tel dialogue ne peut aboutir à aucune connaissance objective, est-il inutile ? Pas nécessairement. Il peut être intéressant de comprendre le point de vue d'autrui, même si on ne le partage pas. Cela élargit notre vision de l'humanité, et nous fait sortir d'une vision trop bornée : essayer de se mettre à la place de l'autre, même si c'est au sens propre impossible, est un excellent exercice intellectuel. L'athée et le croyant qui dialoguent ne changeront peut-être pas de croyance, mais ils deviendront plus curieux et plus tolérants.

Nous venons donc de voir que le dialogue n'est pas toujours le chemin de la vérité puisque, souvent, ce n'est tout simplement pas son but. Mais même lorsque c'est le cas, même lorsque la vérité est l'enjeu explicite d'un échange verbal, pourquoi peut-elle malgré tout nous échapper ?

Il existe plusieurs raisons qui pourraient expliquer l'échec d'un dialogue à établir ou révéler une vérité. Tout d'abord, on peut imaginer que l'un au moins des individus impliqués dans l'échange est de mauvaise foi, qu'il donne l'illusion de vouloir produire des démonstrations ou d'autres types de preuves, mais qu'il poursuit en réalité d'autres buts. Prenons comme exemple une série : La Casa de papel. Les nombreux échanges téléphoniques entre la commissaire et le « Professeur », à savoir l'organisateur du cambriolage, n'ont pas le même statut pour l'un et pour l'autre. Pour la policière, l'enjeu est bien la vérité : elle veut savoir ce qui se passe vraiment dans la Maison de la Monnaie. Mais pour le Professeur, il s'agit au contraire de gagner du temps et de dissimuler le plan en mélangeant les vérités, les mensonges, et les digressions. Ici le dialogue ne peut être un chemin vers la vérité qu'à une condition : que la commissaire parvienne à repérer les pièges que lui tend son interlocuteur. On peut prendre un autre exemple : le débat du deuxième tour de la présidentielle entre Mme Le Pen et Mr Macron. Ici non plus le dialogue n'est pas une collaboration bienveillante en vue d'éliminer les erreurs communes, mais plutôt un jeu de rôle et un combat, dont le but est de terrasser l'adversaire pour accéder au pouvoir.

Mais faisons l'hypothèse que, contrairement aux deux exemples qui viennent d'être évoqués, les interlocuteurs sont tous de bonne foi, et visent vraiment la vérité, et rien d'autre. Est-ce une condition suffisante pour établi la vérité ? On peut en douter, notamment pour deux raisons.

La première est que les interlocuteurs peuvent avoir une maîtrise très différente de la langue, ou bien n'utilisent pas les mots de la même façon. On sait par exemple que la langue française compte environ 60000 mots. Ceux qui ont le

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