Le développement technique transforme-t-il les Hommes ?

Philosophie – Dissertation : « Le développement technique transforme-t-il les Hommes ? »

Le progrès technique est depuis la naissance de l’Homme un processus qui l’accompagne au fil de son évolution. Il est d’avantage visible dans son environnement qui, de la Préhistoire à nos jours, s’est empli de nouveaux instruments et objets plus ou moins utiles à l’être humain. Cette constatation nous mène automatiquement à nous demander si ce développement de moyens pour arriver à des fins, change-t-il seulement son caractère environnemental ou modifie-t-il l’état physique, moral ou psychologique de l’Homme. Peut-on, nous les Hommes, réellement dissocier ce que nous fabriquons, mettons en œuvre autour de nous, de ce que nous sommes ? De ce fait, ne sommes-nous pas aliénés par la technique ? N’est-il pas nécessaire que l’Homme fixe des limites morales à la technique ?

        La Nature, l’environnement de l’Homme, est la première à subir les transformations que lui impose le progrès technique. Ce que nous mettons en œuvre, nous les Hommes, impacte toujours un peu plus notre environnement. Cet impact peut être positif et l’emplir d’innovations qui tout en la modifiant permettent sa conservation tandis que l’impact peut aussi bien être négatif et dégrader cette Nature que l’Homme s’approprie avec facilité.                                                                                                                              

        Ces modifications sont avant tout l’expression de l’Homme qui, en ses qualités « d’Homo Faber », invente des outils, fabrique, pour améliorer les conditions et les résultats de son travail. En effet, selon Henri Bergson : « Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, nous ne dirions peut-être pas Homo Sapiens mais Homo Faber ». Aujourd’hui, dans nos sociétés, le travail manuel est dévalorisé au dépend du travail intellectuel. Or, l’Homme a à la fois une aptitude intellectuelle très développée et un savoir-faire manuel qui lui permettent, en les associant, de les mettre au service de cette technique. Les vaccins, par exemple, comme celui contre la rage mis au point par Pasteur en 1885, résultent d’une profonde réflexion mais aussi d’un travail de fabrication et de manipulation méticuleuse.

        La Nature doit alors s’adapter aux exigences et aux qualités techniciennes de l’Homme. Ce milieu naturel dans lequel les êtres humains évoluent, s’artificialise de façon radicale. On parle alors de technosphère. Cet environnement devient un monde technique entièrement marqué par la main de l’Homme (Chéïropoiète). La Nature n’est donc plus hostile, elle est réellement transformée selon les besoins humains. C’est le cas du Canal de Suez au Moyen Orient, creusé par les français et les britanniques dans le but stratégique de faciliter les voyages maritimes destinés aux échanges commerciaux entre l’Europe et l’Asie.

Modifier l’environnement dans lequel il évolue par la technique, cela ne reviendrait-il pas à changer par la même occasion la nature de l’Homme ?

        Selon Aristote, l’Homme est un « animal rationnel » ce qui le distingue de tout autre animal et pourrait définir la nature humaine. Pour Beaumarchais (à travers le personnage d’Antonio dans Le Mariage de Figaro), telle est la nature humaine : « Boire sans soif et faire l’amour en tout temps, il n’y a que ça qui nous distingue des autres bêtes ». Ici, pourrions-nous interpréter la nature de l’Homme comme un être doté de savoir, capable de penser et par la suite manipuler, fabriquer à l’aide d’outils. Il est aussi habile de certaines qualités qui lui sont propres comme la politesse ou de la civilité.

        Cependant, cette nature est dépassée par les nombreux besoins nouveaux de l’être humain. La technique destinée à faciliter la vie de l’Homme ainsi que son travail, tend à l’affaiblir. Le développement de cette technique créé de nouveaux besoins qui sont par ailleurs non essentiels et fait naître une dépendance. Il devient impératif pour l’Homme de fabriquer plus et ainsi répondre à des exigences secondaires. On parle alors d’aliénation, l’Homme tant il est dépendant de la technique, voit sa nature modifiée, il est étranger à sa nature primaire. C’est le cas par exemple avec les smartphones : tout devient plus facile d’accès et l’humain n’est ainsi plus capable de faire quoi que ce soit sans l’aide de celui-ci. Pour connaître l’orthographe d’un mot, il nous fallait réfléchir par nous-même selon notre savoir des règles de français, aujourd’hui on ne prend plus ce temps, on regarde automatiquement sur notre téléphone. Pour communiquer, on n’attend plus de voir la personne en direct, on préfère lui envoyer un SMS.

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