Le désir est-il toujours un mal ?
Dissertation : Le désir est-il toujours un mal ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alyssia.rdt • 20 Novembre 2017 • Dissertation • 1 429 Mots (6 Pages) • 1 480 Vues
« La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour accueillir le discernement ». C’est ainsi que dans la genèse, le désir est exprimé comme un pêché capital. Est-il, pour autant, toujours un mal ? Tout d’abord, qu’est ce qu’un mal ? C’est un sentiment qui est susceptible de nuire à un sujet, de le faire souffrir. Mais surtout, qu’est ce que le désir ? Il fait le lien entre un sujet et un objet, sans pour autant être nécessaire, ce qui le distingue du besoin. Pourtant, le désir relie le sujet à sa propre existence dans la mesure où une vie sans désirs semble difficile à concevoir. Alors, pourquoi le désir est désigné comme existence s’il n’est qu’un lien entre un sujet et un objet ? Et s’il est toujours un mal, n’est il alors jamais un bien ? Pourquoi y a-t-il plusieurs désirs et quelle sorte de mal peut-il procurer ? Et si le désir est nécessaire comme mal à l’existence, alors si l’on ne désirait plus, notre existence ne serait pas. Le désir est-il donc toujours un bien ? Car si ne pas désirer supprime notre existence, ce serait alors un mal. Peut-on alors à la fois désirer sans pour autant ressentir de souffrance ? Le désir est insatiable et peut être source de ressentiments. Pourtant, le désir est tout de même une nécessité à l’existence d’un sujet.
Le désir est insatiable, c'est-à-dire qu’une fois satisfait, il renaît toujours sous une autre forme. Il s’exprime tout d’abord sous la forme d’un manque. Donc quand l’on possède déjà une chose, elle ne nous manque pas puisqu’elle est déjà en notre possession, mais au contraire, une chose qui ne nous appartient pas va provoquer chez nous un désir qui va s’exprimer sous la forme d’un manque et cette chose deviendra alors l’objet de nos pensées jusqu’à ce qu’on la possède. Dans le cas où on ne parviendrait pas à l’obtenir, il naîtrait alors la frustration. Ainsi, bien que le désir révèle un manque, il est aussi le moyen de combler ce manque et de nous élever vers l’Idéal. Selon Platon, tout désir est un manque et on ne désir jamais que ce dont on manque. Par exemple, seul l’affamé désir manger, seul le pauvre désir la richesse. Platon expose cette thèse dans le Banquet, un dialogue mettant en scène Socrate dans une discussion arrosée où il est question de l’amour et du désir.
Comme dit précédemment, le désir est insatiable et provoque alors chez le sujet une quête infinie du désir. Le personnage de Dom Juan dans la pièce de Molière est un seigneur libertin qui vient d’abandonner son épouse, il enchaîne alors les conquêtes en leur promettant le mariage. Dom Juan éprouve un désir envers une femme, mais une fois que son désir est assouvit par la séduction de cette dernière, il éprouve alors un désir envers une autre femme car celle qu’il a séduite ne l’intéresse plus, et ainsi de suite, sans que cela ne prenne fin. D’autre part, dans le film Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel, le personnage joué par Carole Bouquet déclare à Fernando Rey « si je vous cédais, vous ne me désiriez plus ». Selon Schopenhauer, la vie d'un être de désir est comme une pendule qui oscille entre la souffrance (quand le désir n'est pas satisfait, et que le manque se fait douloureusement sentir) et l'ennui (quand le désir est provisoirement satisfait).
Mais alors si le désir est insatiable, le sujet devra t-il accepter les ressentiments que provoquent ses désirs tout au long de sa vie ?
En effet, le désir est souvent source de ressentiment c'est-à-dire d’un sentiment contraire au sentiment précédent, il se caractérise souvent par un sentiment de haine issue de la déception d’un désir ou de haine envers ceux qui satisfont des désirs que nous même ne pouvons pas satisfaire. Ce ressentiment peut s’exprimer sous la forme de tentation. En effet, le désir est principalement mimétique, c'est-à-dire que le désir d’un autre suscite, pour le spectateur, le même désir. De même que l’interdit suscite souvent une tentation de le braver, et donc un désir plus fort que celui de respecter cet interdit. Ainsi, dans le livre La tentation du désir de Diana Palmer, le personnage Blake Kump qui s’était juré de ne plus jamais succomber à une femme après le décès de sa fiancée, découvre que sa secrétaire, Violet, est secrètement amoureuse de lui. Un désir naît alors envers sa secrétaire qu’il n’avait pourtant auparavant jamais regardé autrement qu’une simple employée. Il devra alors l’éloigner d’elle pour ne pas céder à la tentation. La tentation suscitée par cette femme est donc source de ressentiment dans la mesure où il ne voudrait rien éprouver envers elle mais où son désir est tellement fort qu’il va devoir la chasser. D’autre part, dans le texte religieux La Bible, Adam et Eve cèdent à la tentation de manger le fruit défendu et sont dont expulsés par Dieu de l’Eden.
Le désir n’est cependant pas toujours seulement source de tentation, car il peut être aussi source d’un autre ressentiment : la frustration. En effet, le désir mimétique ne pouvant être atteint, il suscite alors une frustration, de même que si le désir d’une personne est différent de celui des autres, il sera alors considéré comme un exclu ou un bouc émissaire. De manière général, un désir inassouvi quel qu’il soit engendre une frustration. Sartre appel négation interne le fait que l’homme se considère comme nature limitée et que par conséquent, il ressente un manque qui n’a pas lieu d’être. Par exempe, « je ne suis pas grand ». Ici, l’homme détermine négativement son être et crée donc une frustration : le désir qui ne peut être satisfait dans la réalité (par exemple, l’homme de petite taille ne pourra pas atteindre une taille qu’il qualifie d’idéale) engendre une frustration.
Cependant, même si le désir est insatiable et provoque des ressentiments chez le sujet, il semble être aussi une nécessité à l’existence.
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