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Le Luxe Est-il Un Mal ?

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Par   •  19 Février 2015  •  4 236 Mots (17 Pages)  •  1 348 Vues

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Au sérail,1884, José Gallegos y Arnosa (1859-1917)

L’attrait du luxe est-il un mal ?

Analyse du sujet à la loupe

Le luxe :

On peut qualifier de luxe tout ce qui dépasse le strict nécessaire, voir la précision de Mandeville sur ce point .

Le luxe recouvre tout ce que l’on juge superflu et inutile. (cf. l’expression « C’est du luxe ! »)

Mais le sens usuel signifie le faste et le raffinement dans les manières de vivre (art de la table, toilette élégante, décor somptueux)

Le luxe s’acquiert et s’entretient par de grandes dépenses, ce qui lui valut d’être soit vanté soit vilipendé par les penseurs politiques. Voltaire y voit le soutien essentiel de l’économie ; Rousseau un principe d’exploitation du petit peuple et le ressort de toutes les perversions, car le luxe est fait pour être admiré, il éblouit.

La débauche d’ornements servant souvent d’écrin à la débauche des sens, les sermons religieux qualifièrent de luxure l’abandon déréglé aux plaisirs sexuels et la tint pour un péché capital s’opposant aux vertus de pureté et de chasteté.

Le Robert historique rappelle que le terme latin « Luxus » a d’abord signifié « le fait de pousser de travers » et par suite le « fait de pousser avec excès » : on parle ainsi d’une forêt luxuriante. « Luxuria » a été appliquée aux animaux et aux hommes avec l’idée de fougue, d’ardeur excessive. Ce pan de signification intéressa particulièrement G. Bataille. Voir L’Erotisme

L’attrait :

C’est l’attirance de quelqu’un pour quelque chose qui, par sa nature propre, suscite le désir : l’attrait est ressort de séduction. Mais il ne séduit que ceux qui ont un goût pour la chose. (L’attrait vient-il du luxe ou le luxe n’est-il attrayant que pour ceux qui ont un goût pour lui ?)

l'argent, 1899, Frantisek- Kupra, Pragueêtre un mal

L expression appartient au registre de l’ examen de conscience et du diagnostic. Dire que quelque chose est « un » mal, c’est notifier une condamnation mais en même temps la restreindre : si le goût pour le luxe est « un mal parmi d’autres » c’est qu’il n’est ni le ressort ni le principe du mal dans le monde. Mais certains auteurs ont eu un jugement plus sévère (Rousseau notamment).

Exemple d’introduction

La condamnation ou l’apologie du luxe est une question classique et récurrente dans l’histoire des idées politiques et morales. Dès la République de Platon (II, 372), l’ascétisme et la frugalité de Socrate se heurtent aux revendications de confort et de raffinement de Glaucon. Au XVIIIème siècle, le débat resurgit, accentué par les développements du commerce et de l’industrie. La prise de position sur le luxe est révélatrice de système de valeurs contraires. Au souci de vertu et d’égalité d’un Rousseau, qui condamne le luxe comme facteur de corruption politique, s’oppose l’apologie du commerce et de la consommation développée par exemple par Mandeville ou Voltaire ; la figure du bourgeois, même patriote, dépasse alors le cadre étroit de la Nation. Le goût du luxe ouvre les frontières. La question de savoir si « L’attrait pour le luxe est un mal ? » déborde donc largement la sphère privée du «sermon moral ». Elle questionne la valeur du travail et le sens de la civilisation.

Plan de développement

I ) Le goût pour le superflu qui accompagne et suscite le développement des techniques rend l’homme esclave de son confort et prisonnier d’une logique d’accumulation indéfinie. Collectivement, l’économie du luxe pervertit la valeur du travail, amollit la vigueur militaire et provoque le déclin du sentiment patriotique. Celui qui n’a de goût que pour le luxe fuira sa patrie dès les prémices d’une crise nationale. «ubi bene, ubi patria !»

.

II) Mais ne peut-on objecter que le goût de briller en alimentant sans cesse la demande, donne du travail à tous et produit une prospérité collective qui dépasse les frontières : même les plus pauvres connaissent une amélioration relative de leur niveau de vie. Il serait absurde de condamner le luxe en le coupant de ses conséquences bénéfiques.

III) Toutefois, au- delà de la logique de l’accumulation (aisément récupérable par la pensée économique et politique), l’aspect de gaspillage volontaire dans le goût du luxe fait écho, en l’homme, à une part de comportement irréductible au calcul rationnel et mondain. « C’est cette part maudite » que nous évoquerons avec G. Bataille.

Exemple de développement intégralement rédigé

Jongleur, Lawrence Alma Tadema (1836-1912) Dans la remarque L de la fable des Abeilles, Mandeville, qui défend, dans la fable, la thèse selon laquelle les vices privés font le bonheur public, revient sur la définition usuelle du luxe pour signifier qu’elle ne signifie rien ! « S’il faut appeler luxe ( et à strictement parler il le faut) tout ce qui n’est pas immédiatement nécessaire à la subsistance de l’homme en tant qu’être vivant, on ne trouve que du luxe au monde, même chez les sauvages tout nus ». Le propre de l’homme est d’avoir rompu avec la simplicité naturelle du mode de vie animal : les premières manifestations de l’intelligence technicienne ont doté l’homme de commodités qui sont devenues de véritables besoins par l’habitude d’en jouir. Dans le Discours sur les origines des inégalités parmi les hommes, Rousseau remarquait l’effet pervers de l’accoutumance au luxe (alors même qu’il ne s’agissait encore que du luxe d’un lit de paille ou d’une récolte de miel…) « ces commodités ayant par l’habitude perdu tout leur agrément, et étant en même temps dégénérés en de véritables besoins, la privation en devint beaucoup plus cruelle que la possession n’en était douce, et on était malheureux de les perdre, sans être heureux de les posséder ». Le premier mal causé par le luxe serait donc dans cette dépendance qui aliène l’homme. Celui qui a contracté le goût du luxe devient capable des pires malversations pour continuer à le satisfaire. Dans une société où tout s’achète, il sera

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