Le bonheur dépend-il de nous ?

Le bonheur dépend-il de nous ?[pic 1]

        Le bonheur, état de satisfaction complète et durable, est recherché par l'Homme tout au long de sa vie. Il ne suffit pas de ressentir un contentement, une joie ou encore un plaisir éphémère. En effet, le bonheur est un état global où l'Homme est absolument comblé. Le bonheur est étroitement lié aux désirs, on pourrait donc se dire qu'il serait atteint par l'Homme lorsque tous ses désirs sont accomplis, ce serait l'ultime fin de toutes ses actions. On pourrait alors parler de béatitude, le bonheur parfait. Accéder au bonheur est une épreuve individuelle, c'est donc un terme subjectif. La conception du bonheur est relative à chacun, chaque individu peut considérer qu'il est en possession du bonheur selon son point de vue. D'après cette définition du bonheur, on pourrait donc considérer qu'il dépend de nous, que chacun choisit ce qui le rend heureux ou non. "Dépendre" signifie donc que le bonheur est en fonction de quelqu'un ou de quelque chose, il ne peut pas être atteint sans action. C'est pourquoi l'Homme ne doit pas se contenter de vouloir être heureux ou de désirer, il faut alors qu'il s'en donne les moyens, qu'il agisse. Néanmoins, le bonheur ne dépend-il que de nous ? N'y a-t-il pas des obstacles extérieurs qui peuvent nous empêcher d'atteindre le bonheur ? C'est pourquoi, nous allons nous demander : Sommes-nous les seuls responsables de notre bonheur ? Si le bonheur ne dépend que de nous, est-il réellement à notre portée ?

Pour répondre à ces questions, nous verrons, dans un premier temps, quels peuvent être les obstacles au bonheur. Puis, dans un second temps nous nous demanderons s'il est possible d'être en parfait accord avec nous-mêmes pour que le bonheur ne dépende uniquement de nous. Enfin, nous verrons si le bonheur est réellement accessible en dépendant de nous.

        Tout d'abord, pour comprendre de quoi ou de qui peut dépendre notre bonheur, nous devons définir ses conditions. Pour connaître les conditions du bonheur, nous pouvons prendre la phrase d'un épicurien : « Les dieux ne sont pas à craindre. La mort n’est pas à craindre. On peut atteindre le bonheur. On peut supprimer la douleur. ». D'après ces dires, on pourrait comprendre que ne plus rien craindre est condition du bonheur. De plus, la connaissance du réel et le fait de se contenter de peu seraient également des éléments essentiels au bonheur. Mais ces conditions sont-elles suffisantes ? N'y a-t-il pas des obstacles à cela ?

Dans un premier temps, le bonheur pourrait dépendre de conditions extérieures, en effet, le hasard peut être un facteur essentiel mais aussi un obstacle. Par exemple, gagner au loto pourrait nous rendre heureux mais cela ne dépend que de la chance. L'étymologie du mot "bonheur" (bonum augurum en latin) exprime bien que celui-ci dépend du hasard. De plus, notre bonheur pourrait aussi dépendre des autres. En effet, l'Homme ne peut pas toujours être indifférent face au malheur de ses proches, cela peut donc l'affecter et créer aussi son malheur. Il ne peut ainsi pas accéder au bonheur.

Cependant, on peut se demander si nous ne sommes pas nous-mêmes les seuls obstacles à ce bonheur. En effet, on pourrait se dire que surmonter la mal chance du hasard ou encore le malheur des autres est possible. On considère souvent que l'individu joue un rôle dans son propre bonheur, certains éléments extérieurs peuvent favoriser ou empêcher le bonheur mais ce ne sont pas les causes initiales. L'individu est le seul responsable de sa félicité. En effet, reprenons l'exemple de gagner au loto, on peut se dire qu'il est possible de surmonter ce facteur de hasard et se dire que "l'argent ne fait pas le bonheur". De plus, l'obstacle le plus important est le désir de l'Homme. En effet, l'Homme n'accepte pas que tous ses désirs ne peuvent pas être satisfaits et ne sont pas nécessaires. Par exemple dans  Lettre à Ménécée, Epicure nous explique qu'il existe 2 sortes de désirs : les désirs vains qui nous font souffrir et les désirs naturels eux-mêmes séparés en 2 catégories, ceux qui sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas. On pourrait donc considérer qu'il faut faire un choix dans nos désirs et garder seulement les désirs nécessaires comme la faim. Comme l'a dit Descartes, "il vaut mieux changer ses désirs que l'ordre du monde". Nous devons donc nous adapter au monde en choisissant uniquement de garder ce qui est nécessaire à satisfaire pour ne pas être frustré. Si on a trop de désirs, on pourrait tomber dans le nihilisme, on pourrait penser que le réel ne peut pas être à la hauteur de nos attentes. C'est pourquoi, nous devons limiter nos désirs pour ne pas qu'ils soient des obstacles à l'obtention de notre bonheur.

"L'Homme est un être plein de contradiction", comme l'a dit Pascal dans cette phrase, c'est en effet la nature de l'Homme qui est l'obstacle principal à son bonheur car l'Homme n'est jamais en accord avec ce qu'il veut et ce qu'il lui faut. Mais est-il possible d'être en parfait accord avec nous-mêmes ? Est-il possible que le bonheur ne dépende uniquement de nous ?

        Nous allons maintenant voir comment l'Homme doit agir pour être en accord total avec lui-même et donc pour que tout ne dépende plus que de lui. Pour cela, nous devons, dans un premier temps, nous imprégner des sagesses stoïciennes pour maîtriser ce qui dépend de notre désir et de nos représentations comme la mort et le hasard. Ne pas obtenir tout ce que nous désirons doit nous forcer à nous accorder avec le monde. C'est pourquoi, nous devons également nous contenter de ce que nous avons. D'après les stoïciens, il faut donc mettre de côté ses affects et se tourner vers des activités qui ne dépendent que de nous pour pouvoir atteindre le bonheur. Nous pouvons, par exemple, exercer notre jugement, en effet, cette activité dépend de nous. De plus, l'Homme sage peut atteindre le bonheur librement car comme dit précédemment, il ne se soucie pas de ce qui ne dépend pas de lui. On peut alors dire qu'il se suffit à lui-même. En adoptant la bonne façon de vivre et en exploitant les bonnes représentations, le sage peut atteindre une certaine forme de félicité. Cependant, il est très difficile pour l'Homme d'être autosuffisant car il a besoin de vivre en communauté pour avoir une vie stable.

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