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Le Bonheur Est Il Une Question De Chance

Mémoire : Le Bonheur Est Il Une Question De Chance. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Octobre 2012  •  4 885 Mots (20 Pages)  •  2 845 Vues

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Le bonheur est-il une affaire de chance ?

Le bonheur est un état de satisfaction ou de contentement extrême qui peut se fonder sur différents éléments. Le plaisir tout d’abord, même s’il existe des états de plaisir où l’on est pas heureux, voire même où l’on reste malheureux. Il serait donc peut-être réducteur de réduire l’idée de bonheur à une simple accumulation de plaisirs qui restent plus ou moins éphémères. Le bonheur suppose surtout un sentiment plus profond et plus durable d’être en accord avec soi, avec le monde, d’avoir réussi ce que nous souhaitons faire. Disons d’une manière générale que le bonheur vise un idéal de satisfaction. Mais de quoi dépend-t-il ? Etymologiquement, le mot « bon heur » évoque l’idée de chance, de bonne fortune, comme cause déterminante de la vie heureuse : nous serions heureux par hasard sans que cela ne dépende de nous. Le problème est donc de savoir quelle est la maîtrise dont l’homme dispose sur sa propre existence et si sa vie peut-être le résultat de sa propre volonté. C’est la question même de l’éthique comprise comme « art de vivre » qui est en jeu. Dans quel mesure le bonheur que nous pourrions atteindre dépend-t-il ou non de nous ? Quel pouvoir d’action avons nous sur nous-même à ce sujet ? Sommes nous responsables de notre propre bonheur ? Découle-t-il principalement des choses extérieures qui s’imposent à nous sans que nous n’y puissions rien (les circonstances), ou bien vient-il d’un travail, d’une conquête, d’une méthode qui ferait que le bonheur deviendrait alors notre œuvre et non un simple coup de chance ? Mais si une telle méthode est concevable en théorie par quel moyen peut-on la mettre en œuvre et surtout n’est-elle pas finalement une illusion philosophique par laquelle l’homme prétend échapper à l’insatisfaction permanente qu’il y a en lui ?

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Penser que le bonheur est le résultat de la chance, c’est l’envisager comme contingence, c’est-à-dire comme étant le résultat involontaire de circonstances extérieures à notre volonté, comme une bonne surprise qui nous arrive de manière imprévisible, de manière peut-être inexplicable ou accidentelle, mais sans que la vie heureuse ne soit en notre pouvoir. Ainsi, le malchanceux à qui il n’arrive que des ennuis, semble avoir bien de la peine à vivre heureux. Etymologiquement, le hasard renvoie à l’arabe « az-zarh » qui signifie « jeu de dés ». Dire que le bonheur est la conséquence de la chance en ce sens c’est en faire le produit du hasard qui touche certains, laisse d’autres de côté sans que cela ne puisse être attribué à notre mérite ou à notre responsabilité puisqu’il advient indépendamment de notre maîtrise par le jeu des coïncidences et des aléas de l’existence : dire que le bonheur est une affaire de chance suppose que le bonheur ne dépend pas de nous mais il reste alors simplement ce qui nous arrive selon des circonstances et qu’on ne peut simplement qu’attendre, constater lorsqu’il est là mais il reste alors impossible de le maîtriser : on ne décrète pas son bonheur, on ne le déclenche pas soi-même, on l’éprouve comme le résultat d’un sort favorable mais dont la logique nous échappe. Nul ne peut nier qu’il existe de grands malheurs et qu’ils se produit des évènements attristants ou atroces sans l’avoir voulu ; de même les satisfactions fortes que nous pouvons avoir sont aussi souvent le fruit de bonnes rencontres que le sort a rendu possible : un tel est heureux parce qu’il a eu la chance d’être élevé dans un milieu très favorisé, culturellement ou économiquement, d’être « bien né » en somme, selon des avantages biologiques (tel ou tel don ou potentiel physique ou intellectuel) ou sociaux (tel ou tel milieu social favorisé en culture ou en richesse), un autre est heureux d’avoir rencontré la personne qui va changer sa vie par le plus grand des hasards ou d’avoir rencontré l’amour fou par un étrange concours de circonstances… La chance ici fournit ainsi la matière à partir de laquelle notre vie se construit et déclenche des évènements sur lesquels nous n’avons pas forcément prise. Le bonheur est ici comme une sorte de miracle personnel qui vient du poids des choses mais qui reste alors fragile et qui peut se retourner à tout moment en son opposé : si le hasard me donne le bonheur, il peut tout aussi bien me l’enlever et cela n’est plus vraiment de ma responsabilité. L’homme n’a pas prise sur ce qui affecte sa personnalité et reste alors dominé par le jeu des forces du monde qu’il traverse et ne peut que constater l’écart important qui existe entre les promesses de bonheur auquel il croit et la réalité qui s’impose à lui et qui bien souvent reste décevante. Faire de la chance l’ingrédient essentiel du bonheur le rend forcément aléatoire et incertain : même si l’on croit à sa bonne étoile, la malchance peut tout aussi bien s’abattre sur nous et le bonheur n’est jamais vraiment à nous ni en notre pouvoir. Selon cette idée la vie est alors surtout faite d’évènements sur lesquels nous n’avons pas de prise.

Une telle thèse est donc injuste : outre le fait qu’elle se fait une piètre idée de nos forces et de nos capacités à agir sur la réalité, s’il ne dépend pas de moi d’être ou non heureux, alors il suffit d’être malchanceux pour être malheureux et je suis impuissant à modifier cet état. Une telle théorie, qui est celle finalement impliquée par l’étymologique du mot « bon-heur » (la bonne fortune) condamne l’homme à la passivité c’est-à-dire à l’attente que « le hasard fasse bien les choses » ce qui implique que l’homme se détourne du projet d’avoir à conquérir lui-même sa propre existence. Paradoxe : en voulant se déculpabiliser des risques éventuels de son propre malheur, en voulant nier la part de responsabilité qui est la sienne dans l’incapacité où il se trouve d’être contenté, l’homme risque, avec un telle théorie, de se détourner des possibilités d’être heureux en cessant d’être l’auteur de sa propre vie et en s’en remettant à la « bonne fortune ». Cette théorie est déresponsabilisante et elle ne peut faire du bonheur une réalité constante, stable, assurée et durable : elle nous conduirait plutôt au souci et à l’angoisse d’imaginer que c’est le sort, « le destin » qui décide pour nous, nous donne ou nous reprend, ce qui ne peut que rendre notre vie incertaine et instable. Le bonheur au contraire n’est-il pas l’aspiration à un état durable, à une certaine forme de sérénité ou d’intensité d’existence

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