La recherche de la vérité suppose-t-elle l'abandon de toute croyances ?
Dissertation : La recherche de la vérité suppose-t-elle l'abandon de toute croyances ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar robinserra78 • 31 Mars 2021 • Dissertation • 876 Mots (4 Pages) • 583 Vues
La recherche de la v´erit´e suppose-t-elle l’abandon de toute croyance ? 4 novembre 2020 Quel plan pouvons-nous choisir pour r´epondre `a cette question ? 1 V´erit´e et croyance sont des termes antinomiques Premier argument : Par d´efinition, la v´erit´e est diff´erente de la croyance. La v´erit´e est objective : elle doit ˆetre d´emontr´ee. La croyance est subjective, et elle se passe de d´emonstrations. Deuxi`eme argument : La croyance est g´en´eratrice d’opinion, laquelle peut ˆetre l’ennemie de la v´erit´e. D`es l’Antiquit´e, Platon, dans ses dialogues, combat la doxa des sophistes. Il y a d’une part le sophiste qui s’efforce de persuader par tous les moyens son auditoire (quitte `a l’abuser), et le philosophe qui, par le dialogue et la r´eflexion, aide les autres `a accoucher de la v´erit´e. Ex : On peut mentionner l’all´egorie de la caverne ici, dans laquelle la caverne symbolise les croyances, qui font barri`ere `a la v´erit´e (Platon, R´epublique, Livre VII). Troisi`eme argument : La croyance est le v´ehicule des pr´ejug´es. Or ces pr´ejug´es constituent autant d’obstacles `a la recherche de la v´erit´e. Par exemple, celui qui adh`ere `a des th`eses cr´eationnistes mettra d’autant plus de temps `a accepter la v´erit´e selon laquelle la th´eorie de l’´evolution est une th´eorie plus proche de la v´erit´e que les mythes religieux. Ces pr´ejug´es, de plus, proviennent de notre repr´esentation 1 du monde, laquelle est conf´er´ee par le rapport sensible que nous entretenons avec lui. Pour acc´eder `a une v´erit´e premi`ere, il faut d’abord se d´efaire, `a la mani`ere de Descartes (Discours de la m´ethode) de toutes nos croyances. Subsiste alors la v´erit´e fondamentale du cogito. 2 La recherche de la v´erit´e, dans la d´emarche instrumentaliste, s’affranchit de toute croyance, mˆeme de celle en une v´erit´e absolue Premier argument : Ce que nous appelons ´enonc´e vrai est un ´enonc´e en ad´equation avec nos repr´esentations. Peu importe si les ´enonc´es vrais le sont absolument, m´etaphysiquement parlant : ce qui compte, c’est qu’ils nous apparaissent comme s’ ils l’´etaient (Friedman, The Methodology of Positive Economics, 1953). Deuxi`eme argument : La recherche de la v´erit´e, en science notamment, n´ecessite de s’affranchir de la croyance r´ealiste m´etaphysique (pr´esente chez Platon et Descartes, entre autres), en une v´erit´e absolue. Van Fraassen (1980, The Scientific Image, 1980), d´emontre que les th´eories scientifiques sont n´ecessairement fausses (voir cours et autre corrig´e). Troisi`eme argument : Popper montre qu’il est impossible de prouver empiriquement qu’une th´eorie est vraie (La logique de la d´ecouverte scientifique, 1934). Il est simplement possible de prouver qu’elle est fausse (faire la d´emonstration, voir le cours). Autrement dit, la seule v´erit´e que l’on peut obtenir au sujet d’une th´eorie est qu’elle est fausse. Par cons´equent la croyance mˆeme en une v´erit´e absolue doit ˆetre abandonn´ee dans la quˆete de v´erit´e. Il en d´ecoule que la v´erit´e est autre chose que cette v´erit´e absolue. 2 3 Comme il n’existe aucune v´erit´e absolu, alors tout discours vrai est, de fa¸con primordiale, ancr´e dans une croyance subjective premi`ere Premier argument : La v´erit´e appartient `a l’ordre du discours, et le discours proc`ede du langage. Or la facult´e du langage se d´eveloppe par apprentissage. Le sujet apprend `a parler, il apprend les r`egles d’un jeu de langage (Wittgenstein, Recherches philosophiques). Cet apprentissage n’est pas inn´e ni automatique (on ne sait pas parler d`es la naissance), et il n’est pas d´econnect´e d’une certaine repr´esentation du monde (en fonction de l’ethnie `a laquelle le sujet appartient). Ainsi les modalit´es de l’expression de la v´erit´e d´ependent de ce processus d’apprentissage, lequel est ancr´e lui-mˆeme dans un processus ethnique et culturel plus large, dont la structuration n’est pas fondamentalement rationnelle. Tout discours porte en lui des valeurs, des croyances, une tradition, etc. Pour reprendre Nietzsche, on peut dire que toute parole est un pr´ejug´e (Le voyageur et son ombre, § 55). Deuxi`eme argument : La connaissance que nous avons du r´eel d´epend de nos repr´esentations. Ce qui rend les repr´esentations, ainsi que les explications `a leur sujet, possibles, c’est la causalit´e. Or Kant (Critique de la raison pure) et, plus tard, Schopenhauer (Le monde comme volont´e et comme repr´esentation, montrent que la causalit´e n’est pas une propri´et´e du monde r´eel. L’ˆetre humain comprend et explique le monde dans des termes causaux, mais la causalit´e n’existe pas `a proprement parler. Donc il n’existe pas de connaissance absolument objective. Donc il n’existe pas de v´erit´e absolument objective. Donc le sujet ne peut se d´efaire de sa subjectivit´e premi`ere. Troisi`eme argument : Contrairement `a une id´ee re¸cue en philosophie, Putnam montre que l’on peut inf´erer un ˆetre d’un devoir ˆetre (The Collapse of the Fact/Value Dichotomy, 2002). Tout jugement de fait est enchevˆetr´e avec des jugements de valeur. Il n’existe pas de description neutre du monde, et donc aucune proposition ne peut d´ecrire pleinement le r´eel. Ce que d´ecrivent les propositions, ce sont nos repr´esentations. Donc il est illusoire de penser qu’il puisse exister un ´enonc´e vrai d´epouill´e de toute croyance. 3 Exemple : les scientifiques aspirent `a l’objectivit´e. Ils adh`erent cependant `a des valeurs : croyance en l’efficacit´e de la m´ethode scientifique, croyance en telles hypoth`eses th´eoriques plutˆot que telles autres, etc. Ces croyances t´emoignent de l’attachement qu’ont les scientifiques `a leurs th´eories et `a leur m´ethode. Or ces croyances ne trouvent aucune justification purement rationnelle.
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