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La recherche de la vérité suppose-t-elle l'abandon de toute croyance ?

Dissertation : La recherche de la vérité suppose-t-elle l'abandon de toute croyance ?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2021  •  Dissertation  •  2 430 Mots (10 Pages)  •  1 371 Vues

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T09 Margot Deplaix

2425 mots

Appréciation

« Pour atteindre la vérité, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opinions qu'on a reçues, et reconstruire de nouveau tout le système de ses connaissances. » affirme Descartes dans Le Discours de la méthode. A priori, on a tendance à penser que la recherche de la vérité fait l’abstraction de toute croyance, de toutes les opinions, comme le défend Descartes. En effet, la vérité s’oppose à la croyance puisque la croyance rend la vérité relative, incertaine. Par définition, la croyance est une adhésion de notre esprit à une idée ou à des vérités qui ne sont pas démontrables. Elle relève du domaine de la foi ou des convictions, qui ne viennent pas de la raison mais de la sensibilité. Au contraire, la vérité correspond à la correspondance entre une proposition et la réalité à laquelle cette proposition se réfère. A ce sens, nous aurions la volonté de découvrir une vérité unique et universelle à travers une quête dans laquelle nous abandonnerions nos croyances. Mais les notions de croyance et de vérité sont-elles vraiment opposées ou peuvent-elles coexistées ? La recherche de la vérité suppose-t-elle réellement l’abandon de toute croyance ? Nous défendrons tout d’abord l’idée d’abandonner toutes formes de croyances, se présentant comme des obstacles dans notre recherche de la vérité. Nous mettrons ensuite en avant le fait qu’il pourrait parfois être nécessaire d’adopter une attitude « croyante » pour atteindre la vérité. Finalement, nous remettrons nos deux premières idées en cause en tentant de redéfinir la notion de vérité, qui pourrait ne pas être universelle et définitive.

Dans un premier temps, étant donné que vérité et croyance sont des termes antinomiques, alors, les croyances peuvent se présenter comme un obstacle à la recherche de la vérité. A ce sens, la recherche de la vérité suppose bien l’abandon de toute forme de croyance. En effet, les croyances, même lorsqu’elles sont certitudes, sont subjectives et le savoir, la recherche de la vérité exclut toute subjectivité. Ainsi, Descartes a pour but de révoquer toutes les croyances, les fausses opinions et les doutes pour établir une vérité ferme et universelle. Par exemple, il affirme que nos sens sont un objet de doute puisque ces derniers nous ont déjà trompé et ainsi, ils ne peuvent être conservé dans notre recherche de vérité. Pour éviter ainsi les préjugés et les opinions fausses, Descartes propose de « pour ne point se tromper, ils ne sauraient mieux faire que de rejeter toutes nos diverses opinions une fois toutes ensemble, ni plus ni moins que si elles étaient toutes fausses et incertaines, puis reprendre celles-là seules qu’ils reconnaitront être vraies et indubitables. » Descartes réserve la notion de vérité aux mathématiques et aux sciences, modèles de toute vérité. En effet, « ce qui est clair et distinct, ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux » : la vérité suppose la clarté et la distinction, présentes en sciences. Ainsi l’opinion étant incertaine et subjective, il faudrait sortir des opinions pour atteindre la science qui est, elle, démontrée universelle et certaine. Pour Descartes dans Le Discours de la méthode, le bon usage de sa liberté de penser serait donc de tenir pour vrai uniquement ce qui peut être démontrer et prouver, et ainsi rejeter toute forme de croyance. Cela permettrait aux hommes de ne pas tomber dans le dogmatisme et le fanatisme. Ainsi, ce qu’un homme tient pour vrai est universellement vrai, pour ton homme et en tout temps. Ayant été des enfants crédules et ne raisonnant que par le biais de nos parents, une fois adultes, nous nous devons de chercher à tout démontrer et certifier afin de ne pas retomber dans cette crédulité. En effet, nos pensées auraient été majoritairement construites sur la base de préjugés. C’est d’ailleurs en défendant cette thèse que Descartes affirme qu’un dieu trompeur appelé malin génie cherche continuellement à nous tromper, à nous orienter vers de fausses croyances.  William James dans Le pragmatisme défend également cette thèse en affirmant qu’une pensée est vraie uniquement si l’on peut la vérifier, la valider, la traduire concrètement. Pour Montaigne, la vérité doit « avoir un visage pareil et universel » : ne pas changer tout le temps et être partagée par tous.

        En partant du principe qu’une croyance n’est qu’une opinion, alors, en effet, l’opinion est toujours un obstacle à la recherche de vérité. En effet, quelqu’un de crédule ayant une particulière facilité à croire tout ce qu’il voit s’éloignerait à petits pas de la vérité pour tomber dans la naïveté de se fier à sa conscience immédiate. Ainsi, la barrière entre croyances et connaissances prouvées tomberait et tout l’effort de la science serait réduit à néant. Une attitude comme celle-ci représente donc bien un obstacle à la découverte de la vérité, prenant le risque de tenir pour vrai quelque chose de faux. Cette idée de recherche de la vérité en laissant de côté nos croyances présuppose que la vérité est ce qui est atteint au terme d’un processus d’enquête et de découverte, qu’elle préexiste d’une certaine manière à ce processus puisqu’elle est présentée comme ce à quoi on accède. Ainsi, la vérité serait à atteindre. Selon cette conception réaliste, la vérité ne doit pas son existence au fait qu’il y ai des hommes pour y penser. La vérité serait ainsi autonome, indépendante des humains. La vérité, qui rend compte de la réalité, qui la seconde et la succède, serait pour nous facilement descriptible : en effet, l’homme pourrait connaitre le vrai dès qu’il devient la réalité qu’il vise, dès qu’il est en adéquation avec le réel.

La croyance, n’utilisant ni expérimentation, ni preuve, et ne se fiant qu’à son cœur et ses sentiments semble donc bien incertaine, voir même absurde pour Descartes. Affirmer qu’un Dieu existe est une vérité pour celui qui adhère à cette croyance mais cela n’est pas une vérité universelle puisqu’elle n’a pas été prouvée, démontrée. A ce sens, il semble contraire à notre nature rationnelle d’accepter des croyances sans véritablement s’interroger sur leurs fondements. Mais si nous ne pouvons croire que ce qui doit être démontrés, ne serait-il pas vain de vouloir tout démontrer par soi-même ? Les croyances ne pourraient elles pas apporter un éclaircissement à la vérité en coexistant avec cette dernière ?

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