La recherche de l'égalité peut-elle être source d'injustice ?
Dissertation : La recherche de l'égalité peut-elle être source d'injustice ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar gvinetot1 • 17 Février 2021 • Dissertation • 2 656 Mots (11 Pages) • 773 Vues
Aristote place la question de la répartition des richesses au cœur de sa pensée politique. En un sens, sa philosophie politique se caractérise par un souci de la justice qui se traduit par une approche spécifique du concept d’égalité. Il distingue la justice corrective et la justice rétributive. La justice commutative est, pour Aristote, une justice qui règle les échanges selon le principe de l’égalité arithmétique entre individus eux-mêmes égaux. Cette forme de justice ignore les différences (et notamment les différences matérielles). Aristote déclara ainsi : « Il n’y a pas de pire injustice que de traiter également des choses inégales.” Cette vision de la justice propre à Aristote semble correspondre à la déesse de l’Antiquité romaine Aequitas, qui en latin signifie “équité”. Elle est la déesse de l’équité tout en étant la déesse du commerce, car dans l’échange, tout le monde est égal. Chez Cicéron également, l’égalité se rapproche du concept d’Isonomia, l’isonomie, qui représente l’égalité en droits de chacun, ce qu’est l’échange. La justice commutative ou corrective, a ainsi pour but de corriger l’injustice et le crime, et c’est pour cela que “cet injuste dont nous parlons, qui consiste dans une inégalité, le juge s’efforce de l’égaliser : en effet, quand l’un a reçu une blessure et que l’autre est l’auteur de la blessure, ou quand l’un a commis un meurtre et que l’autre a été tué, la passion et l’action ont été divisées en parties inégales ; mais le juge s’efforce, au moyen du châtiment, d’établir l’égalité, en enlevant le gain obtenu.” La justice corrective consiste à faire en sorte que tous les hommes, soient égaux, mais égaux en droits, si bien que les hommes peuvent bien avoir des conditions différentes, s’ils respectent l’échange, la part des droits de chacun est inchangé. En un certain sens, la justice corrective peut être rapprochée de la loi du talion formulée ainsi dans l’Ancien Testament : « Œil pour œil, dent pour dent ». Cette loi porte en effet avec elle le principe d’équivalence : un œil pour la valeur d’un œil ; une dent pour la valeur d’une dent. Pourtant, Aristote considère que la justice ne correspond pas toujours à une égalité stricte. La justice distributive, quant à elle, est une notion arbitraire, car elle dépend de la notion de mérite de chacun. Pour Aristote, “les hommes reconnaissent, en effet, que la justice dans la distribution doit se baser sur un mérite de quelque sorte, bien que tous ne désignent pas le même mérite, les démocrates le faisant consister dans une condition libre, les partisans de l’oligarchie, soit dans la richesse, soit dans la noblesse de naissance, et les défenseurs de l’aristocratie dans la vertu.” La justice distributive est donc soumise à l’interprétation et à l’arbitraire, et c’est la communauté politique qui vise à établir le juste, qui est une question de proportion, “la proportion étant une égalité de rapports et supposant quatre termes au moins.” ce qui est en dehors de la proportion. L’injuste peut donc être soit le trop, soit le trop peu, et c’est bien là ce qui se produit effectivement. En analysant des textes de lois, on remarque que le principe d’égalité représente sans aucun doute l’un des principes les plus constamment énoncés et affirmés par la plupart d’entre eux. En droit interne, tout d’abord, on peut citer la Déclaration des droits de 1789, laquelle indique, dans son article 6, que « la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse » et que « tous les citoyens [sont] égaux à ses yeux » ; le préambule de 1946, lequel réaffirme, dans son alinéa 1er, que « tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés », et dans son alinéa 5 que « nul ne peut être lésé dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances » ; ou encore la Constitution de 1958, laquelle affirme, dans son article 1er, que « la France […] assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». En droit européen ou communautaire, ensuite, on peut mentionner la Convention européenne des droits de l’homme, qui énonce, dans son article 14, que « la jouissance des droits et libertés reconnus [dans la présente convention] doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation » ; ou encore la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, qui, après avoir indiqué dans son article 20 que « toutes les personnes sont égales en droit », précise, à l’article suivant, qu’est « interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle », et que dans le domaine d’application des traités et sans préjudice de leurs dispositions particulières, « toute discrimination exercée en raison de la nationalité est interdite ».
On remarque donc que la notion d’égalité fait partie des enjeux majeur de l’Antiquité à nos jours. De ce fait, on peut observer qu’elle est primordiale dans les textes juridiques et constitutionnelle, et que théoriquement elle est censée répondre à la plupart des critères requis pour qu’une justice soit établi. Cependant, cette notion à des limites et doit parfois être outre-passé pour que la justice puisse être rendu. Nous verrons donc désormais s’il n’y a pas de juste inégalité en réinterrogeant le fondement de la notion de justice.
Traiter également tout le monde, c’est traiter tout le monde de la même manière, mais cela ne veut pas dire amener tout le monde à la même situation par là. En effet, du fait des différences entre les individus, il y a une inégalité de départ, une inégalité de conditions. Et un même traitement appliqué à des situations différentes ne donnent pas les mêmes effets. Exemple : apprendre à lire de la même manière à tous les enfants, à égalité de traitement, sans prendre en compte les inégalités initiales, par exemple sur la maîtrise de la langue française (vocabulaire, structures de la langue), débouche sur une encore plus grande inégalité. Pourtant, dans ce cas, il y
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