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La justice est-elle seulement une affaire nationale ?

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Par   •  21 Mai 2022  •  Compte rendu  •  778 Mots (4 Pages)  •  380 Vues

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La justice est-elle seulement une affaire nationale ?

        Qu'un État assure à chacun de ses citoyens des conditions d'existence décentes n'est pas un prérequis observé dans tous les États : partout n'existe pas une prise en charge des soins médicaux, un salaire minimum ou un système de retraite. Il semble pourtant qu'il revient à chaque État de pourvoir aux biens premiers de ses citoyens en raison du contrat qui les unit. Chacun devrait pouvoir disposer d'un toit, d'eau courante, de nourriture et de soins qui semblent être le minimum vital. Ainsi, la France s'efforce de fournir à tous ces biens premiers : les individus qui ne parviendraient à y pourvoir par eux-mêmes peuvent bénéficier de certaines aides, soit par le biais de l’État (RSA, APL par exemple) ou celui d'associations (les restos du cœur par exemple récoltent de la nourriture et la distribue à ceux qui en ont besoin). Pour cela, la France s'appuie sur un système d'impôt qui permet une redistribution d'une partie des richesses, autrement dit sur le principe de solidarité. Il semble en effet injuste que certains ne disposent pas d'un toit, de nourriture et d'eau.

        Mais partant de ce raisonnement, cette injustice s'arrête-t-elle aux frontières de l’État où le hasard de la naissance nous a le plus souvent placés ? N'est-il pas tout autant injuste qu'à l'autre bout du monde des humains souffrent de la faim ou d'un défaut d'accès à l'eau courante ? On pourrait alors répondre qu'il appartient à chaque État de prendre en charge ses citoyens : il lui incombe de faire des lois et de protéger les plus démunis par un système de redistribution qui lui serait propre. Cependant, si on analyse l'histoire du développement des pays sur un temps long, on remarque que les pays qui bénéficient d'un fort développement aujourd'hui sont majoritairement des pays qui ont empêché ou freiné le développement des pays qui souffrent aujourd'hui d'un moindre développement. La colonisation en est sans doute le meilleur exemple, et l'emprise des colonisateurs fut telle qu'elle persiste aujourd'hui encore dans certains pays malgré les décolonisations qui eurent lieu au cours du XIX et XXe siècle. On peut citer le rôle de la France par exemple qui continue de jouer un rôle économique et militaire dans ses anciennes colonies africaines (avec le franc CFA et l'opération Barkhane au Mali par exemple). Ainsi, ce qui peut apparaître comme un enjeu du rayonnement de la France pour les uns peut être vécu pour les autres comme un continuum de la domination.  Si les pays occidentaux ont bien un rôle dans le développement des pays du Sud, en raison du rôle qu'ils y ont joués et des relations qu'ils y ont tissées, n'ont-ils pas un devoir envers ces pays ?

        Et sans compter ce devoir fondé sur l'histoire, chaque pays n'a-t-il pas un devoir de solidarité à l'égard des autres pays, au titre de l'humanité que tous les humains partagent ? Certes l'idéal peut paraître utopique, mais le monde correspond à ce que les humains font de lui, notamment par le biais des lois. Si on prend l'exemple de la mondialisation, elle a entraîné des délocalisations quant à la production de nombreux produits, notamment des vêtements. Les entreprises ont délocalisé leurs usines dans des pays pauvres où la construction des usines et la main d’œuvre permet de casser les prix. C'est ce que montre le documentaire de Morgan, The Tue Cost qui date de 2015 avec des usines au Bangladesh où les personnes qui y travaillent vivent dans des conditions d'extrême pauvreté. Or est-il juste de consommer des produits qui sont produits dans des conditions de travail indécentes ? Peut-on faire des économies sur le dos des personnes qui sont plus pauvres que nous ? Autrement dit, peut-on faire passer son intérêt personnel (faire une économie) avant les conditions d'existence décentes de ceux qui produisent ce que nous consommons ? La question n'est pas seulement nationale puisque la mondialisation a rendu le commerce et les échanges internationaux à vaste échelle. Les lois nationales peuvent-elles alors suffire pour réguler ces échanges ? Il semble que seules des lois internationales puissent garantir un seuil minimum de justice quant à l'écart qui existe entre le salaire des plus pauvres et le prix auquel nous achetons ce qu'ils produisent. Il ne s'agit pas seulement ici de réfléchir à des aides, ou une redistribution, mais de payer un prix plus juste le travail effectué. Et pour cela, il faut des accords internationaux et une conception de la justice qui ne se borne pas aux frontières.

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