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La culture est-elle le dépassement de la nature ?

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Par   •  3 Juillet 2022  •  Dissertation  •  2 286 Mots (10 Pages)  •  558 Vues

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La culture est-elle le dépassement de la nature ?

        « L’Homme est un animal politique ». Aristote, dans Les Politiques, remarque que parce qu’il est un animal qui parle, l’Homme est politique : le langage est ce qui permet de véhiculer des jugements et des valeurs. Il considère l’être humain comme un animal culturel. Aristote relie le naturel (animal) au culturel (politique), or on oppose souvent ces deux termes. Alors la culture dépasse-t-elle la nature ? La nature est ce qui nous est donné naturellement, elle est de l’ordre de l’inné. Par opposition à cela, la culture est ce que l’on ajoute à la nature, une modification de ce qui nous est donné naturellement suite au travail de l’Homme. Si la culture dépasse la nature, cela signifie qu’elle laisse la nature derrière elle, après l’avoir rejoint et donc les deux se déplacent dans la même direction. La culture excéderait donc la nature, elle passerait à un niveau supérieur. Or sans nature il n’y a pas de culture. Un dépassement entre les deux évoque une rupture ou une désunion. Cependant, comment peut on distinguer une désunion des deux termes si la culture dépend de la nature ? Ce qui pose problème ici c’est le caractère ambivalent de la nature humaine, qui n’est qu’une facette de la nature. En effet, l’Homme change et évolue, que ça soit individuellement ou à l’échelle collective. Néanmoins, la nature peut également être caractérisée par ce qui résiste aux transformations liées à des faits culturels. La nature est donc à la fois ce qui est figé et ce qui est changeant. La distinction entre nature et culture n’est donc pas simple et il est impossible de distinguer une coupure nette entre les deux termes. Plutôt que de coupure, il conviendrait de parler de continuité, car la nature c’est ce qui est donné et la culture est ce qui est élaboré à partir de ce qui est donné. Sachant que la culture dépend de la nature, peut elle avoir une influence sur cette dernière ? La culture complète-t-elle la nature ? Ou peut-elle remplacer la nature ? Certes la culture correspond à ce que l’on ajoute à la nature, mais elle correspond aussi à une négation de ce qui nous est donné naturellement. Dans ce cas, est ce que l’acquisition d’une culture nous éloigne de la nature ? Pour répondre à ce problème, nous verrons dans un premier temps que la culture peut compléter la nature, c’est à dire qu’elle s’y ajoute, dans un deuxième temps nous verrons que la culture permet de créer un ordre, une organisation à la nature,. Et dans une troisième partie nous verrons que la culture remplace la nature, qu’elle la détrône presque.

        D’une part, on pourrait se dire que la culture complète la nature, qu’elle s’y ajoute. En façonnant la nature selon ses intérêts, l’Homme crée un monde à son image. Ce qui est élaboré s’ajoute donc à ce qui est inné. La culture dépasserait la nature, mais dans un simple prolongement naturel des choses.

Si individuellement l’être humain change, il grandit, vieillit, renouvelle ses cellules, à l’échelle collective, il peut être amené a changer, notamment à cause de pratiques culturelles. Par exemple, les dents de sagesse sont vouées à disparaître pour les générations futures, notamment à cause d’une pratique culturelle : la cuisine. D’autre part, les poils sont également  touchés par du changement. Les poils ont un rôle protecteur de la chaleur et du froid. Cependant, les ancêtres de l’Homme, à l’époque préhistorique étaient couverts de poils, avec une peau claire et lorsqu’ ils ont commencé à sortir de la forêt, à se redresser, à marcher de manière active sur leur deux pieds, à chasser, courir, les poils ont commencé à devenir handicapants car ces nouvelles habitudes de vie augmentaient leur température corporelle. Cette modification du mode de vie a entraîné la perte des poils qui sont devenus une gêne pour la transpiration. La culture apporte donc des changements durables sur la physiologie de l’être humain.

D’autre part, d’après Merleau-Ponty, les émotions seraient à la fois naturelles et culturelles. En effet, les émotions seraient influencées par la culture. Il prend l’exemple de deux personnes (un japonais et un occidental), dont les cultures sont complètement différentes. Lorsqu’ils sont en colère, le japonais va sourire alors que l’occidental va taper du pied et devenir rouge. Le sourire sert au japonais à dire la colère alors que pour l’occidental, la colère se traduit par devenir rouge et taper du pied. Ces signes de l’émotion varient de culture à culture. Ce que nous vivons comme naturel nous a en fait été inculqué par notre milieu social. Lorsqu’il énonce « tout est naturel et tout est fabriqué chez l’Homme », il montre que nos comportements sont à la fois culturels (fabriqués) et naturels. La culture vient modifier des conduites naturelles. Tout est naturel parce que les hommes vivent leur monde avec leur corps, tout est fabriqué parce que leur culture leur apprend toute une série de signes pour s’exprimer(sourire, taper du pied, rougir…). Selon lui, l’humanité est vouée à se transformer, d’où une distinction insensée entre nature et culture. La culture est donc dans la continuité de la nature.

Mais nature et culture sont aussi rapprochées sur le plan politique, notamment dans le libéralisme politique. En effet selon Locke, avant même l’établissement d’institutions politiques, l’Homme était déjà pourvu de droits. Par exemple, il avait le droit d’assurer sa propre conservation en punissant ceux qui nuiraient à sa vie, ou il avait le droit de propriété. Donc par nature, l’homme avait déjà acquis une certaine culture : celle des droits dits « naturels ».

 

        Si la culture peut se rajouter à la nature, la dépasser dans un prolongement naturel des choses, acquérir une culture peut toutefois également permettre à l’Homme de se modéliser. Par modéliser, on entend créer un ordre dans le désordre naturel. La culture ne serait donc pas un dépassement de la nature dans ce cas là, mais une sorte de règle mise en place pour permettre a chaque individu de se comporter de manière organisée et logique. La mise en place d’un ordre serait en opposition avec au dépassement. Par dépassement, on entend une désunion des deux termes. Or si la culture crée un ordre dans la nature, cet ordre joint l’universalité (la nature) et une règle (la culture). On ne parle donc plus de désunion entre nature et culture, mais de jonction.  

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