L'état est-il un mal nécessaire ?
Commentaire de texte : L'état est-il un mal nécessaire ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 298680 • 2 Octobre 2019 • Commentaire de texte • 1 385 Mots (6 Pages) • 1 330 Vues
L’Etat est il un mal nécessaire ?
Contrairement à ce qui semble l’évidence, que l’Etat assure la sécurité et protège les citoyens, la question retourne l’évidence comme un gant en suggérant deux choses : premièrement que l’Etat serait un mal, deuxièmement qu’au lieu de combattre ce mal comme on combat la maladie, il faudrait se résigner et l’accepter comme un pis-aller. Tout est négatif : le présupposé, et la concession qui s’ensuit. N’y aurait-il donc rien qui permette une conception positive de l’Etat ? D’où provient un tel désaveu de toute positivité de l’Etat ?
Plutôt que de partir de cette hostilité à l’encontre de l’Etat, trop pleine en elle-même de présupposés difficiles à démêler, il vaut mieux se demander si dans la définition positive traditionnelle de l’Etat — il assure la sécurité de tous — ne se cache pas l’origine des présupposés négatifs, s’il n’y pas là, dans la définition positive, un mensonge délibéré, selon ce que Nietzsche affirme de façon péremptoire : « L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement…» (Ainsi parlait Zarathoustra). Il faudra évidemment se demander de quel mensonge il s’agit et, si nous le trouvons, d’analyser aussi ce qu’il en est du mensonge politique. Il ne suffit pas en effet de déclarer qu’il y a mensonge pour être certain que le point de vue moral, ou moralisateur, est en ce cas le bon point de vue.
Nous nous demanderons si ce qui fonde l’Etat, ce qui lui donne sa légitimité, n’est pas profondément équivoque, cachant le mal sous un bien apparent, mais nous nous demanderons aussi si l’adhésion à ce mal nécessaire est pure contrainte, ou acceptation délibérée, libre.
1/ L’équivoque de toute légitimation de l’Etat : L’Etat est un monstre, un Léviathan, et il le reste
Avant les théories du droit naturel, il n’y a pas de définition positive de l’Etat : l’Etat est une réalité factuelle, qu’il faut conserver ou agrandir, la souveraineté n’est même pas attachée à cette entité mais seulement au prince qui gouverne. Les théories médiévales ne sont que des théories du bon gouvernement (maintenir la paix civile, agrandir le territoire par des alliances matrimoniales) Signe de ce pragmatisme : jamais l’inégalité sociale, jamais l’existence d’une aristocratie n’est mise en question.
Le droit naturel change la donne : les hommes sont égaux par nature. Le problème est que cela donne deux raisonnements opposés dans leurs conclusions :
Hobbes : la liberté de l’état de nature aboutirait à la guerre de chacun contre tous. Il faut renoncer entièrement à la liberté naturelle en s’en remettant au pouvoir absolu d’un seul : il a le monopole de la peur. L’Etat est un monstre, il fait peur, et cela absolument.
Rousseau : aucune raison de supposer que l’état de nature, s’il existait, déboucherait sur la guerre, car la propriété n’existerait pas ; or elle est la seule source de l’inégalité. Il faut en revenir au principe où égalité et liberté sont liées : un contrat social basé sur la volonté générale (l’intérêt commun, pas l’intérêt particulier). La souveraineté n’est pas l’affaire d’un seul mais du peuple.
L’Etat de Hobbes avoue sa nature violente, celui de Rousseau semble l’avoir évacuée. Or c’est ce que Nietzsche dénonce en situant le mensonge dans la conclusion rousseauiste, la souveraineté du peuple : « L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids : il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « Moi, l’État, je suis le Peuple. » »
Nietzsche est un anarchiste de droite : il ne croit pas à la légitimité de l’Etat (comme les jus-naturalistes, Rousseau compris) mais il ne croit pas à la souveraineté du peuple, ce qui est la position des socialistes et des anarchistes de gauche.
Nietzsche est pour un individualisme radical : celle des libertariens aujourd’hui, qui ne sont pas des libertaires (= anarchistes au sens classique).
2/ Libéral/libertaire/libertariens (qui prône un libéralisme radical) : 3 conceptions différentes de la souveraineté populaire.
Le libéral n’oppose pas liberté naturelle et liberté civile, elles sont dans le prolongement l’une de l’autre. La liberté civile est la liberté naturelle garantie par la loi = Locke. La sécurité n’est pas le but de l’Etat (comme chez Hobbes), elle n’est qu’un moyen au service de la liberté d’entreprendre.
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