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L'obéissance peut-elle être une forme de liberté ?

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Par   •  16 Octobre 2019  •  Dissertation  •  2 280 Mots (10 Pages)  •  1 049 Vues

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L'obéissance peut elle être une forme de liberté ?

        Nous vivons dans une époque où chacun revendique le droit de bénéficier de liberté, et caresse l'espoir de pouvoir faire tout ce dont il souhaite sans avoir à obéir à autrui, dont la volonté pourrait être en conflit avec la sienne. Cependant, cette totale liberté est elle possible, ou une utopie ? On peut se demander :  l'obéissance ne pourrait-elle pas être une forme de liberté, si l'on considère la liberté comme le problème de notre autonomie ou de notre indépendance, par rapport à autrui et par rapport aux causes qui sont censées nous déterminer., et la désobéissance comme le refus de se soumettre à la volonté de quelqu’un, à un règlement, de céder au mouvement commandé.

        On peut alors s'interroger sur la différence entre contrainte et obligation, si un acte d’obéissance est toujours synonyme d'un renoncement à sa liberté, si l'obéissance ne serait pas une moyen d’accéder à  une sorte de libération ?

        Nous verrons dans un premier temps,que manifestement, obéir implique de ne pas être libre puis dans un second temps, nous montrerons que opposition liberté/obéissance peut être dépassé, et que l'on peut parler dans certains de la conciliation de ces deux idées, pour finalement démontrer qu'être libre revient à obéir aux formes d’autorité qui nous semble légitime.

En effet, selon l’idée populaire que l’on s’en fait, la liberté semble se caractérise

par l’absence de contrainte, l’être libre n’étant soumis qu’à sa propre volonté.

Cependant, vivre en société nous force à obéir à certaines règles et ainsi à créer de nouvelles limites à notre liberté. En effet, on peut voir avec l'état un exemple d'autorité, dictant des lois aux individus, et si l'on se demande s'il existe la possibilité d'une société sans État, on peut remettre en cause le caractère obligatoire de règles à respecter pour former une société. Ainsi, la société se distingue de l’État qui exerce son pouvoir sur les individus, même si l’État semble être créée naturellement par un rassemblement humain de grande importance. On peut pourtant imaginer une société sans État, en se basant sur l'exemple des tribus et clans ( des sociétés sans État, où l’autorité ne prend pas corps dans des institutions autonomes), ou de certaines idéologies comme l’anarchisme, qui défend une idée différente de la société sans État, d’après laquelle toute autorité institutionnelle et étatique résulte d’une logique d’exploitation.

        D'autre par, il convient de différencier contrainte, obligation et devoir lorsque l'on parle d'obéissance. Ces termes désignent respectivement la coercition ayant pour effet d'entraver la liberté d'action,  le lien moral qui soumet l'individu à une loi (religieuse, morale ou sociale) et l'obligation morale sans condition qu'un individu s'impose. On peut affirmer que l'obéissance est antagoniste à la liberté si elle implique qu'un individu doit supporter plusieurs contraintes. Dans ce contexte, on peut illustrer cet argument en traitant du travail. Le travail semble par définition être avant tout une contrainte : il provient d’une nécessité première, celle de subvenir à ses besoins et nait du conflit entre le culturel et le naturel (que l'Homme cherche a modifier, afin de laisser une trace de son existence), et est impacté par la structure sociale (on peut donc parler de contrainte sociale). Selon Marx, le travail est une aliénation, il contribue à l'asservissement de l'homme : il est physiquement pénible et  moralement éprouvant et à cause de lui, le travailleur est dépossédé des fruits de son travail.

        De plus, si l'on se concentre sur l'individu, on peut se demander si l'Homme obéissant à ses désirs, ses pulsions, est libre. En effet, les travaux du philosophe S.Freud, analysant sous le joug de la psychanalyse, l'existence de l'inconscient, l’activité mentale qui se déroule en-dehors de la sphère consciente de l’esprit. Ce domaine d'étude nous prouve que l'obéissance d'un homme à ses  pulsions le prive de liberté, et s'il décide de ne pas obéir à ses désirs,il s'expose à des pathologies mentales et autres troubles de la personnalité qui naissent alors d'une tension non assumée entre le conscient et l'inconscient. Freud, et sa notion d’inconscient, affirme qu'il est illusoire de penser que l’on peut maîtriser ses désirs par la raison, car ceux-ci relèvent d’une partie irrationnelle en nous que l’on ne peut supprimer : l'individu est obligé d'y obéir, et n'est donc pas libre dans ce cas.

Pour Platon, l’homme passionnel est incapable de réfléchir, et se laisse gouverner par la partie  de l’âme liée au corps, aux désirs charnels et à la folie. Il ne peut rien faire d’autre qu’obéir à ces désirs, chercher à les satisfaire.

        Enfin dans certaines disciplines artistiques, l’obéissance comme contrainte est une évidence. L'exemple qui semble illustrer au mieux ce fait est l'élaboration de règles classique au théâtre au XVIIème siècle sous l'impulsion des idées de Mazarin et Louis XIV, qui, cherchant à éviter toute instabilité politique et souhaite s'affirmer son autorité créé des académies ayant pour mission de réglementer les compositions des œuvres artistiques. Dés lors ,les auteurs des pièces de théâtre doivent obéir à des règles, en particulier pour la tragédie, et doivent alors proposer des pièces ayant une unique action, se déroulant en un seul lieu et sous 24 heures, et doivent respecter des règles de bienséances et de vraisemblance (la pièce ne doit montrer au spectateurs des scènes à caractère violent, sexuel, provocateur, ou improbable). C'est d'ailleurs la désobéissance de ces règles qui va donner vie à la bataille d'Hernani, née d'une bagarre entre les « Jeune-France » romantiques ( tels que Gérard de Nerval et Théophile Gautier) et les fidèles aux règles classiques lors de la première d'Hernani, drame romantique de Victor Hugo, s'affranchissant des règles de Mazarin.

Cependant, il faudrait dépasser l’opposition liberté/obéissance, car les deux peuvent être conciliés :

        Cette idée est également démentie par l'existence d'une soumission volontaire des individus, que l'on peut observer avec la religion ; en effet, les fidèles choisissent d'obéir à des dogmes au nom de la foi, et chérissent depuis plusieurs siècle, la liberté de culte. On voit bien que ces individus préservent leur liberté (la foie pouvant être vue comme le produit d'un libre choix) tout en suivant les règles de religions instituées, qui ont la particularité d’ajouter aux croyances et aux rites un cadre institutionnel strict, comportant un ensemble de codes et de règles qui sont censés être respectés par les fidèles. Ce pouvoir de la religion lui permettant d'obtenir l'obéissance est notamment visible avec le problème du pouvoir politique ; La religion étant un facteur très important de rassemblement des individus à l'époque, on peut soit voir un conflit entre pouvoir politique et religieux (comme c'était le cas dans les sociétés féodales, où le clergé et la noblesse jouissait d'une réelle suprématie sur le tiers état), soit des régimes qui mêlent autorité politique et religieuse , en réunissant Église et État.Cependant, on peut se demander si cette union de la liberté politique et religieuse ne pourrait pas charmer les détenteurs des pouvoirs, qui pourraient alors asservir les citoyens en les convaincant par exemple que des actions jusqu'alors inacceptables sont rendues légitimes par la parole religieuse.  

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