Kant : La conscience de la faute
Dissertation : Kant : La conscience de la faute. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Senshiie • 28 Janvier 2021 • Dissertation • 1 704 Mots (7 Pages) • 704 Vues
Kant : La conscience de la faute...
1. Nécessité naturelle
A. Acte contraire à la loi
Sans rentrer dans le texte, la faute, que Kant caractérise comme une "action contraire à la loi". On ne parle pas de loi positive : en effet ici pas de délit ou de crime punis par une loi, parce que même si il y a – dans le texte – un jugement ou du moins un procès, avec avocat et accusateur, ces derniers restent intérieurs ; il est évident d'ailleurs que le vocabulaire du texte est du registre de la vertu, du vice, de la moralité et de l'immoralité (« mauvaise habitude, « blâme intérieur », « reproche », « repentir »). On parle donc de loi morale. Celle qui nous est imposer par nous-mêmes car l'humain est assez raisonnables.
Et en ce sens, « l'action contraire à la loi » peut être aussi bien un acte non réprouvé par la loi positive, comme le mensonge.
B. Excuses
Lorsque nous nous rappelons une faute, quelles raisons donnons-nous afin d'en rendre compte ? C'est la premier question qu'on nous pose dans le texte, on parle d ' « erreur faite sans intention » ; autrement dit une erreur involontaire qui en simple vertu de son caractère de simple erreur, aussi peu répréhensible qu'une erreur de théorie physique/mathématique, on prétend ne pas l'avoir fait exprès.
Une seconde explication consiste a voir une faute imprévisible, on met l'accent sur l'impossibilité de connaître l'ensemble des répercussions sur nos actes.
Une troisième excuse peut venir de « mauvaises habitudes » contractées, un accident de voiture peut venir d'habitude d'alcoolisme, a qui on ne peut plus résister.
C. La nécessité naturelle
Ces trois causes possibles ne peuvent pas excuser cette dernière. Pour être innocent dans cette histoire, il faut que ces causes puissent me priver de ma liberté :je ne peux pas être tenu coupable pour une faute si ce n'est pas moi qui l'ai commise, mais quelque chose qui me dépasse. C'est la le sens de l'expression de « nécessité naturelle », qui semble nous dégager de toute responsabilité.
Est naturel tout ce qui obéit à des lois qui ne sont pas celles de la raison pratique, de la liberté, mais celles de l'expérience sensible. Ainsi, la rumination de la vache sont tout aussi naturels que la disposition à la délinquance liée à un milieu social. Dans le premier cas la nature obéit a une loi physique et biologique alors que dans le second la nature est psychologique et sociologique. Mais dans les deux cas, les actions doivent pouvoir s'expliquer parce qu'elles sont soumises entièrement à des lois qui dépendent pas de l'agent lui-même. L'acte contraire à la loi (morale) n'est que l'effet, la conséquence d'une nécessité naturelle, qui s'inscrit dans une relation de causalité comme l'effet nécessaire d'une cause n'est pas en mon pouvoir et/ou qui ne l'est plus.
D. Innocemment
Il faut encore comprendre en quoi ces explications par une nécessité naturelle peuvent nous rendre innocent d'une faute commise. La nécessité naturelle n'est pas en effet une simple circonstance atténuante qui permettrait d'abaisser le degré de culpabilité sans toutefois annuler purement et simplement cette responsabilité. Elle supprime au contraire cette culpabilité dans la mesure ou l'on peut rendre complètement compte de l'action contraire à la loi. La nécessité naturelle n'est pas un simple facteur contribuant à mon acte, il l'explique. Nous ne sommes pas moins coupable mais innocent.
2. Le tribunal
A. Avocat et accusateur
Si je peux convaincre don mon innocence, c'est que je suis l'avocat de ma propre personne. Tout se passe comme si j'avais à me défendre d'accusations qui me sont faites (par moi ou par d'autres). Je me défends moi-même de ces accusations et je m'emploie a fond (Avec autant d'art que possible) a me justifier a mes yeux. Car si je suis mon propre avocat, c'est que je suis l'accusé aussi. Or, si quelqu'un m'accuse, c'est n'est nul autre que moi vu que j'ai enfreint une loi morale et non une loi positive. Pour le dire autrement, je ne peux échapper à cette accusation que je formule contre moi-même, nulle échappatoire, nul mensonge, je ne peux jamais complètement me cacher a moi-même ce que je sais avoir fait, comme je pourrais la dissimuler au autres.
B. Le tribunal de ma propre conscience
L'accusateur a qui je dois rendre compte de chacun de mes actes n'est nul autre que ma conscience (morale). C'est pourquoi l'accusé ou l'avocat que je suis ne se confondent pas avec l'accusateur ou le juge que je suis aussi, sans quoi le procès serait vicié, sans quoi nul jugement serein ne saurait être rendu. Ma conscience c'est n'est pas moi, individuellement. Celle-ci n'est pas à proprement parler la mienne, puisque tout autre Homme raisonnable pourrait me reprocher les même choses que « ma » conscience. Ma conscience est un devoir, que j'accomplisse ou non. Même si ce terme de « conscience » n'est pas prononcé dans ce texte, sa présence ne fait aucun doute. Je peux toujours refuser le verdict de ma conscience, je ne peux pas la faire taire.
C. Liberté
Il reste encore a savoir ce qui peut motiver le verdict de ma conscience. Comme dans tout procès ; l'accusé n'est coupable que s'il a violé la loi et qu'il l'a fait librement, en pleine possession de ses moyens. En l'occurrence, ma conscience ne peut me reprocher qu'une infraction à la loi morale commise librement. C'est pour cela que je me défend, en tant qu'avocat, l'absence d'intention, l'imprévoyance au moments des faits ou alors une habitude irrésistible (dans ce cas, je ne nie pas matériellement la faute, mais je conteste ma responsabilité). Dans l'un et l'autre cas, j'invoque une nécessité naturelle, c'est-à-dire l'absence de liberté. Or, s'il est vrai que j'étais dans mon bon sens, libre au moment ou j'ai contrevenu à la loi, je suis alors pleinement responsable. Il faut prendre au sérieux cette restriction de Kant, il ne s'agit pas pour ma conscience de me condamner à tout prix. Je peux avoir agi en état de démence, et je suis alors innocent. Mais je ne peux plaider l'absence d'intention ou l'imprévoyance si je savais ce que je faisais, ni la mauvaise habitude si je l'ai contractée volontairement, parce que je ne peux prétendre ignorer la loi qui m'ordonne de ne pas agir à la légère et de ne pas me négliger.
3. Conscience de la faute
A. Le reproche intérieur
Ce en quoi de le tribunal de conscience se distingue, c'est que son jugement est purement moral : il n'y aurait pas de sens pour moi à décider contre moi-même une sanction physique. Cette sanction que l'on prend contre soi ne peut donc prendre que la forme d'un « reproche » adressé a soi-même. Comme l'as dit ce bon vieux Rousseau, il n'y a pas de poids si lourd à porter que celui de la conscience à laquelle on ne peut se dérober, à laquelle on souscrit nécessairement, poids d'autant plus lourd qu'il n'y a pas de peine à purger qui permettrait d'effacer le délit commis, pas de prescription pour une faute passée que nul souverain ou dieu ne pourrait gracier.
B. Le repentir
Le sens de ce reproche est indiqué dans la dernière phrase par le terme de « repentir ». Cependant ce sens n'est pas réellement expliqué, puisque le texte s'arrête avant que se soit explicitée la signification de ce repentir : s'agit-il d'une mortification inutile, d'un vain retour sur soi ? Voir même la satisfaction de se faire humilier par soi-même ? Ou au contraire un sentiment de bonne volonté?Ce qu'il fonde la loi morale qui m'interdit de m'apitoyer sur mon sort et m'oblige à me considérer dans mon existence entière comme toujours libre. Kant affirme que la liberté nous est donnée d'un bloc, que nous sommes définitivement libres en tant qu'êtres raisonnables. Le repentir est dès lors le sentiment d'une liberté qui se tient pour telle mais sait aussi reconnaître comme siennes ses fautes passées.
C. Responsabilité dans le temps
Puis-je comprendre ma liberté dans le temps, comme le suggèrent les indications marquant la mémoire et le temps dans ce texte de Kant : « qu'il se souvient avoir commise », « une action accomplie depuis longtemps, chaque fois que nous nous souvenons ». Ma conscience est ainsi la faculté qui me fait reconnaître ma responsabilité à l'égard de mes actes, aussi éloignés soient-ils dans le temps. Je ne peux échapper à ma conscience parce que mes fautes sont miennes, parce qu'elles constituent ma personnalité. Mon individualité peut avoir varié au cours du temps au point que je ne me reconnaisse plus en celui qui, des années auparavant, a commis telle ou telle faute, j'ai beau ne plus pouvoir m'expliquer comment ou pourquoi je les ai faites, ne plus retrouver mon état d'esprit d'alors ; malgré tout cela, je suis obligé de reconnaître ces fautes comme mes fautes : ma conscience est ce en quoi peut s'exprimer mon caractère moral, qui lui même est en fait intemporel.
Conclusion
L'examen du thème courant du repentir occasionné par une faute passée est pour Kant l'occasion de résoudre une difficulté qui semble se présenter à son propos : comment puis-je être à la fois mon propre accusateur, partie et juge dans un procès ou je suis opposé à moi-même ? C'est en distinguant entre le moi pragmatique et la conscience morale que l'on peut lever cette difficulté. Par là-même, je puis dépasser, à l'occasion du souvenir douloureux d'une faute passée, ma condition sensible, sans pour autant récuser cette faute qui reste mienne, en reconnaissant ma liberté pleine et entière. Le repentir devient alors non plus un acte de mortification gratuit, mais ce en quoi je puis me retrouver moi-même comme être libre, dont l'existence passée et l'existence présente se rejoignent pour former l'expression d'une personnalité unique.
SOURCES/INSPIRATIONS :
Kant, Critique de la raison pratique : La conscience du coupable (2)- Commentaire corrigé (20aubac.fr)
Emmanuel Kant — Wikipédia (wikipedia.org)
Procès — Wikipédia (wikipedia.org)
Kant, Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique (ac-besancon.fr)
SYNONYME - Dictionnaire des synonymes
Quels sont les différents types de lois ? - Enseignement moral et civique | Lumni
Loi des trois états — Wikipédia (wikipedia.org)
La loi humaine ou loi positive, par saint Thomas d’AQUIN - [Vive le Roy]
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