Explication de texte Aristote ethique à Nicomaque
Commentaire de texte : Explication de texte Aristote ethique à Nicomaque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mcdo • 13 Février 2016 • Commentaire de texte • 2 011 Mots (9 Pages) • 18 107 Vues
Explication de texte n°1
« En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d’être devenus eux-mêmes relâchés ou d’être devenus injustes ou intempérants, dans le premier cas par leur mauvaise conduite, dans le second en passant leur vie à boire ou à commettre des excès analogues : en effet, c’est par l’exercice des actions particulières qu’ils acquièrent un caractère du même genre qu’elles. On peut s’en rendre compte en observant ceux qui s’entraînent en vue d’une compétition ou d’une activité quelconque : tout leur temps se passe en exercices. Aussi, se refuser à reconnaître que c’est à l’exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions de notre caractère est le fait d’un esprit singulièrement étroit. En outre, il est absurde de supposer que l’homme qui commet des actes d’injustice ou d’intempérance ne souhaite pas être injuste ou intempérant ; et si, sans avoir l’ignorance pour excuse, on accomplit des actions qui auront pour conséquence de nous rendre injuste, c’est volontairement qu’on sera injuste. Il ne s’ensuit pas cependant qu’un simple souhait suffira pour cesser d’être injuste et pour être juste, pas plus que ce n’est ainsi que le malade peut recouvrer la santé, quoiqu’il puisse arriver qu’il soit malade volontairement en menant une vie intempérante et en désobéissant à ses médecins : c’est au début qu’il lui était alors possible de ne pas être malade, mais une fois qu’il s’est laissé aller, cela ne lui est plus possible, de même que si vous avez lâché une pierre vous n’êtes plus capable de la rattraper. Pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l’homme injuste ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c’est ce qui fait qu’ils le sont volontairement ; et maintenant qu’ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l’être. »
Aristote, Ethique à Nicomaque
Ce texte a pour objet la responsabilité morale de l'Homme au travers de ces actes. Le problème que soulève Aristote dans cet extrait d'Ethique à Nicomaque concerne la responsabilité qu'a l'homme dans ces actions. On en vient plus particulièrement à se demander quelle part de responsabilité possède t'il sur l'effet répété de ces actes ? Sur la formation de son caractère ? Agit-il volontairement ? Aristote cherche ici à nous montrer que l’homme est forgé par la volonté d'exercice de ces actes, qu'il est donc responsable dans la mesure où sa construction dépend de sa liberté. Il s'agit donc pour le philosophe de montrer en quoi l'homme se tient responsable de son état. Pour cela, le texte suit une construction argumentative rigoureuse que l'on peut clairement structurer en trois paragraphes. Le premier, pose et justifie sa thèse à l'aide d'un argument et de son explication par un exemple. Le second, permet l’appui de la thèse au travers d'oppositions formulées à sa thèse et d'analyse d'argument. Enfin, le troisième vient à conclure son raisonnement. On se contentera donc d'analyser le texte de manière linéaire, suivant la structure argumentative logique de l'auteur.
Dans cette première partie, le philosophe introduit sa thèse, la justifie au moyen d'arguments et d'exemple : L'exercice d'une action particulière, détermine l'état, le caractère de l'homme.
Aristote commence par énoncer sa thèse avant de l'argumenter. Elle apparaît dès la première phrase du texte : « En menant une existence relâchée les hommes sont personnellement responsables d'être devenus eux-mêmes relâchés ». Cette thèse est fondée sur un argument qu'Aristote va reprendre tout le long de l'extrait. Argument qui affirme que les hommes se forgent par leurs choix de conduites et l'exercice de leurs actes. Pour appuyer cette thèse il commence par l'introduire en la justifiant : « en effet » ; le fait que les hommes sont responsables de leurs caractère : « personnellement », « eux-mêmes », « leur » répété à plusieurs reprise. Les hommes apparaissent responsables de leur devenir. Car il s'agit bien là d'un devenir, d'un choix. Le caractère n'est pas essentiel, naturel à l'homme, il l'acquière par l'exercice de ces actes, actions : « être devenus » qui apparaît deux fois dans cette première partie. Aristote nous montre ici que c'est « en menant une existence... » par l'exercice de nos action, que l'on « dev[vient] », que l'on se forge. Il justifie ceci en expliquant que c'est exerçant une mauvaise conduite (action) que l'on devient injuste, que c'est en buvant ou en menant des excès (actions) que l'on acquière le caractère semblable à l'action exercées : l'intempérance. Aux vus de cet argument appuyé par Aristote, nous apparaissons définis par nos actions, et nos actions non pas définis par ce que nous sommes. C'est alors qu'il appuis sa thèse à l'aide d'un argument, celui de l'exercice. Car il s'agit bien là, depuis le début de l'argumentation, d'acquérir un caractère, un état, suite à une habitude observée, il s'agit de l'exercice de l'action. C'est en répétant cette action et ainsi en nous la faisant paraître « naturel » que l'homme va acquérir l'état illustrant l'action. Aristote, appuis cet argument par l'exemple de l'entrainement.
Il est véridique, qu'un athlète, pour améliorer sa performance physique, va s'entrainer, s'exercer au moyen de répétitions pour obtenir de nouvelles compétences plus élevés que celles qu'il possédait auparavant, qui lui paraitront maintenant comme naturelles.
Dans la suite de son argumentation, il s'agit pour Aristote de rendre compte des conséquences de cette thèse au travers d'objections à celle-ci pour mettre en évidence le principe de volonté.
C'est ainsi qu'il débute cette seconde partie par « Aussi » permettant la transition logique mais tout de même différente du point de vu argumentatif à la partie précédente. Il commence par définir les êtres opposés, ceux qui refuseraient d’admettent, la réflexion faite dans la première partie, celle qui reconnaît que c'est l'exercice de telles actions qui nous confère un tel caractère. Il s'agit là d' « esprit singulièrement étroit », fermé à la réalité. Aristote continu ensuite d'appuyer sa thèse de la responsabilité avec un nouvel argument, qui met en cause plusieurs aspects : la volonté, le choix, la liberté mais aussi l'inconscience. Il définis ainsi, celui qui agirait de manière injuste, mais qui ne souhaiterai pas l'être comme ignorant, même inconscient, car il ne mesure pas la conséquence de son action sur son état. Dans la suite, son raisonnement implique la volonté d'agir et ce, avec conscience. On accomplit des actes par volonté d'être, on remarque alors des mots traduisant la volonté : « volontairement », « veuille », « accomplit ». Un homme, qui agira volontairement, consciemment, sera alors entièrement responsable, des conséquences engendrées mais aussi d'être devenus ce qu'il sera, puisqu'il se trouvait libre de choisir, d'agir autrement. Il ne peut également ignorer la conséquence de mauvaises habitudes, à des actes relâchés. Néanmoins, Aristote continu son argumentation en impliquant une diminution de la liberté dû à une existence relâchée. Avant il « était possible » de choisir, mais une fois qu'il a choisis cette existence relâchée, ces mauvaises habitudes, il ne sera « plus possible » de se rattraper, ou du moins il ne suffira pas d'un simple « souhait » pour cesser d'être intempérant. Le philosophe au travers de la présentation de l'enjeu essentiel du passage, prévient des méfaits d'une telle existence. Il ne suffira pas alors de volonté pour se défaire de cet état ; volonté qui était pourtant simplement nécessaire à nous y emmener. Aristote oppose clairement les deux situations et les met en relation à la situation d'un malade pour les imager. Le malade, une fois qu'il l'est, nécessite bien plus que de la volonté pour en sortir, même si celle-ci est nécessaire. Selon Aristote, une fois la limite franchis, la mauvaise habitude prise, la liberté est, elle même limitée, puisqu'il ne suffira pas de volonté pour renversée la situation dans laquelle l'homme est tombé si librement. C'est ainsi, qu'Aristote utilise la métaphore d'une pierre que l'on aurait volontairement (toujours lié à la notion de volonté) « lâché[e] » (en lien avec l' « existence relâchée »), et dont il serait trop tard pour la rattraper et cela malgré la volonté et la liberté que nous avions à faire l'action : lâcher.
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