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A l'origine de la morale: le problème de Socrate.

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Par   •  5 Février 2017  •  Fiche  •  575 Mots (3 Pages)  •  1 436 Vues

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A l'origine de la morale : le problème de Socrate

Le « problème de Socrate » est un des essais qui composent le Crépuscule des Idoles. Il y a là un événement fondateur et exemplaire qui est la mort de Socrate. Au moment de mourir, Socrate déclare qu'il faut offrir un coq à Asclépios, le dieu de la médecine. On remercie la divinité quand nous avons guéri d'une maladie. Nietzsche en tire la remarque suivante : vivre c'est être malade pour Socrate, et la mort guérit.

Socrate est dans la lignée de Jésus, Bouda et tant d'autres qui considèrent que la vie ne vaut rien. Dans toutes les religions, la vie terrestre n'a pas de valeur en elle même, elle n'existe que comme épreuve en vue de la vie future. Même pour un révolutionnaire, le monde présent est moins réel que l'utopie qui guide ses actions. Même d'un point de vue scientifique, le monde de l'expérience vécue est sans valeur par rapport au monde rationalisé qui est théoriquement produit. Nietzsche dénonce la création d’arrières mondes imaginaires dans lequel ce que la vie a d'imprévisible, de surprenant, de décevant, disparaît. On invente des mondes ordonnés qui s'opposent à l'arbitraire et à exubérance du monde réel. Socrate et la théorie platonicienne du Monde des Idées constituent en quelque sort le geste inaugural de cette tendance. Le monde des valeurs morales est un de ces arrières mondes, peut être le plus résistant de tous.

Leibniz considère le monde actuel comme parfait, mais à condition seulement de se le représenter comme le meilleur des mondes possibles, il faut une réflexion métaphysique pour supporter le monde réel. Kant considère que le monde empirique doit être jugé par rapport à un monde rationnel. Les utilitaristes considèrent que la raison, calculatrice et organisatrice, doit changer me monde pour le mieux Tous considèrent comme Socrate au bout du compte que la vie telle qu'elle est ne vaut rien, il faut la régler au moyen d'une autre réalité.

Il faut encore expliquer comment le geste inaugural de Socrate a pu s'enraciner dans la mentalité grecque pour façonner la culture occidentale des millénaires suivants. Socrate présente un équation qui aurait du faire rire les anciens grecs : « raison = vertu = bonheur », autrement dit pour être heureux il faut maîtriser ses désirs par la raison. Nietzsche considère la mentalité grecque archaïque. Le héros est celui qui accomplit un ou des exploits, c'est à dire qui fait ce que l'on aurait cru impossible, ce faisant il augmente l'humanité, il mérite par là d'accéder à une gloire immortelle. L'exploit est en quelque sorte une création qui repousse les limites du possible, c'est un débordement de force vitale qui crée de la nouveauté, de l'imprévisibilité, et qui est éprouvé en soi comme joie. La vie, chez Nietzsche, c'est une force de multiplication de soi même, la vie se répand en se diversifiant. Le personnage de Frère Jean dans Rabelais exprime l'archétype de cette vie débordante.

Pour un héros, l'idée qu'il faut vivre sous le contrôle de la raison en se méfiant de ses instincts, prête à rire, elle serait bien plutôt une forme d'ennui que de bonheur (discussion entre Calliclès et Socrate dans le Gorgias).

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