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Étude de documents : Histoire et mémoire de la Shoah

Étude de cas : Étude de documents : Histoire et mémoire de la Shoah. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2021  •  Étude de cas  •  1 960 Mots (8 Pages)  •  727 Vues

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50 ans après la Seconde Guerre mondiale, en 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l’État français dans la déportation de juifs durant l’occupation nazie. Il déclare dans son discours « la France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ». La mémoire du génocide Juif, événement traumatique majeur du XXème siècle, qui se transmet et évolue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est devenue un sujet qui intéresse les historiens. Ainsi, comment sont perçues l’histoire et la mémoire de la Shoah en France? Pour répondre à cette problématique nous allons nous baser sur trois documents différents. Les deux premiers sont des pages de couverture. Nous avons tout d’abord l’œuvre Histoire de Vichy, écrite par l’essayiste et écrivain français Robert Aron en 1954. Cet ouvrage qui est apparu neuf ans après la fin de la guerre reste une référence pendant environ une dizaine d’années. Il s’intéresse au rôle protecteur du Maréchal Pétain face à l’occupant allemand. Ensuite en deuxième lieu, nous avons l’œuvre La France de Vichy, écrite par l’historien américain Robert Paxton. Ce livre publié en 1973 à la suite des protestations de 1968, est un livre révolutionnaire qui dévoile le rôle actif du régime de Vichy et détruit le mythe du bouclier. Finalement, le dernier document est un extrait d’un entretien publié dans le magazine culturel français Télérama. Il s’agit ici de l’article écrit par Lorraine Rossignol, « Ginette Kolinka : « Il faut croire qu’il n’y avait pas d’étoiles dans le ciel de Birkenau ». L’article résume une interview de Ginette Kolinka, une ancienne rescapée du camp d’Auschwitz qui raconte son histoire. Dans un premier temps nous analyserons donc le cas de la mémoire du génocide juif en France en insistant sur le rôle des historiens. Dans un deuxième temps, nous nous intéresseront au rôle et à l’entretient de cette mémoire.

« Êtes-vous plus français que lui » ? Cette question rhétorique figure sur la première de couverture du livre Histoire de Vichy de Robert Aron. Attirant tout de suite l’attention du lecteur grâce à son placement, en dessous du portrait du Maréchal Pétain encadré par les couleurs nationales, cette phrase résume globalement la pensée de l’écrivain. En effet, dans son ouvrage documenté, Robert Aron n’aborde quasiment pas les responsabilités du gouvernement de Vichy. Il défend la thèse du bouclier, selon laquelle le maréchal Pétain et son gouvernement auraient tout fait pour protéger les français. L’écrivain incite même à une certaine indulgence pour le maréchal qui aurait joué un double jeu dangereux afin de défendre la France. Le génocide des Juifs et celui des Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale sont la conséquence de la politique nazie du troisième Reich. La mémoire de ce passé si traumatisant commence par la phase de l’amnésie collective, qui durera jusqu’aux années 1960 environ. Effectivement, en France, la mémoire de la déportation est largement dominée par celle des déportés de la Résistance. Cette mémoire française de la Seconde Guerre mondiale s’est alors construite sur le souci de réconciliation, de reconstruction nationale, et sur le souvenir de la Résistance. C’est donc ainsi que naît le mythe résistancialiste. En conséquence, l’occupation et plus particulièrement la collaboration et la complicité de Vichy dans le génocide des juifs sont bannies de la mémoire officielle. Il est vrai, la place de la Résistance est omniprésente dans les discours publics, tandis que les victimes du génocide ont des difficultés à faire entendre la spécificité de leurs souffrances. La plupart des rescapés ne témoignent que des années voire des décennies plus tard. Comme nous le comprenons à travers l’interview du 3ème document, Ginette Kolinka est « restée silencieuse pendant 50 ans avant de se décider à témoigner » (lignes 10-11 doc 3). La survivante d’Auschwitz rajoute même : « ce que les survivants des camps ont le mieux partagé, à leur retour, c’est le silence » (lignes 15-16). L’image de la résistance globalisée en France, surplombe ainsi la vision que l’on a de ce pays durant la guerre. C’est seulement avec les années 1960 que les porteurs de la mémoire juive prennent la parole, profitant notamment de l’exposition médiatique de grands procès comme celui d’Eichann en Israël, de la sortie de documentaires tel que Nuit et Brouillard, ou encore la publication d’œuvres littéraires, comme La France de Vichy de Robert Paxton. En effet, la sortie de ce livre représente un tournant dans la vision de la France de l’occupation. Paxton, spécialiste de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, critique dans son ouvrage la vision d’Aron ainsi que le mythe du bouclier. Il démontre « la responsabilité écrasante du régime de Pétain » avec par exemple l’envoi de 76 000 juifs dans des camps d’extermination. Il a ainsi joué un rôle déterminant dans la construction mémorielle de la Shoah. Il montre que l’État français aurait tout fait pour nuire aux juifs sans y avoir été forcé par les Allemands. Selon lui le gouvernement de Vichy a collaboré activement en allant au-delà des demandes des Allemands. Ici, nous pouvons notamment penser à la rafle du Vel’ d’Hiv’. Effectivement, à l’aube du 16 juillet 1942 débute à Paris l’arrestation par surprise de plus de 13 000 juifs. La plupart d’entre eux sont déportés au camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau. Nous comprenons donc que l’évolution de la mémoire de la Shoah débute au tournant des années 1960-1970. Le contexte de mai 1968 et l’émergence d’une nouvelle génération provoquent une remise en cause du mythe résistancialiste. En effet, avec l’arrivée de la « seconde génération », les enfants de déportés engagés ont pu jouer un grand rôle dans la mémorialisation du génocide. À partir de là des témoignages commencent à apparaître, comme celui de Ginette Kolinka, et le sujet de la Shoah est de plus en plus médiatisé. La mémoire collective et de moins en moins attachée au mythe résistancialiste.

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