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La colère du Père Duschesne -Histoire (Licence)

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Par   •  28 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  3 727 Mots (15 Pages)  •  689 Vues

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BOITEL                                                                                                                                                        

Antonin

L 2 Histoire

La grande colère du Père Duchesne contre les accapareurs (1792)

    Sous la monarchie absolue, les publications étaient soumises à l’autorisation du roi qui pouvait, s’il le souhaitait, pratiquer la censure. A partir de 1791, la plupart des clubs et partis ressentent la nécessité de publier des écrits pour populariser leurs idées auprès de la population. C’est la naissance de la presse d’opinion. Nombre de ces textes polémiques se caractérisent par une forme discursive théâtrale, mettant en scène un personnage populaire imaginaire s’exprimant à la première personne dans une langue imagée. Parmi ceux-ci, le Père Duchesne de Jacques-René Hébert (1757-1794).  Notre auteur a la veille de la Révolution, Hébert, natif d'Alençon, végète à Paris où il a fui en 1780 suite à une affaire des moeurs, combattant la misère et s'essayant sans succès dans la littérature. On sait qu’il occupe entre 1786 et 1788, la place du contrôleur au Théâtre des Variétés; ses ennemis politiques l’accuseront plus tard d’être viré de ce poste pour avoir volé des contre-marques. Mais c'est en 1790 qu'il commence à se faire un nom en publiant deux pamphlets, le Petit Carême de l'abbé Maury et la Vie privée de l'abbé Maury, dans lesquels il parodie avec verve les sermons de cet ultraroyaliste. La même année sort le premier numéro de son Père Duchesne, le plus célèbre et le plus scandaleux de l'époque révolutionnaire. Ainsi influencé par le milieu des petits théâtres, dans lequel il a évolué au cours des années 1780, Hébert va mettre en scène des changements politiques dans les huit pages de son journal, d’autant que chaque numéro correspond à un seul développement argumenté. Hébert va choisir ce personnage populaire à la langue fleurie car il préfère ‘’ être lu de pauvres bougres ‘’ plutôt ‘’ que prendre le ton de journalistes freluquets qui, pour plaire aux petites maîtresses et aux prétendus honnêtes gens, n'osent nommer les choses par leurs noms ‘’. Dès les premiers numéros, le Père Duchesne s'impose comme l'une des voix du peuple parisien. Hébert écrit un journal caustique, grinçant injurieux qui est destiné à être lu à haute voix devant les foules. Le style populacier, ponctué de jurons — ‘’ foutre ‘’,’’ bougre ‘’ — qu’il adopte ne lui correspond nullement, mais il entend ainsi frapper les imaginations. Il a fait paraître 385 numéros de septembre 1790 jusqu’à onze jours avant sa mort à la guillotine, survenue  le 24 mars 1794.

Notre extrait  intitulé La grande colère du père Duchesne contre les accapareurs  est la publication numéro 75 effectué chez l’imprimeur Tremblay en 1792. A partir de ce numéro, Hébert  est un ardent défenseur des aspirations sociales des sans-culottes, et défend la souveraineté populaire. Il n’a été enclin à la modération que pendant l’espace de quelques mois, avant les cassures irréversibles de 1791.

Toujours fort content lorsqu’il relate les bonnes nouvelles (par exemple la prise de Toulon), le Père Duchesne peut être aussi  ‘’fort en colère’’ .A travers et extrait, Il endosse alors le rôle de ‘’dénonciateur public’’ inspiré par une colère civique. Dans cet extrait, il nous fait ‘’ connaître l’état au vrai de Paris’’, par la méditation d’une vérité qui s’accommode d’une série de procédés burlesques.  Le père Duchesne essai de convaincre le lecteur populaire  qu’il existe bien un réel complot pour enlever le roi. Il  dénonce la corruption et il condamne  la  sournoiserie des accapareurs et des monopoleurs.

En effet nous allons voir en quoi ce journal ne se contente pas seulement de décrire les évènements mais répercute les revendications du peuple. Pour ce faire, nous commencerons par nous intéresser sur les "grandes colères"  du Père Duchesne contre les suspects, pour ensuite nous pencher sur son art de la dénonciation et ensuite  l’usage d’un ton ‘’modéré’’ et la diffusion d’idées  

    Des le début du texte, l’orateur exprime  ses inquiétudes concernant les ressources du pays. Les récoltes successives de 1790, 1791 ont été assez bonnes et Duchesne est surpris que chacun   ne puisse pas jouir de l’abondance du grain. Il se préoccupe  donc des questions économiques car la population craint par‐dessus toutes les crises de subsistance car l’essentiel de son alimentation est constitué de céréales (sous forme de pain). Le commerce des « bleds » est en principe un marché   libre qui dépend de l’offre et de la demande, mais il est en réalité surveillé comme celui de toutes les denrées de première nécessité.

Ainsi il soutient qu’il faut, non seulement protéger le commerce des bleds mais il dénonce également les prétendus accaparements. Tant que le commerce des bleds ne sera pas actif, le peuple se trouvera dans la misère.

Il se résout  ensuite à lutter contre les monopoleurs et à dénoncer  les prétendus accaparements. Il est conscient qu’il y a plusieurs responsables de la pénurie et de la hausse des prix.

Déjà pendant la révolution française, les monopoleurs et les accapareurs étaient   accusés d'entasser des produits de consommation et de les conserver pour réaliser des profits importants par suite de la raréfaction des denrées et donc de la hausse des prix.

Cette manœuvre économique  est réalisée par un ou plusieurs individus qui vont accumuler un bien pour provoquer sa raréfaction artificielle et tirer un bénéfice de l'augmentation des prix qui en résulte.

L'accaparement est  donc une combinaison de spéculation et de manipulation de marché. Par conséquent il rentre dans la catégorie des abus de marché.

Des les premières lignes, l’auteur condamne  sévèrement ces personnes qui sont par principe les fauteurs de troubles. Ces derniers continuent d’abuser de la liberté du commerce pour opprimer le peuple : ’’ Il faut donc que les monopoleurs nous croyent bien jeanfoutres, ou qu’ils se croyent bien forts pour oser recommencer leur infâme trafic » (l.3 - 4). Le personnage du « monopoleur » est, pour le Père Duchesne, un sosie de l’ ’’ accapareur ‘’ et de l’ ’’agioteur’’, autrement dit une sorte de « monstre » qui s’engraisse avec la sueur des autres. Cette dénonciation contre « […] les accapareurs de blés et les monopoleurs » est loin d’être la première sous la plume d’Hébert et sera suivie de nombreuses autres diatribes du même genre, dans la mesure où il est certain d’obtenir l’assentiment de lecteurs du Père Duchesne accoutumés dès avant 1789 à croire en l’existence d’un ‘’ complot de famine ‘’.

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