Histoire : Le rapport des sociétés à leur passé
Cours : Histoire : Le rapport des sociétés à leur passé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Antoine Normand • 6 Novembre 2017 • Cours • 2 952 Mots (12 Pages) • 739 Vues
Histoire : Le rapport des sociétés à leur passé
Introduction :
L'Histoire, qui s'élabore par la confrontation de sources diverses, est une science qui vise l'objectivité. La mémoire est forcément subjective, puisqu'elle se base sur des souvenirs. Les historiens peuvent utiliser des témoignages comme sources, mais ils les confrontent avec les données qu'ils retrouvent dans les archives ou sur le terrain.
Les mémoires de différents groupes peuvent s'opposer. Une mémoire peut être contredite ou complétée par l'histoire. Les hommes politiques ont intérêt à ce que s'élabore une mémoire collective, génératrice d'une Histoire officielle, pour conforter l'identité et le "bon droit" d'un groupe en fonction des enjeux du présent (exemple du "roman national" qui fait de la IIIème République l'aboutissement ultime d'une évolution vers le progrès).
Lorsque la mémoire d'un groupe a été écartée par l'Histoire officielle, il arrive que des historiens s'en emparent et la réintègrent dans l'Histoire. C'est ce qui s'est produit pour la Shoah que la mémoire collective avait mise de côté et que l'histoire officielle minorait.
L'expression "devoir de mémoire" est apparu au début des années 1990 pour désigner l'obligation morale qui incomberait aux États d'entretenir la mémoire des événements tragiques de leur passé.
Cela a entraîné les pouvoirs publics à édicter des "lois mémorielles", la première d'entre elles étant la loi Gayssot, de juillet 1990, qui sanctionne le fait de porter atteinte "à la mémoire et à l'honneur des victimes de l'holocauste nazi en tentant de le nier ou d'en minimiser la portée". Cette loi visait les négationnistes, comme le professeur Faurisson, enseignant à l'Université de Lyon, et des partis politiques d'extrême droite.Le négationnisme connaissait un succès d'audience à la fin des années 1970.
Autres lois mémorielles adoptées respectivement en janvier et mai 2001:
- La reconnaissance du génocide arménien par les Turcs en 1915 (elle satisfait les Arméniens, mais choque profondément les Turcs. Les génocides -en particulier la Shoah- sont commémorés chaque 27 janvier.
- La loi Taubira, ainsi formulée: "La République française reconnaît que la traite négrière (...) et l'esclavage (...) constituent un crime contre l'humanité". En 2006, on a fixé au 10 mai la commémoration de ce crime reconnu pour l'instant seulement par la France.
Le souci, c'est qu'une loi mémorielle établit une vérité historique officielle sur un sujet et vise à réprimer ceux qui la nient ou la falsifient.
Les historiens considèrent que les députés n'ont pas à se mêler d'établir une histoire officielle. Ils ont largement protesté quand ces derniers ont voté en février 2005, une loi qui ambitionnait dans son article 4, de modifier les programmes scolaires pour que ceux-ci reconnaissent "le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". L'article 4 est abrogé en février 2006.
Actuellement, la multiplicité des attentats terroristes entraîne un nombre égal de commémorations liées au devoir de mémoire.
Négationnisme: négation de l'existence des chambres à gaz et du génocide des Juifs par ceux qui prétendent "réviser" l'histoire et s'autoproclament "révisionnistes".
L'historien et les mémoires
de la Seconde guerre mondiale en France
Introduction :
Pour les historiens, la mémoire est définit par la façon dont un individu ou un groupe social se souvient du passé et entretient ce souvenir (d’où le fait que la mémoire imprègne encore le présent). En 1945, la France sort victorieuse in extremisde la Seconde Guerre mondiale grâce auxcombats de la résistance. Mais, à la différence de 1918, l’ambiance n’est pas à la fête. D’où la formule de Henry Rousso :
- La seconde guerre mondiale est encore « Un passé qui ne passe pas ».
Pour une majorité de Français, la période 1940-1944 a constitué « les années noires » (Henry Rousso) : la France est vaincue et signe l’Armistice en 1940 ; elle est en partie occupée (puis totalement à partir du 11 novembre 1942) par les nazis ;le régime de Vichy collabore et certains Français (résistants, juifs…) sont déportés. Lorsque prend fin la guerre, les plaies sont encore béantes et les mémoires de guerre sont très divisées. Actuellement, le « devoir de mémoire », qui est aussi un appel aux survivants à témoigner et un élément de morale civique, tend vers la sacralisation de certaines mémoires, ce qui a un effet paralysant pour la recherche historique.
Problématique : Pourquoi les cicatrices ouvertes par la Seconde Guerremondiale ne sont-elles pas encore totalement refermées ?
À la Libération, les autorités issues de la Résistance veulent au plus vite refermer la parenthèse de l'État français de Vichy. Célébrer la France résistante, comme le fait De Gaulle dans son discours de l'Hôtel de ville, c'est effacer la honte de la défaite de 1940 et celle de la Collaboration. Avec le temps, le souvenir du régime de Vichy refait surface, suscitant polémiques et conflits de mémoire.
Ce discours (voir cf) insiste sur l'idée que la France toute entière, c'est la France qui se bat. Celle-ci est "la seule France, la vraie France, la France éternelle". Autrement dit, Vichy et les collaborateurs sont nuls et non avenus. Il présente l'unité nationale comme une nécessité. De Gaulle a également intérêt à prouver aux alliés que la France s'est battue et partiellement libérée par elle-même, car les Américains envisageaient jusque là d'occuper la France et de la gérer en attendant que des élections y soient organisées.
En vérité, l'Occupation allemande et le régime de Vichy ont fracturé la société française. Si quelques uns, dès le 18 juin 1940, choisissent de résister, un bon nombre de Français voient en Pétain, le "sauveur de Verdun"; ils ont confiance en lui. Le 17 juin, le Maréchal Pétain, récemment nommé président du conseil, appelle à cesser le combat.
C'est en réponse à ce discours (voir site) que De Gaulle, dès le 18 juin, à 18h30, prononce un discours pour appeler à la poursuite de la guerre. Il énumère les causes de la défaite française (la bataille de France) et les atouts qui permettront de gagner une guerre qu'il qualifie de mondiale, à juste titre. Il appelle tous ceux qui veulent résister à se joindre à lui. Ce discours, retranscrit par la presse le 19 juin, il le répétera plus ou moins à l'identique les jours suivants. Le 10 juillet, le Maréchal Pétain se voit attribuer les pleins pouvoirs constituants par l'Assemblée nationale et le Sénat (sur les parlementaires présents, 80 s'y opposent, 20 s'abstiennent et 569 approuvent).
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